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5 juillet 2015

Guide de survie un samedi d’Astropolis

par rédaction Tsugi

Il paraîtrait qu’Astropolis serait une rémanence de la dernière TAZ – abréviation anglaise de Zone d’Autonomie Temporaire, concept développé en son temps par Hakim Bey – connue dans le monde de la musique moderne, celle des raves, de la toute fin des années 80 jusqu’à, allez, 1993. Il faut bien se dire que bon nombre de danseurs présents au manoir de Keroual en ce samedi d’Astro sont probablement nés après cette année-là. Ironie de l’Histoire, le festival brestois se voit proposer le défi, plus de 20 ans après sa création, de ne pas devenir un musée à ciel ouvert, tout en proposant autre chose que du Bakermat à ses ouailles les plus jeunes. La solution est simple : penser à organiser la meilleure teuf possible, en termes d’exigence artistique comme d’expérience temporaire, répond généralement aux deux critères à la fois.

Lire notre compte-rendu de la soirée du vendredi

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Pas encore de « fais péter » à cette heure.

Avant de se dérouiller les oreilles en forêt, on a chillé en ville, sans violence, avec amour. Bassilus C, artiste québécois ramené à Brest par la bande de Piknic Electronik, n’a pas joué au peak time – le parc accueillant cette scène de journée sera à son remplissage maximum juste avant la coupure du son à 20h – mais son public a compris qu’il avait fait un bon choix en venant voir un live techno assez pointu sans être dédalesque, tranquillement mélancolique et parfaitement mesuré pour un milieu d’après-midi. On aurait aimé rester, mais nous avions projo, on reviendra danser à l’heure de l’apéro. Un documentaire de Xanaé Bove, revenant sur le cas Pat Ca$h tout en extrapolant sur la liberté perdue des raves de l’époque, via la concept de TAZ sus-cité, nous a fait cogiter. Sur la pertinence de sanctuariser cette nostalgie, façon aussi de dire qu’il ne reste plus grand chose de cette époque et que, en clair, c’était mieux avant. OK, mais le contre-exemple dure 10h d’affilée et il démarre à 22h.

22h, toujours tôt pour se pointer sur le site, mais deux raisons poussent à la témérité : la crêperie de circonstance aux abords d’un plan d’eau juste à côté du manoir, repaire de tous les artistes du festival en quête de diner, et une interview avec le grand Squarepusher qui sera finalement annulée, comme toutes celles de son planning. Il arrivera sur scène avec un petit quart d’heure de retard, on grogne, juste pour la forme. Une fois les doigts mordus de nous êtes égarés sur le chemin de la rancoeur, on s’est gentiment fait démâter le conduit auditif pendant 40 minutes, les morceaux de son live étant principalement tirés de Damogen Furies, et un final archi-classe accompagné de sa basse. Sourds, heureux, et ça ne fait que commencer.

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Squarepusher se prend pour un apiculteur fluo.

Niveau Mekanik, ça s’agite sec dès le départ : Koudlam, qu’on ne sait caser sur aucune scène thématique nulle part, ouvre les hostilités avec la grande froideur qu’il sait si bien manier, suivi par Extreme Precautions – Mondkopf en version PEGI 18 – qui laboure le terrain en 30 minutes de bast-beat violent et néanmoins respirable. Notre petite claque perso, ça sera The Bug, mais on l’avait senti venir. Malgré un MC un peu criard, Kevin Martin a démontré par A+B qu’il valait mieux mesurer la puissance de cette scène avec une manche à air plutôt qu’avec un décibelmètre.

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Koudlam, premier et dernier concert sans stroboscope.

Niveau techno, il y a un patron sur la liste ce soir, et il repartira avec toutes ses stock options. Robert Hood a été simplement ma-gis-tral, passant de la techno la plus râpeuse à la house de Chicago en utilisant, comme si de rien n’était, « The Bells » de Jeff Mills en transition. La Cour est pleine à craquer, on suffoque de plaisir avant d’aller se laver les oreilles de toute cette joie éructée par la jeunesse alentour. Pour ce faire, coup d’oreille aux analogistes Torb, peut-être pas tout à fait adaptés au cadre mais qui font un boulot remarquable, et à Mark Ernestus, qu’on reviendra voir plusieurs fois sur une scène chillout encore trop méconnue des attrapeurs de lasers. Sérieusement, coller cette légende de la musique moderne derrière des platoches pendant 3 heures ne suffit pas à ramener la moitié de la planète devant lui ? Sans vouloir jouer les vieux cons, lisez TOUTE la prog’ avant de venir, les jeunes. Bon, on ne va pas vous en vouloir, Boys Noize, qui n’en est pas à son premier passage ici, prouve qu’il est bien meilleur en DJ-set qu’en live. Et que c’est une bonne nouvelle qu’il fasse désormais partie du panthéon, après 10 ans à turbiner comme un damné.

Bon, on ne va rien vous cacher, le petit plaisir d’Astropolis, c’est tout de même la présence d’un tunnel hardcore géré par Manu Le Malin. Si le boss excelle – il est d’ailleurs meilleur lorsqu’il reste simple – le live court de Igneon System, représentant de la nouvelle scène gabber indus, et le set de Ruffneck, nous ont tronçonné les pattes. Non pas qu’on se soit défendus. Pas fans de John Digweed, et après avoir offert nos dernières calories à Lil Louis qui clôturait la cour, nous avons fait quelque chose qui nous arrive rarement à Astropolis : se planter au milieu de tout, et constater Armageddon. Des gens qui roupillent la tête dans les buissons, le sol jonché des sévices que le public lui a fait subir, des gueules cassées, comme revenant d’une partie pas très recommendable du Purgatoire. Ces gens donnent tout, ici. Quitte à tomber, mais ils donnent tout, et ils ne se regardent pas trop le nombril. Alors certes, Astropolis est davantage le festival de la Vans trouée que de la perche à GoPro, mais à vrai dire, on voit ça comme un gage de qualité.

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Bon bah voilà hein. Y’a des dessins animés sur France 5 le dimanche matin ?

Bon, on va se changer le sang et on revient en 2016.

 

Highlights

– Être pressé comme une sardine au milieu de la cour, à trois petits mètres de père Rob.

– « C’est qui qui mixe là ? Boys Noize ou Manu Le Malin ? ». Comment te dire.

– Le petit dej’ du mythique Hôtel Vauban avant d’aller dormir (deux heures pour la gloire).

– « Iambic 9 Poetry » reprise uniquement à la basse, le tout devant un parterre de capucheux plutôt prêts à manger du kick. Squarepusher, ce punk jazzeux.

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