©Alice Dirwimmer

À Strasbourg, le prometteur label Endless façonne la scène électro de demain

Créé il y a deux ans, End­less Records ne cesse de voir les choses en plus grand. Le pro­jet mené par deux Stras­bour­geois, qui repo­sait à l’o­rig­ine sur l’or­gan­i­sa­tion d’afters, est aujour­d’hui un label dont la pre­mière com­pi­la­tion, Entropy, rassem­ble douze tracks (Call­ing Mar­i­an, Mor­sure, Mad­bès, Mmork, Shon­en Bat…). Ouvert sur tous les styles, avec un œil sur la scène locale et l’autre rivé sur les grandes cap­i­tales (Paris, Berlin, Lon­dres…) et con­stam­ment en quête de nou­velles pépites, End­less Records compte bien don­ner un coup de pied dans la four­mil­ière de la scène élec­tron­ique. On a pu ren­con­tr­er les deux jeunes fon­da­teurs, le DJ Lucas Karst et le pro­duc­teur Cinder.

Ce qui nous intéresse, c’est de creuser un peu plus et de ne pas en rester à la tech­no telle qu’on la connaît.”

End­less Records, racontez-nous cette his­toire… Com­ment le pro­jet s’est créé ? 

Lucas Karst : Il y a d’abord une ren­con­tre. On avait déjà des pro­jets de soirées dans nos struc­tures respec­tives. Et il y a eu une envie de partager et s’ap­porter des choses mutuellement.

Cin­der : Le but était d’u­nir nos forces sur un même pro­jet en addi­tion­nant nos con­nais­sances et com­pé­tences respec­tives. Lui en tant que DJ et moi en tant que pro­duc­teur. On avait des choses à apporter en tant qu’artistes nous-même et en événe­men­tiel. On a tout de suite testé tout ça sur un pre­mier after qui a eu lieu il y a deux ans : Piste Noire à l’E­las­tique Bar en décem­bre 2019. C’é­tait juste avant le début du Covid. On a très rapi­de­ment organ­isé un deux­ième after en jan­vi­er 2020 avec la même énergie mais avec plus de monde, dans un plus grand lieu.

Endless Records

Art­work

Lucas : Puis est arrivé le Covid. On avait déjà prévu la suite et on s’est fait couper l’herbe sous le pied. Au lieu d’en rester là, on a com­mencé à pro­gram­mer nos soirées annulées (dont la dernière à deux jours près) en livestream­ing, comme beau­coup de col­lec­tifs l’ont fait. À l’été 2020, on a pu organ­is­er trois ou qua­tre open air. On s’est plié aux nou­velles règles du jeu parce que cela nous parais­sait impor­tant de con­tin­uer à pro­pos­er quelque chose au gens. Mais le pro­jet s’ap­pelle End­less donc “sans fin” et les open air ne pro­po­saient que des fer­me­tures très tôt et on ne retrou­vait plus trop cette folie du début. Ces fer­me­tures nous frus­traient beau­coup. Quand le deux­ième con­fine­ment est arrivé on a décidé d’aller de nou­veaux vers des moyens d’ex­pres­sion en ligne. On a organ­isé un fes­ti­val de 24h en stream­ing en parte­nar­i­at avec Shot­gun. On tra­vaille encore avec eux aujour­d’hui. On a pu inviter des artistes inter­na­tionaux et européens. On a fait la fête pen­dant 24h en essayant en même temps d’avoir des dona­tions et ven­dre du marchandising.

Cin­der : On a aus­si fait un pas­sage cet été dans les stu­dios de shot­gun. On a invité six artistes pour enreg­istr­er 6h de pod­cast qui ont été répar­ties en deux ses­sions. Le sec­ond sera dif­fusée très bien­tôt, avec Call­ing Mar­i­an, Shon­en Bat, MZA ou encore Scarlet…

Com­ment on passe de l’événe­men­tiel à une activ­ité de label ?

