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©Alice Dirwimmer
7 décembre 2021

À Strasbourg, le prometteur label Endless façonne la scène électro de demain

par Emmanuel Haddek

Créé il y a deux ans, Endless Records ne cesse de voir les choses en plus grand. Le projet mené par deux Strasbourgeois, qui reposait à l’origine sur l’organisation d’afters, est aujourd’hui un label dont la première compilation, Entropy, rassemble douze tracks (Calling Marian, Morsure, Madbès, Mmork, Shonen Bat…). Ouvert sur tous les styles, avec un œil sur la scène locale et l’autre rivé sur les grandes capitales (Paris, Berlin, Londres…) et constamment en quête de nouvelles pépites, Endless Records compte bien donner un coup de pied dans la fourmilière de la scène électronique. On a pu rencontrer les deux jeunes fondateurs, le DJ Lucas Karst et le producteur Cinder.

« Ce qui nous intéresse, c’est de creuser un peu plus et de ne pas en rester à la techno telle qu’on la connaît. »

Endless Records, racontez-nous cette histoire… Comment le projet s’est créé ? 

Lucas Karst : Il y a d’abord une rencontre. On avait déjà des projets de soirées dans nos structures respectives. Et il y a eu une envie de partager et s’apporter des choses mutuellement.

Cinder : Le but était d’unir nos forces sur un même projet en additionnant nos connaissances et compétences respectives. Lui en tant que DJ et moi en tant que producteur. On avait des choses à apporter en tant qu’artistes nous-même et en événementiel. On a tout de suite testé tout ça sur un premier after qui a eu lieu il y a deux ans : Piste Noire à l’Elastique Bar en décembre 2019. C’était juste avant le début du Covid. On a très rapidement organisé un deuxième after en janvier 2020 avec la même énergie mais avec plus de monde, dans un plus grand lieu.

Endless Records

Artwork

Lucas : Puis est arrivé le Covid. On avait déjà prévu la suite et on s’est fait couper l’herbe sous le pied. Au lieu d’en rester là, on a commencé à programmer nos soirées annulées (dont la dernière à deux jours près) en livestreaming, comme beaucoup de collectifs l’ont fait. À l’été 2020, on a pu organiser trois ou quatre open air. On s’est plié aux nouvelles règles du jeu parce que cela nous paraissait important de continuer à proposer quelque chose au gens. Mais le projet s’appelle Endless donc « sans fin » et les open air ne proposaient que des fermetures très tôt et on ne retrouvait plus trop cette folie du début. Ces fermetures nous frustraient beaucoup. Quand le deuxième confinement est arrivé on a décidé d’aller de nouveaux vers des moyens d’expression en ligne. On a organisé un festival de 24h en streaming en partenariat avec Shotgun. On travaille encore avec eux aujourd’hui. On a pu inviter des artistes internationaux et européens. On a fait la fête pendant 24h en essayant en même temps d’avoir des donations et vendre du marchandising.

Cinder : On a aussi fait un passage cet été dans les studios de shotgun. On a invité six artistes pour enregistrer 6h de podcast qui ont été réparties en deux sessions. Le second sera diffusée très bientôt, avec Calling Marian, Shonen Bat, MZA ou encore Scarlet…

Comment on passe de l’événementiel à une activité de label ?

Cinder : On s’est rendu compte qu’on arrivait à drainer pas mal d’artistes. En deux ans, on avait réussi à inviter plus de 40 artistes différents. Beaucoup de ces artistes sont aussi des producteurs.ices. On s’est rendu compte qu’il y avait moyen de faire quelque chose de très intéressant avec cette équipe. On voulait aller un peu plus loin que juste des soirées et proposer quelque chose qui dure.

Lucas : Sur la première compilation qui va sortir le 3 décembre, Entropy, il y a douze artistes dont un tiers venant de Strasbourg, un de Paris, un Belge, Mmork qui fait partie du duo Moth, Shonen Bat de Reims issu du label La Forge… On se place en curateurs de certains projets. Il y a un producteur qui s’appelle Madbès qui sort sa première release avec notre label et qu’on a un peu poussé à sortir sa musique. Il y a aussi une productrice bordelaise de talent qui s’appelle Lilith. On essaye d’avoir plusieurs casquettes.

« On veut montrer ce qu’on sait faire ici à Strasbourg. »

Quelle musique et quelle scène souhaitez vous défendre ?

Cinder : Notre approche est très techno à la base. Ce qui nous intéresse avec Endless, c’est de creuser un peu plus et de ne pas en rester à la techno telle qu’on la connaît. On veut explorer  : on est aussi bien intéressés par le breakbeat que la trance, l’indus… Le spectre est très large. Cela nous permet de proposer des compilations et des soirées assez variées. On a une DA très ouverte. L’ambient est aussi une dominante assez importante. Sur notre 24h de streaming on avait toute une nuit réservée à ce style.

 

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Lucas : On essaye d’être le plus accessible possible dans nos soirées, avec des prix raisonnables. On peut aussi proposer des entrées gratuites. On fait des consos à des prix bas aussi. Sur le trajet des artistes, plus de 80 % vient en train. Dès qu’on peut privilégier le train on le fait. On évite au maximum l’avion. On essaye de faire attention sur toute ces choses.

Cinder : On est ouvert même sur des artistes qui n’ont pas du tout de base techno. Si un jour on a un gros coup de cœur pour un artiste, on l’accueillera avec plaisir.

Comment se porte la scène électronique strasbourgeoise aujourd’hui ? 

Lucas : On a une particularité, c’est d’être regroupés en associations. Cela revient beaucoup dans la bouche du public. C’est vraiment une force qu’on a d’être réunies entre les assos. Il y a un vrai dialogue et on est soudés, comme avec Abject Act par exemple. Pour des assos comme nous, c’est plus difficile d’accéder aux clubs, même s’ils sont toujours bienveillants. On a un gros avantage géographique : on est situé entre la France et l’Allemagne, pas loin de Paris, ni de Berlin et cela nous permet de capter des artistes qui viennent des deux villes.

Cinder : Il y a beaucoup de choses qui se passent à Strasbourg, il y a énormément de collectifs de musique, beaucoup de soirées… Mais il y a beaucoup d’artistes qui ne vont pas forcément être très connus et reconnus et cela créé un peu une asymétrie. Tandis que nous on accueille beaucoup d’artistes venu.es de l’extérieur, les artistes qui sont ici vont avoir un peu de mal à s’exporter. C’est aussi notre ambition avec le label. C’est le sens d’avoir invité tant d’artistes locaux. On a pour volonté de montrer ce qu’on sait faire ici à Strasbourg.

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