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12 juillet 2013

Interview : Paradis, « la fête est notre principale source d’inspiration »

par rédaction Tsugi

Il n’aura fallu que deux maxis “Parfait Tirage” et “Hémisphère” pour asseoir la réputation de Paradis. Leur parution en 2011 et 2012 sur Beats In Space, le label new-yorkais du roi des “conoisseurs”, le DJ animateur de radio Tim Sweeney, attira tous les regards sur ce duo composé de Simon Mény et Pierre Rousseau. Paradis a ainsi donné naissance à la house la plus belle, mais aussi la plus étrange que l’on a entendu depuis bien longtemps. Interview découverte.

Qui êtes-vous ?

Simon et Pierre, deux amis. On se retrouve régulièrement pour parler de musique, et en faire et quand ça nous vient, pour écrire des chansons. A côté de ça, on aime aussi faire les DJ’s et jouer des disques qui nous plaisent, qu’on a envie de partager et qui nous inspirent chacun à leur manière.

Comment vous vous êtes rencontrés ?

On s’est rencontré au cours d’une soirée bien arrosée chez un ami il y a trois ans maintenant. Il avait la chance d’occuper un appartement assez imposant, Boulevard Saint-Germain à Paris. L’espace était immense, c’était un endroit incroyable pour les fêtes, ça partait toujours dans tous les sens. On a discuté de musique, on écoutait des choses assez différentes, mais le lendemain on a fini par se retrouver dans un appartement nettement moins lumineux et considérablement plus petit, pour essayer de faire un morceau ensemble. On avait chacun eu des expériences différentes en groupe, mais là, ça a tout de suite fonctionné. On est assez différents dans nos approches de la musique et du coup et on se complète plutôt bien.

Comment avez vous rencontré Tim Sweeney ?

On était en contact avec lui depuis quelque temps, il était de passage à Paris et il nous a proposé de le rencontrer un après-midi. On l’a retrouvé dans le centre, on ne savait pas trop ou aller, il faisait beau, du coup on a acheté quelques bières et on s’est posé dans les jardins du Palais Royal. On était super contents de le rencontrer, on écoutait son émission de radio depuis longtemps. On lui a fait écouter plusieurs démos, on s’est bien marrés, c’est un super souvenir. C’était la première fois qu’on rencontrait quelqu’un qui, pour nous, faisait à la fois de belles choses en musique et qui semblait apprécier la nôtre.

Utiliser le Français pour produire de la house c’est quelque chose qui interpelle, pourquoi cette démarche ?

En fait, ça n’a jamais vraiment été une démarche de notre part. Initialement, on faisait de la musique instrumentale, et à un moment on a simplement voulu intégrer des voix, plus comme un instrument justement, pour le spectre des sons qu’une voix peut apporter. Au moment de se pencher sur les textes, on ne s’est pas tellement posé la question d’écrire autrement qu’en Français, c’était pour nous la façon la plus immédiate de mettre des mots sur nos mélodies. Depuis que nos deux premiers maxis sont sortis, on s’est rendus compte qu’on avait très envie d’écrire des chansons de la manière la plus naturelle possible, inspirées par la musique que l’on écoute et dans notre langue maternelle.

Quelles sont vos racines musicales ?

Enfants, on a tous les deux joué des instruments “classiques”, et avec les années, les rencontres et le skate, on a commencé à écouter du punk et du hip hop. Un peu plus tard, au lycée, assez naturellement, on est tombés les deux pieds dans les musiques plus dansantes. On a toujours été ouverts musicalement, mais ça nous semble être quelque chose de générationnel, contrairement peut-être à une époque où les goûts musicaux semblaient faire partie de toute une culture de “clan”. On est constamment en train d’écouter des nouveaux morceaux club, on adore ça ! On est rentrés là dedans pour les textures, le côté expérimental, innovant, et justement la capacité avec laquelle cette musique sait casser les frontières entre les genres. Ensuite, on écoute rarement ces choses-la chez nous. On a un vrai penchant pour les chansons, les chansons à texte, souvent assez mélo. On aime appeler ça les “sweet songs” ! Le mieux, c’est quand on arrive à trouver des morceaux qui sont à la fois “sweet” et dansants. Pour ça, la soul nous met souvent d’accord, au fond c’est peut-être la base de toutes les musiques qu’on écoute.

Aujourd’hui encore, on écoute vraiment de tout, mais on a tendance à apprécier différentes musiques dans différents contextes. L’émotion que tel ou tel morceau est capable de véhiculer nous semble vraiment liée à ça, l’occasion, l’heure, l’état d’esprit des gens. Au fond, la dance music nous inspire surtout pour les souvenirs de fête qu’elle nous a laissé dans les soirées ou dans les clubs. Que ce soit pour l’émotion qu’elle procure, son aspect fédérateur, collectif, parfois libérateur, peut-être que la fête est notre principale source d’inspiration.

Comment définir votre musique ?

C’est un peu difficile à dire, mais justement, il y a peut-être quelque chose de sweet. Et moderne, on espère! En tout cas, notre volonté aujourd’hui, c’est d’écrire des chansons en français en phase avec la musique de notre époque. On a peut-être tendance à se répéter, mais c’est réellement ce qui nous semble le plus naturel.

Quels sont vos projets ?

On a un côté assez anxieux tous les deux, c’est parfois un peu difficile pour nous de se projeter. On ne sait pas trop vers quoi la musique va nous emmener, mais on essaie de prendre notre temps sur chaque projet sur lequel on a la chance de travailler, pour tenter d’apporter vraiment quelque chose de personnel.

Plusieurs remixes vont sortir pour Agoria, Cale Parks et Jagwar Ma. Sur chacun d’entre eux, on a essayé de creuser la réinterprétation du morceau original, pour en faire des chansons qui nous ressemblent le plus possible. On écrit par exemple des textes courts en français pour chaque nouveau remix. On fait aussi quelques dates en DJ, on espère avoir l’occasion d’en faire de plus en plus, c’est quelque chose qui nous plait vraiment. Et surtout, on travaille depuis un certain temps sur un projet d’album, on ne peut pas encore vous en dire plus mais on est très impatients !

Propos recueillis par Patrice Bardot.

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