En direct de Warehouse Alternative — Band of Brothers à Nanterre

Huit heures 100% tech­no, 100% live, dans un hangar de la ban­lieue parisi­enne ? C’était la propo­si­tion alléchante des organ­isa­teurs Alter­na­tive Projects. Autant dire qu’on ne s’est pas fait prier pour pren­dre le RER A, direc­tion Nan­terre Pré­fec­ture. Retour sur une nuit de jan­vi­er où souf­flait le glacial vent du nord mais aus­si la chaleur de l’esprit “rave”.

Alter­na­tive Projects, mal­gré leur jeune âge, n’en sont pas à leur coup d’essai. En octo­bre dernier ils avaient déjà rem­pli la Grande Halle de La Vil­lette, en plein jour, en con­viant Lau­rent Gar­nier et Ter­rence Park­er pour des sets fleuves. Issus du col­lec­tif New­track, ils avaient cette fois-ci décidé de revenir à leurs pre­miers amours “strict­ly tech­no”. Avec un con­cept orig­i­nal : que du live, que des duos ou des back to back et une place de choix accordée à la jeune garde française. Sans grosse tête d’affiche et situé dans un hall d’exposition per­du dans un no man’s land de Nan­terre, le pari était auda­cieux. Le pub­lic allait-il braver le froid hiver­nal et répon­dre présent ? En péné­trant dans un Espace Chevreul bien rem­pli — à vue de nez entre 1500 et 2000 per­son­nes — nos craintes furent dis­sipées, tout comme celles, on l’imagine, des mem­bres d’Alternative Projects. Reconnaissons-leur un sens rigoureux de l’organisation qui a cer­taine­ment dû jouer en leur faveur. Alors que beau­coup de soirées “ware­house” parisi­ennes se déroulent sou­vent dans la semi-légalité, un peu à l’arrache, sans scéno­gra­phie et avec un sound-system qui mon­tre vite ses lim­ites, ici tout était car­ré. Du ves­ti­aire aux foodtrucks extérieurs, des espaces chill con­stru­its en palettes de bois au bar à vin — excel­lente idée — on n’a rien trou­vé à redire. Il y avait de la place pour danser, des lumières et des lasers pour nous en met­tre plein la vue. Seule la sécu­rité s’est mon­trée un peu trop intru­sive, sem­blant par exem­ple décou­vrir l’existence des cig­a­rettes électroniques.

Crédit : Sab­ri­na Godfrin

Mais ce qui nous a mar­qué dès notre arrivée c’est indé­ni­able­ment la qual­ité du sound-system. Com­bi­en de fois s’est-on retrou­vé dans ce type de halls d’exposition avec des prob­lèmes de sonori­sa­tion gâchant notre plaisir audi­tif ? On se réjouis­sait donc de pou­voir prof­iter d’une grosse ses­sion de tech­no live avec un son clair et pré­cis. Et pour cela, on ne fut pas déçu. La soirée ayant débuté très tôt — 21 heures — on n’a mal­heureuse­ment pas pu assis­ter aux presta­tions des duos français Trun­k­line (Mad­ben et Yann Lean) et Torb. Ce sont donc les parisiens de Soci­ety of Silence, qui avec leur tech­no sourde et deep à la fois, accueil­laient nos pre­miers pas de danse. Puis les Wlderz, qu’on con­naît bien pour les voir jouer régulière­ment aux soirées New­track, pro­posèrent un son plus mélodique tout en étant appuyé par de solides bass­es. S’ils ont ôté un “e” au nom de leur pro­jet, leur musique s’est affinée avec les années et ils font désor­mais par­tie des lives tech­no français qui comptent. Mais la meilleure presta­tion de la nuit fût sans con­teste le live à six mains des Berli­nois de Cassegrain asso­ciés au Cal­i­fornien Tin Man. Une tech­no à la fois per­cus­sive et men­tale, acide et métallique, à la pro­duc­tion ultra léchée. Quand la tech­no est élevée au rang de grand art. Bra­vo messieurs ! Le dernier live de la soirée, pro­posé par les Ital­iens de Boston 168 ne put rivalis­er, parais­sant plus sim­pliste à l’oreille, sans être toute­fois désagréable notam­ment via ses clins d’œil à de vieux motifs trance. Il nous fau­dra désor­mais atten­dre l’été pour la prochaine fête d’Alternative Projects qui, parait-il, se déroulera en plein air dans le parc d’un château. On vous tien­dra évidem­ment au courant.

Crédit : Sab­ri­na God­frin 

Meilleur moment : Cet incroy­able live de Cassegrain et Tin Man. S’il existe un enreg­istrement, on est preneurs !

Pire moment : Le coup de sif­flet final à 5h00 – c’est tôt – et la bise glaciale qui nous accom­pa­gne sur le chemin de la gare.