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30 avril 2015

L’autre passion de : Para One et le cinéma asiatique

par rédaction Tsugi

Après avoir réalisé les BO des films de Céline Sciamma, cet ancien étudiant de la Fémis est en train d’écrire son futur premier long-métrage. Il nous parle de sa passion pour les cinémas asiatiques.

Petit je n’avais pas la télé donc je n’ai découvert les dessins animés japonais qu’à la fin des années 80 avec Akira, un choc énorme qui m’a à la fois donné envie de faire de la musique et d’aller au Japon, pays qui m’a fasciné jusqu’à aujourd’hui. Mais adolescent le cinéma était une idée très lointaine, j’étais centré sur la musique. J’avais juste une petite caméra mais c’était vraiment du bricolage innocent, des séquences de vacances débiles.

Puis j’ai fait un BTS audiovisuel qui mêlait son et vidéo, j’ai découvert le cinéma sur les tournages et ça m’a pris tout de suite, je devais avoir 17 ans. J’ai fini par faire la Fémis (école de cinéma prestigieuse, ndlr), une époque incroyable, une bande qui se crée avec Céline Sciamma, Rebecca Zlotowski… C’est là que je me suis mis en tête de me faire une culture ciné et j’ai craqué pour le cinéma asiatique. Le premier choc c’était Mizoguchi avec Les Contes de la lune vague après la pluie, un cinéaste qui a beaucoup influencé les Français. Il y a une forme de perfection rare dans son cinéma. Il adore ses personnages tout en les regardant comme s’ils faisaient partie de la nature, qu’ils ne faisaient que passer : un mélange de détachement et d’humanisme. En Occident on est très affecté par les personnages, on n’arrive pas à les regarder à la bonne distance, on se bat avec ça, chez Mizoguchi c’est un état naturel.

Puis je suis allé en Asie, d’abord au Japon en 2004 avec Feadz et Tacteel, en tournée, on a vu Kyoto, Tokyo, Kobe… Les bains de néons, les mecs qui fument des clopes ou qui roulent en scooter électrique, je pourrais observer ces univers pendant des semaines, je voyage en Asie tant que je peux, Tokyo, Shanghai, Séoul… J’ai revu récemment Les Rebelles du dieu néon du Taïwanais Tsai Ming-liang et c’est proche de ma façon de filmer, regarder la jeunesse en étant fasciné tout en la remettant en question.

Le Hongkongais Wong Kar-wai a été un sacré choc aussi, ma découverte de Chungking Express, sa poésie premier degré, on ne fait plus ça ici depuis la Nouvelle Vague. La nouvelle vague asiatique a ressuscité cette poésie dans le texte, une voix off, des jeux de mots, des choses légères, qui se jouent de la réalité. On voit ça aussi chez le Chinois Jia Zhangke avec par exemple Plaisirs inconnus, qui filme la jeunesse avec une fraîcheur assez fascinante. Il y a chez les acteurs une impassibilité, même dans des scènes d’une violence inouïe. Leurs visages sont comme des écrans, l’acteur exprime peu de choses, mais c’est toi qui y projettes ce que tu veux. Il y a un goût pour le mélange des genres aussi, de la tragédie, du comique, de l’expérimental, une enveloppe très commerciale qui transgresse vraiment notre façon de compartimenter les genres.

Le cinéma chinois est particulièrement impressionnant et représente le futur. J’ai adoré par exemple A Touch Of Sin de Jia Zhangke, on découvre des zones de la Chine qu’on n’a jamais vues à travers sa caméra. Il faut qu’on puisse découvrir ces endroits qui n’ont rien à voir avec leurs grandes villes très occidentalisées

 

 

 

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