Cin­der : On s’est ren­du compte qu’on arrivait à drain­er pas mal d’artistes. En deux ans, on avait réus­si à inviter plus de 40 artistes dif­férents. Beau­coup de ces artistes sont aus­si des producteurs.ices. On s’est ren­du compte qu’il y avait moyen de faire quelque chose de très intéres­sant avec cette équipe. On voulait aller un peu plus loin que juste des soirées et pro­pos­er quelque chose qui dure.

Lucas : Sur la pre­mière com­pi­la­tion qui va sor­tir le 3 décem­bre, Entropy, il y a douze artistes dont un tiers venant de Stras­bourg, un de Paris, un Belge, Mmork qui fait par­tie du duo Moth, Shon­en Bat de Reims issu du label La Forge… On se place en cura­teurs de cer­tains pro­jets. Il y a un pro­duc­teur qui s’ap­pelle Mad­bès qui sort sa pre­mière release avec notre label et qu’on a un peu poussé à sor­tir sa musique. Il y a aus­si une pro­duc­trice bor­de­laise de tal­ent qui s’ap­pelle Lilith. On essaye d’avoir plusieurs casquettes.

On veut mon­tr­er ce qu’on sait faire ici à Strasbourg.”

Quelle musique et quelle scène souhaitez vous défendre ?

Cin­der : Notre approche est très tech­no à la base. Ce qui nous intéresse avec End­less, c’est de creuser un peu plus et de ne pas en rester à la tech­no telle qu’on la con­naît. On veut explor­er  : on est aus­si bien intéressés par le break­beat que la trance, l’in­dus… Le spec­tre est très large. Cela nous per­met de pro­pos­er des com­pi­la­tions et des soirées assez var­iées. On a une DA très ouverte. L’am­bi­ent est aus­si une dom­i­nante assez impor­tante. Sur notre 24h de stream­ing on avait toute une nuit réservée à ce style.

 

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Lucas : On essaye d’être le plus acces­si­ble pos­si­ble dans nos soirées, avec des prix raisonnables. On peut aus­si pro­pos­er des entrées gra­tu­ites. On fait des con­sos à des prix bas aus­si. Sur le tra­jet des artistes, plus de 80 % vient en train. Dès qu’on peut priv­ilégi­er le train on le fait. On évite au max­i­mum l’avion. On essaye de faire atten­tion sur toute ces choses.

Cin­der : On est ouvert même sur des artistes qui n’ont pas du tout de base tech­no. Si un jour on a un gros coup de cœur pour un artiste, on l’ac­cueillera avec plaisir.

Com­ment se porte la scène élec­tron­ique stras­bour­geoise aujourd’hui ? 

Lucas : On a une par­tic­u­lar­ité, c’est d’être regroupés en asso­ci­a­tions. Cela revient beau­coup dans la bouche du pub­lic. C’est vrai­ment une force qu’on a d’être réu­nies entre les assos. Il y a un vrai dia­logue et on est soudés, comme avec Abject Act par exem­ple. Pour des assos comme nous, c’est plus dif­fi­cile d’ac­céder aux clubs, même s’ils sont tou­jours bien­veil­lants. On a un gros avan­tage géo­graphique : on est situé entre la France et l’Alle­magne, pas loin de Paris, ni de Berlin et cela nous per­met de capter des artistes qui vien­nent des deux villes.

Cin­der : Il y a beau­coup de choses qui se passent à Stras­bourg, il y a énor­mé­ment de col­lec­tifs de musique, beau­coup de soirées… Mais il y a beau­coup d’artistes qui ne vont pas for­cé­ment être très con­nus et recon­nus et cela créé un peu une asymétrie. Tan­dis que nous on accueille beau­coup d’artistes venu.es de l’ex­térieur, les artistes qui sont ici vont avoir un peu de mal à s’ex­porter. C’est aus­si notre ambi­tion avec le label. C’est le sens d’avoir invité tant d’artistes locaux. On a pour volon­té de mon­tr­er ce qu’on sait faire ici à Strasbourg.

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