ATØM The Storm : « La scène, c’est mon salon » | INTERVIEW

par | 20 08 2025 | interview

À 24 ans à peine, ATØM The Storm se voit déjà taillé pour les sommets. Figure montante de la scène rémoise, le rappeur raconte « la vraie vie », sur des productions mélangeant inspis Old school et New gen. Alors qu’il ouvrait l’édition 2025 du Cabaret Vert, on a pu le rencontrer juste après son concert.

Raconte-nous, c’était comment d’ouvrir le Cabaret Vert ?

C’était génial ! Comme je le dis dans « Podium », « me faire passer en premier c’est un bad stratagème, ma prestance est top tier ». Je viens des caves, des bas fonds, de tout ce qui est rap contest sur des productions boom bap que tu ne choisis pas. Donc que je sois premier ou dernier, que les gens m’attendent ou pas, qu’ils m’aiment ou pas, ce n’est pas mon problème, je fais mon concert. Je veux que même les gens qui n’aiment pas le rap se disent à la fin que mon concert était cool. Et que je sois un « petit artiste » ou pas, sur l’affiche, je suis le premier, j’ai ouvert le festival 2025 à jamais.

La scène, c’est mon salon. Quand je suis sur scène, je ne stresse pas, je me sens comme un poisson dans l’eau. Je vis pour la scène. Mais à chaud là, je dirais que c’était trop court, je n’ai même pas eu le temps de réaliser. 

Pourquoi ATØM The Storm ? 

« ATØM » ça vient du film Real Steel avec Hugh Jackman, sorti en 2011. Dans le film, Atom c’est le petit robot de la casse qu’on est censé jeter, et finalement il finit par défoncer tout le monde et devient le champion du peuple. Je trouvais l’analogie plutôt cool parce qu’honnêtement, je n’avais pas beaucoup de prédispositions pour être là où j’en suis aujourd’hui. Même si au fond, j’ai toujours su que je deviendrais une superstar. 

Et « The Storm », parce qu’on m’a dit que je bougeais beaucoup. Je suis une petite pile électrique. Et j’aime bien Tyler The Creator, donc ATØM The Storm, ça rend bien. 

ATØM The Storm ouvre le Cabaret Vert © L.POCHET
ATØM The Storm ouvre le Cabaret Vert © L.POCHET
Comment décrirais-tu ATØM The Storm à ceux qui ne te connaissent pas encore ? 

Ego trip avec de l’émotion. Je n’ai pas peur de parler de ma vie dans mes sons. Quand tu écoutes ma musique, tu sais dans quel état d’esprit je l’ai écrite. Je n’ai pas peur de parler d’échec, de thérapie, de déception, c’est ça la vraie vie. 

Et je suis vraiment de la team scène. Les plateformes, c’est cool, mais venez me voir en live. Je fais de la musique pour pouvoir la partager avec les gens. En concert, je rappe en regardant les gens dans les yeux, parce que les yeux, c’est le reflet de l’âme.

Si on ne me connait pas, on peut penser que je suis hautain ou présomptueux. Mais si je ne crois pas en moi, qui va le faire ? Je sais que je vais devenir une superstar, je n’ai pas d’autre option. Rien ne m’anime autant que la musique.

Quelles sont tes influences?

Kendrick Lamar, influence ultime dans le rap ! J’écoute beaucoup de rap américain : Tyler, The Creator, Denzel Curry, JID, Young Thug, Rae Sremmurd. Ça fait à peine 6-7 ans que j’écoute du rap français.

J’ai beaucoup d’influences rock aussi. À la base, je rêvais d’être rockeur. Quand j’étais jeune, je voulais être un membre d’AC/DC !

Comment es-tu passé de l’envie de faire rock à l’envie de faire du rap? 

Il y a peu de groupes de rock noir… Je ne sais pas comment le dire autrement. 

Le rap, ça vient des tripes, ça parle de la vraie vie. C’est le genre musical avec le champ lexical le plus dense. Tu peux te présenter, te mettre à nu.

Le rock, j’adore, mais les paroles sont plus légères. C’est une autre énergie. J’aime quand même mettre des influences rock dans ma musique. J’aime crier. En terme d’énergie, ça reste plus puissant que le rap. Tout le monde veut être une rockstar au fond… Dans un autre monde, je serais guitariste !

Qu’est-ce qui t’inspire pour écrire ? 

Ma vie. Quand je me sens bien, je fais un son egotrip, dans lequel je rappelle aux gens que je suis le meilleur. Mais globalement, je raconte la vérité : je parle aussi des échecs, des déceptions, de la haine, de la colère. 

