Crédit photo : Marine Saiah

La Douve Blanche, électro de château

Ani­mal Records organ­i­sait ce week-end la troisième édi­tion du fes­ti­val de La Dou­ve Blanche à Egre­ville (Seine-et-Marne). Quelques têtes d’af­fiche et de jeunes artistes se sont partagés les deux scènes dans une atmo­sphère chaleureuse. Loin des gross­es machines esti­vales, un petit mil­li­er de con­nais­seurs et d’ex­igeants se sont réu­nis pour faire la fête autour d’un superbe château.

On a tout juste vic­to­rieuse­ment instal­lé notre tente “2 sec­on­des” dans une clair­ière ensoleil­lée qu’il est déjà 18h30 et le duo Kodä­ma rassem­ble les pre­miers fes­ti­va­liers devant la scène prin­ci­pale. On part échang­er nos euros con­tre des tokens, la mon­naie locale, et on fonce vers le food cor­ner tenu par le chef d’An­i­mal Kitchen, Antonin Girard. Burg­ers, desserts orig­in­aux, bar à huîtres, vin, tapas japon­ais­es, le tout pour des prix raisonnables, roy­al quoi. Alors que l’on tourne tout autour du château, on croise un stand de tatouage, un autre de body paint­ing en face d’une petite plage de sable fin. On est aus­si impres­sion­né par la scéno­gra­phie et les déco­ra­tions qui ornent les vieilles pier­res de l’édifice.

Il fait une humid­ité trop­i­cale et la chaleur ne retombe que tard dans la nuit quand on danse dans la dou­ve. Mal­gré la brièveté de cer­tains sets (quarante-cinq à cinquante min­utes), les artistes de ce début de soirée prof­i­tent de l’am­biance intimiste du cadre pour établir un lien rapi­de avec le pub­lic. A not­er un live express mais très réus­si, ludique et ent­hou­si­as­mant du duo OVHAL 44, suivi par une envoû­tante Elbi qui a elle-même précédé la venue de la tête d’af­fiche de la soirée : Polo & Pan. Les deux musi­ciens ont livré un dj set de plus de deux heures. Pas­sant cer­tains de leurs titres (“La Canopée”, “Nana”, “Cœur Croisé”), ils migrent d’une élec­tro très douce au hip hop et se per­me­t­tent même un “Ton­ton du Bled” de 113. Il est déjà presque qua­tre heures du matin, le DJ Tell prend les com­man­des et fera la clô­ture de cette pre­mière soirée alors qu’il fai­sait jour depuis longtemps.

Sieste.

Crédit pho­to : Marine Saiah

Same­di, il est midi. Gramophiles a pris les platines et tâche de réveiller les lève-tard. Dans la dou­ve, comme dans le camp­ing, ça y est, on se con­naît tous. Le petit nom­bre de fes­ti­va­liers (à peine 1500) et la dis­po­si­tion des scènes tout autour du château nous a per­mis de nous balad­er et de ren­con­tr­er beau­coup de monde. Le doc­teur Rémy Roy, pro­prié­taire du château, nous a même accordé quelques min­utes dans l’après-midi dans sa cour d’hon­neur pour expli­quer ce qui le motive à accueil­lir un événe­ment pareil : “Je n’ai pas acquis cette demeure pour m’en­fer­mer dedans avec ma famille, je veux faire vivre cet endroit”. A pro­pos de la pro­gram­ma­tion musi­cale, cet excen­trique châte­lain en habits mul­ti­col­ores nous con­fie ne pas être un fin con­nais­seur en musique élec­tron­ique. “Mais c’est un genre qui a l’a­van­tage de me faire danser des heures en me faisant per­dre la notion du temps”. Il écoute, regarde, décou­vre, fier de ce rassem­ble­ment et ravi de recevoir dans ce domaine dont il a fait l’ac­qui­si­tion “à l’oc­ca­sion du nou­veau mil­lé­naire” il y a un peu plus de dix-sept ans.

Les lon­doniens de Otze­ki ont été très bien accueil­lis par le pub­lic en cette fin d’après-midi sous le signe du rock. Après quelques pogos à l’an­ci­enne provo­qués par le con­cert des hol­landais de Birth of Joy, une douche (très froide) s’im­pose avant de débuter la sec­onde soirée.

Agar Agar. Crédit pho­to : Marine Saiah

De nou­veaux arrivants n’ayant pas pu se libér­er le ven­dre­di soir entrent sur la pro­priété et rejoignent leurs amis arrivés la veille. La nuit est presque tombée quand le jeune duo Agar Agar, de Crac­ki Records, joue “Cuida­do, Peli­gro, Eclipse”. Par leur musique et leur jeu de scène, les deux Parisiens réalisent un live impres­sion­nant d’in­ten­sité. A la scène Che­nil, les DJ-sets des habitués des lieux (Mr Bovary, CLM) assurent très bien les tran­si­tions et les con­certs s’enchaînent.

Il est presque huit heures du matin. L’équipe de Pardonnez-Nous, Saint-James et Pom­rad ont tous sat­is­fait les curieux (re)venus décou­vrir des artistes dans ce lieu très spé­cial de Seine-et-Marne. C’est la joyeuse bande de Rond­point qui ferme les fes­tiv­ités sur un “Love­ly Day” de Bill With­ers plein d’amour. Le jour est levé, les derniers sur­vivants sen­tent bien les gross­es gouttes de pluie qui annon­cent l’or­age, peu importe. Il fal­lait prof­iter de ces dernières min­utes de fête.

Dimanche en début d’après-midi, les DJs ont placé les platines à l’en­trée du camp­ing. Ça par­le musique, bonne bouffe, de cet agréable week-end déjà ter­miné. Ceux qui n’é­taient jamais venu lan­cent des “à l’an­née prochaine”, comme ceux à leur place l’an passé. On a enten­du un fes­ti­va­lier résumer : “Ici, c’est du bouche à oreille pour la bouche et les oreilles”. Con­fir­mé.

Meilleur moment : Le dernier quart d’heure du con­cert de Agar Agar, puis­sance et majesté.

Pire moment : Dimanche après-midi, il fal­lait ren­tr­er à Paris pour se noy­er dans le métro.

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