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19 juillet 2016

En direct de The Peacock Society 2016

par rédaction Tsugi

Il y a de la techno à Peacock, bien sûr. Qui tabasse, de chez nous ou directement importée d’Allemagne, bref, du 4×4 qui fait bouger les pieds et écrase lourdement le sol du Parc Floral – en quatre éditions, la grande warehouse de Vincennes devrait être habituée. Mais il n’y avait pas que ça. Et c’est ça la force de Peacock : une programmation pointue qui n’oublie pas de se diversifier tout en offrant pléthore de collaborations, B2B et petits événements en soi… A l’image d’un Laurent Garnier qui, après avoir conclut le festival l’année dernière, s’est occupé de l’ouverture des portes avec un set de quatre heures vendredi. Impossible de rater ça : on pénètre dans la warehouse et on est surpris de constater que seulement une cinquantaine de personnes attendent devant les barrières ! Deux heures de set et un beau coucher de soleil auront fini de remplir la warehouse, pour un mix passant de Donna Summer au dernier titre de KiNK « Strings », sans oublier son classique « Jacques In The Box ».

Un acrobate place un drapeau de la France en hommage aux victimes des événements de NiceUn acrobate place un drapeau de la France en hommage aux victimes des évenements de Nice (Photo : Tiphaine Lachaise)

Allez, déroulons les coups de coeur 4×4 de cette édition – le plus doux viendra ensuite, achevons d’abord nos oreilles qui tintent. Rendez-vous à la salle estampillée Resident Advisor, souvent victime de son succès. La sueur se cristallise sur les carreaux de la petite salle de la cour, et impossible de mettre un pied à l’intérieur. On prend notre mal en patience en écoutant du bout des oreilles Dax J dérouler une tabasse qui nous rappelle que la techno est aussi tout un art lorsqu’il s’agit de faire parler la poudre avec précision. ?

Le reste du plateau est titanesque. L’Anglais Function, en grande forme, offre un set sinueux, mental. Son mix est à l’image de ses productions : propice à l’égarement et la schizophrénie. A tel point qu’il nous faut prendre l’air, histoire de ne pas perdre tous nos repères sous les secousses de l’Anglais. Le Français Bambounou accompagné de sa comparse allemande Margaret Dygas jouent aussi sur cette veine froide et prenante. Si on n’a pas beaucoup entendu de morceaux issus de leur EP partagé See You Soon / Popular Religions, il semble évident que ces deux-là partagent une vision musicale tant les enchaînements paraissent simples. Au contraire, la rencontre de Len Faki contre Rødhåd tourne plutôt au duel et nous offre deux heures de sons denses et froids, aussi. Autre gros succès côté techno avec Cyrillic (aka KiNK) pour qui tout le festival semble s’être donné rendez-vous. Avec une température affichant facilement les 35°, il est difficile de tenir en place. Les dix minutes passées à l’intérieur nous ont donné un aperçu d’une techno puissante et d’une foule en délire sur un remix de « I Wanna Go Bang » de Bjarki.  ?

Kink, Crédit Photo : MGKink, très attendu. (Photo : DR)

Mais, osons le dire, le meilleur DJ de cette quatrième édition est Maceo Plex, qui intervient après un Sven Väth en folie et un set acide. Dès les premières notes, Mr Plex nous transporte dans sa techno à la fois froide et douce. Entre frissons et émotions, le Cubain nous surprend en passant la célèbre musique de fin du film Trainspotting pour ensuite enchaîner avec son fameux « Solitary Daze ». Pour le plaisir de tous, il joue les prolongations, il est 7h15 lorsqu’il fait vibrer sa dernière note. ?

Mais au milieu du tumulte, on trouve aussi de la chaleur et de légèreté. Recondite prouve sans mal que la techno sait s’éloigner du classique 4×4 pour créer une lumineuse chaleur grâce à un choix de titres étonnant mais qui sait nous faire voyager. Il faut dire que le festival nous a bien mis en jambe dès mercredi avec un live haut de gamme de Pantha du Prince, qui nous trottait dans la tête depuis l’annonce de la programmation. Fidèle à lui-même, le producteur allemand offre des instants dont on s’enivre avec délectation. Autre doux moment avec David August, passant juste après Laurent Garnier (une prise de risque à saluer du côté des programmateurs). Le jeune Allemand à la techno mélodieuse est venu présenter son tout nouveau live band avec deux autres musiciens. Son heure de set s’achève en mêlant des sons de batterie, guitare et synthé, laissant derrière lui un public qui en demande encore. Et pour embraser les premiers rayons de soleils, quoi de mieux qu’un set de Kerri Chandler transpirant la sensualité et l’amour. Le set sera à l’image de sa reprise très personnelle du « East Orange » de DJ Steaw, distillant des notes de piano groovy. ?

Point Point

Le quatuor devenu trio, Point Point en final à Peacock. (Photo : Tiphaine Lachaise)

Techno toujours pas pareille donc. Brodinski l’a très bien montré avec un set empreint de hip-hop, comme souvent chez le patron de Bromance. On y retrouve de nombreux titres issus de son premier album Brava – efficace. Il est difficile de bouger tant la foule est compacte. Autre moment aux touches hip-hop, le set de Point Point qui passe du mythique « Me, Myself and I » de De La Soul, forcément tout en rythme à un « Life In Grey » très doux. Plus tôt déjà, Four Tet nous avait enchanté avec une douce electronica de haute volée parsemée de gros coups techno. SBTRKT en DJ set jouera lui la corde rock à fond tout en plaçant l’air de rien ses propres morceaux. On reste surtout bloqué sur son « Wildfire », sorti en fin de set et qu’on gardera en tête jusqu’au lendemain… Et jusqu’à l’année prochaine. 

Meilleur moment : À cet homme qui accroche un drapeau tricolore dans la warehouse à la fin du set de Bambounou et Margaret Dygas, merci pour cet hommage plein d’amour pour Nice.

Pire moment : Un groupe à la recherche de pokémons qui te bouscule pendant que tu danses devant le set de Sven Väth. On se serait presque transformer en Pikachu de colère.

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