On est dans une période où pour marcher, il faut aller vite, sortir tout le temps des projets, être attractif. Je préfère prendre le temps de vivre, de rencontrer des gens, d’avoir des expériences. C’est ce qui me permet d’écrire des pépites par la suite.

Tu as fait beaucoup d’open mics, ça t’a aidé pour la scène ? 

Grâce aux open mics, je n’ai plus peur du public. Quand j’ai commencé, j’avais très peu d’amis, je n’avais pas les codes. Lors des open mics, t’es dans une salle, tu ne sais pas sur quelle prod’ tu vas devoir rapper, les gens te regardent mal, et si tu bides, on te dit de descendre de l’estrade.

Ça m’a forgé, je ne stresse plus avant de monter sur scène. Enfin, j’ai quand même toujours une once de stress parce que si tu n’en as pas du tout, c’est qu’il est temps de raccrocher. Mais grâce à ça, je n’ai plus peur de la foule, maintenant, la scène, c’est ma maison. 

ATØM The Storm © L.POCHET
ATØM The Storm © L.POCHET
Tu fais partie de la sélection des Inouïs du Printemps de Bourges 2025, qu’est-ce que ça t’a apporté ?

Meilleure semaine de ma vie ! Humainement parlant, c’était super. Il y avait 6000 candidatures, on était 32 à la fin, c’est fou. On a fini par oublier que c’était un concours. Je ne voulais juste pas décevoir les copains qui m’ont mis une claque lors de leur passage sur scène. 

En une semaine et demie, j’ai pris six ans d’expérience. Avec Tallou, on était les plus jeunes et on était les seuls à n’avoir ni tourneur, ni booker. On est vraiment arrivés là par la force du live. Comme dit Alpha Wann, on a la « qualité en guide de promo ».

Ça m’a redonné foi en l’humain et en la musique. Aujourd’hui, je suis au Cabaret Vert grâce à ça. Merci les Inouïs.

Tu as dit que tu avais pris des « claques » aux Inouïs, quels sont tes plus gros coups de cœur ?

J’ai adoré Pierre et la Rose dès la première session d’écoute. Et Gildaa. Je pense que Gildaa, dans trois/quatre ans, c’est Stromae

Ton dernier EP date de 2023, il y a quelque chose en préparation ?

On sort un EP mi-septembre ou début octobre, normalement. On a onze sons, je crois qu’il n’y en a que quatre qui sont sortis, parce que justement, je me suis davantage focalisé sur le live que sur les plateformes de streaming. Et ça marche parce que je suis au Cabaret Vert ! 

On va aussi sortir du merchandising. Le but est d’avoir une petite communauté qui me suive jusqu’au bout du monde. Si on est 300, mais 300 soudés, je suis déjà une star. J’aimerais avoir un petit 2500€ net grâce à la musique. Le reste, c’est du bonus.

Tu veux parler de ton dernier single, « Fleur de sel » ? 

Je l’ai fait pour le 5-1, très clairement !  Je parle de Reims, là d’où je viens, ville que j’adore et que je déteste en même temps. À Reims on a le public le plus difficile de France. Il y a beaucoup de groupes, on se tire un peu dans les pattes. Et le maire est de droite donc ce n’est pas trop une ville de culture. On mérite tellement mieux, on a une scène, on est à une heure et demie de Paris…

« Fleur de sel » sert à remettre la lumière sur cette ville. C’est pour rappeler aux gens que je sais rapper. C’est la dernière fois que je fais un titre comme ça parce qu’avec l’EP qui va sortir, on va partir dans une direction artistique un peu plus grande. 

Sur scène, tu as crié « Free Palestine »…

Free Palestine, tous les jours. Quand les gens dans la musique ne prennent pas position, ça m’énerve. Si on ne s’exprime pas alors qu’on est dans la musique, l’art le plus libre et le plus « passeur de messages », qui va le faire ? 

Et le rap est une contre-culture à la base, les gens ne nous aiment pas. On reste de sales noirs aux yeux de beaucoup de gens. Donc il faut qu’on s’engage. Free Palestine, mais aussi les Ouïghours, tout le monde. J’ai déjà de la chance d’être un homme sur certains sujets, mais je reste un homme noir, ma présence ici est politique.

Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

Je veux arriver là où je suis censé être. L’objectif : pouvoir entamer rapidement une tournée des petites salles pour que je puisse choquer tout le monde. Si on me donne ça, je vous promets qu’à la fin de ma tournée, j’ai un petit équipage.

Et en 2027, je veux mon Grünt et mon Yardland ! Je ne sais pas où je terminerai, superstar, underground… Ça m’est égal tant que je peux en vivre. Je l’ai déjà dit, mais je n’ai pas d’autre option : la musique est la seule chose qui m’anime.