En direct du N.A.M.E Festival 2016

Après avoir changé plusieurs fois de lieu au cours de ses douze années d’existence, le N.A.M.E Fes­ti­val nous don­nait cette année rendez-vous au port flu­vial d’Halluin — à quelques kilo­mètres de Lille — pour deux soirées au line-up fourni. Minu­it, le pre­mier soir : on arrive tout pile pour le live de Recon­dite. En une heure de set seule­ment, le pro­duc­teur alle­mand réus­sit à nous emmen­er vers des con­trées som­bres et mélodieuses dont lui seul a le secret. Der­rière lui, des extraits du film inachevé de Henri-Georges Clouzot L’Enfer font danser Romy Schnei­der et Serge Reg­giani sur de la tech­no ; mariage mag­ique. On reste du côté de l’Allemagne par la suite avec un live de Stephan Bodzin qui nous fait la grâce de jouer pléthore de titres extraits de son excel­lent album Pow­ers of Ten, sor­ti courant 2015. Pour l’avoir vu il y a quelques mois au Show­case, on com­prend vite que son live gagne en grandeur dans de grands espaces et non pas en restant con­finé dans un petit club parisien. Les deux immenses chapiteaux dressés à Hal­luin sem­blent donc être le théâtre par­fait pour accueil­lir les expéri­men­ta­tions tech­no de l’Allemand. A not­er que pour un fes­ti­val out­door, la qual­ité et la puis­sance sonore du N.A.M.E Fes­ti­val le place sur la carte des très bons fes­ti­vals ! Autour de nous, le pub­lic sem­ble claire­ment pren­dre son pied, et cela fait plaisir à voir. Bien loin du pub­lic parisien — par­fois alti­er, par­fois blasé — les gens du Nord savent faire la fête sans se pren­dre la tête. Dans le chapiteau adja­cent, le tube “Sor­ry I’m Late” résonne tan­dis que Kollek­tiv Turm­strasse s’escrime der­rière ses platines. A Lau­rent Gar­nier, on préfèr­era le tun­nel tech­noïde d’un Ben Klock lui aus­si en grande forme. Comme au cours de cha­cun de ses pas­sages, les bass­es de l’Allemand font trem­bler notre cage tho­racique et nous transperce de part en part.

Alors que les plus courageux sont allés s’ambiancer en guise de before à la Gare St Sauveur de Lille en fin de journée ou bien s’instruire aux dif­férentes mas­ter­class­es pro­posées par le fes­ti­val, on préfère de notre côté arriv­er frais comme des gar­dons pour chop­er Paula Tem­ple dès le début de son set, en ce sec­ond soir de fes­ti­val. Indus­trielle à souhait, la tech­no de la pro­duc­trice nous fait bondir le coeur et grin­cer des dents. Tem­ple est réputée pour ne pas faire dans la den­telle, et ce n’est pas cette soirée ardente qui chang­era la donne. Après des applaud­isse­ments fichtrement four­nis, elle laisse sa place à une autre femme (les deux seules à l’affiche pour cette édi­tion 2016) : l’inégalable Ellen Allien. La pro­duc­trice mixe acid — et c’est évidem­ment ce que l’on attend d’elle — en vinyles, s’il vous plait; et clô­ture son set avec un excel­lent remix de “Die Robot­er” de Kraftwerk. On accorde par la suite un petit moment d’attention à Rød­håd avant de finale­ment nous rabat­tre sur les paysages un peu moins tor­turés et un peu plus lumineux de Maceo Plex. D’ailleurs, tout le monde sem­ble s’être don­né rendez-vous sous ce chapiteau, lais­sant Rød­håd à moitié seul avec lui-même — cela avait au moins l’avantage d’être plus res­pirable que la veille ! Sous le sec­ond chapiteau, l’ambiance est à son parox­ysme et per­son­ne sem­ble vouloir s’arrêter de danser. Pour finir cette soirée en beauté, on s’enfile un bur­ri­to de l’enfer à la Can­ti­na Mex­i­cana puis on retourne rejoin­dre la petite foule qui s’entasse devant APM001. Bonne sur­prise de ce fes­ti­val, les qua­tre DJs nous grat­i­fient d’un “Dog­ma 1” par Kölsch ft. Michael May­er avant de nous dire au revoir de manière plutôt orig­i­nale : avec “Il en faut peu pour être heureux” extrait du Livre de la Jun­gle. Un bon résumé de ces deux jours passés au N.A.M.E quoi !

Le pire moment : le manque cru­el de points d’eau.

Le meilleur moment : le mec hilare qui explique à un fan­boy de Gar­nier que ce dernier joue depuis deux heures sous l’autre chapiteau.

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