Skip to main content
27 février 2017

Dirty Projectors, ses obsessions, ses inspirations et ses collaborateurs

par Mathilde LESAINT

Il y a quelques semaines, on est allé à la rencontre de David Longstreth, leader de Dirty Projectors, du côté de Pigalle, la tête remplie de questions sur ce nouveau long-format sorti vendredi dernier, notre album coup de coeur du mois de février.  Un album marqué par sa rupture avec Amber Coffman – qui du coup a quitté le groupe -, évidemment bouleversant grâce à la voix de David, toujours plus étirée, meurtrie et virevoltante, des sonorités électroniques pensées à la seconde et une justesse de l’émotion à en faire pâlir James Blake. La musique de David Longstreth et de ses nombreux collaborateurs (Solange, Ryan Beppel, Jimmy Douglas, Elon Rutberg…) y explorent les possibilités de la pop, du r’n’b, de la folk et de l’électro… Un véritable laboratoire d’explorations sonores et émotionnelles.

Tsugi : Ce nouvel album est beaucoup plus électro que les précédents…

Dave Longtstreth : La musique électronique me semblait l’outil le plus approprié. Lorsque je produis, j’aime créer un univers et on a beaucoup plus de libertés avec l’électronique, les possibilités sont infinies. Avec le rock par exemple, il n’y a plus vraiment de surprise ou de nouvelles possibilités. L’électronique est plus récent donc on peut plus facilement innover.

Tu penses l’instru ou les paroles d’abord ?

Cela dépend de la chanson. J’ai écrit la musique et les paroles de « Keep Your Name » en même temps par exemple.

Même si Amber ne fait plus partie du groupe, tu produis son projet solo et tu as samplé sa voix sur le titre « Keep Your Name ». Est ce que cela signifie que vous allez être amenés à travailler encore tous les deux ?

Travailler sur son album était une super expérience. Sur les anciens albums de Dirty Projectors, j’étais aux commandes et elle était un peu au service de ma vision, cette fois-ci, c’était l’inverse. Elle avait ses idées et j’étais simplement là pour la production, pour l’aider à trouver les sonorités auxquelles elle avait pensé, un son de batterie, un écho de saxophone…

« Up In Hudson » est la plus longue chanson jamais produite de Dirty Projectors, pourquoi ce choix ?

Je pense que cela peut avoir cet effet avec ce long solo de guitare mais c’est plutôt par rapport à la longue histoire qu’elle raconte. La chanson devait être composée de beaucoup de couplets pour la décrire au mieux.

Les titres de cet album parlent de rupture. Quand tu écris les paroles l’inspiration te vient-elle très rapidement ou alors as tu besoin de temps de réflexion pour commencer à écrire ? 

Certaines viennent assez rapidement et n’ont pas eu besoin de beaucoup de réflexion, ça a été le cas pour « Keep Your Name », d’autres ont pris plus de temps. Certaines chansons ont eu besoin de murir un peu plus. Parfois, j’écris des phrases, des mots qui viennent instinctivement et j’essaye ensuite de construire les paroles avec des rimes.

Pour toi qu’est-ce qu’un bon parolier ? Par exemple dans ta bio tu cites Drake comme l’un de tes artistes préférés.

Une chose que j’aime avec Drake ou Joni Mitchell par exemple, c’est qu’ils ont le sens du détail. Lorsque l’on écoute leurs morceaux, on est emmené dans un univers unique créé par ces nombreux détails.

C’est le deuxième album de rupture de Dirty Projectors, le premier est sorti il y a quelques années. Tu dois certainement voir les choses différemment ?

Oui j’ai écrit cet album alors que j’avais 19 ans, c’était mon premier album, signé sur un label indépendant, j’étais encore innocent. Je ne l’ai pas écouté depuis très longtemps donc je ne sais pas vraiment si je vois les choses différemment mais cet album est un bon souvenir et a été important pour la carrière de Dirty Projectors.

Comme toujours tu as collaboré avec de nombreux artistes sur Dirty Projectors, pourquoi as-tu choisi ces artistes-là ?

Les rythmes étaient très importants pour moi sur cet album. J’ai travaillé dessus avec les percussionnistes Tyondai Braxton et Mauro Refosco pour qu’ils soient les plus uniques possibles. J’avais certaines idées et ils m’ont aidé à trouver comment les réaliser. Mauro a par exemple eu l’éclair de génie de ramener des bouts de bois, de métal ou des percus des barios du Brésil. Solange a écrit « Cool Your Heart » que D∆WN chante. En bref, chacun de mes collaborateurs m’ont aidé à rendre réelles les idées qui étaient dans mon esprit.

Tu réalises tes propres clips. Es-tu aussi perfectionniste que sur tes musiques ?

Je travaille probablement aussi dur sur mes musiques que sur leurs vidéos. En tout cas, c’est un exercice que j’apprécie énormément et comme pour mes chansons j’aime créer un univers, une histoire autour. Je porte beaucoup d’importance aux couleurs que j’utilise, pour moi chaque couleur est le miroir d’une émotion, chacune crée une ambiance différente et particulière.

Visited 10 times, 1 visit(s) today