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26 mars 2019

L’EXIT : d’une manifestation étudiante à l’un des plus grands festivals d’Europe

par Axel Pares

Des artistes internationaux, une programmation techno musclée et un intérêt particulier porté au hip-hop. Depuis 19 ans, l’EXIT Festival fait battre le coeur de la Serbie grâce son rayonnement international qui lui vaudra deux Festival Awards en 2013 et 2017. Pourtant, difficile de lui imaginer un tel destin à ses débuts. Crée en 2000 comme une manifestation étudiante contre le régime politique de Milošević, il accueille d’abord des artistes nationaux avant de s’ouvrir peu à peu au reste du monde.

Fort de son succès, l’organisation a investi la grande forteresse de Petrovaradin, située dans la ville de Novi Sad. Un site historique qui ouvre aujourd’hui son enceinte à des figures majeures de la scène électronique. L’affiche de l’édition 2019 annonce la venue du pionnier de la techno de Detroit Jeff Mills, mais également d’I Hate Models, Charlotte de Witte, Paul Kalkbrenner, Amelie Lens, Maceo Plex, Peggy Gou ou encore Carl Craig du 4 au 7 juillet prochain. En attendant l’événement, on a échangé avec Marija Vujović, responsable de sa promotion internationale. Au coeur de la discussion : le chemin parcouru par le festival, son positionnement actuel et ses évolutions futures.

Que reste-t-il de la dimension politique du festival 19 ans après sa création ?

L’EXIT est unique dans le monde des festivals puisqu’il a commencé comme un mouvement étudiant luttant pour la paix et la démocratie en Serbie et dans les Balkans. Cette dimension politique demeure forte encore aujourd’hui. La fondation EXIT  est une organisation à but non lucratif qui se concentre sur l’activisme. Au cours des deux dernières années, son équipe a fait remporter à Novi Sad le titre de Capitale Européenne de la Culture pour l’année 2021. Elle a également lancé la campagne pour la Capitale Européenne de la Jeunesse, que Novi Sad a remporté pour 2019. Nous avons une plateforme prolifique tout au long de l’année, avec diverses campagnes axées sur l’éducation, la paix, la coopération régionale, les campagnes humanitaires… Nous croyons que l’activisme social est aussi important que la musique, c’est pourquoi il occupe une place importante dans la mission du festival.

Qu’est-ce qui a changé depuis les débuts ?

Tout. La Serbie et les Balkans ont énormément changé, mais aussi le monde des festivals. Nous avons été le tout premier festival de musique dans cette partie de l’Europe et maintenant il y en a partout. Ce monde nouveau et compétitif est à la fois stimulant et motivant : il permet d’aller de l’avant. Ce qui n’a pas changé, cependant, c’est un idéal puissant, la mission et les valeurs du festival, qui ont toujours représenté un noyau fort.

Vers 2004-2005, le festival a commencé à programmer de plus gros noms comme Iggy Pop, Massive Attack, Fatboy Slim ou les White Stripes. Qu’est-ce qui a initié ce changement ?

Nous avions cette vision de devenir le meilleur festival d’Europe et l’un des événements les plus importants dans les Balkans. Pour ce faire, nous avions besoin d’intensifier notre jeu et d’attirer des visiteurs internationaux. Engager des artistes populaires était donc l’une des étapes nécessaires. Cela n’a pas été facile pour nous, puisque nous étions très jeunes dans l’industrie de la musique. Les prix de nos billets devaient être abordables pour les gens du pays et à cette époque, certains artistes n’étaient pas vraiment intéressés pour venir dans cette partie de l’Europe. Heureusement, il y avait beaucoup d’artistes ouverts d’esprit qui étaient prêts à franchir le pas et à venir en Serbie pour la première fois de leur carrière !

Le festival mélange plusieurs styles tels que le rock, la techno, l’EDM, le hip hop. Le considérez-vous comme généraliste ?

L’EXIT n’est pas un festival de niche, c’est un événement multigenre et c’est cette diversité qui fait son charme. Nous avons été l’un des premiers festivals à établir une scène de musique électronique aussi importante et aussi grande que la Main Stage, la célèbre Dance Arena. L’EXIT représente tout un spectre de genres, de sous-cultures et de microgroupes. Nous avons récemment annoncé les artistes hip-hop du festival comme un segment spécial. C’est excitant de voir comment nous rassemblons tant de gens différents dans cette forteresse. Je pense que c’est ce qui rend le festival unique.

Depuis mi-2010, le festival intègre de plus en plus d’artistes house et techno dans sa programmation. Est-ce une volonté de suivre l’évolution des tendances musicales ?

Absolument. Nous essayons de suivre les tendances, mais aussi de représenter certains artistes iconiques et adorés du public au fil des ans. L’une des raisons , c’est aussi que les fans d’EXIT adorent la techno. Nous voulions donc frapper fort dans ce style de musique.

Quelle est sa place par rapport aux autres festivals serbes ?

Nous soutenons les festivals de musique en Serbie, car nous pensons qu’il est important que les industries créatives évoluent. C’est formidable que la Serbie n’ait pas seulement des festivals à Belgrade, la capitale, mais aussi dans d’autres villes plus petites. C’est quelque chose de crucial pour le tourisme.

Le festival a une renommée internationale. Avez-vous une responsabilité ou une mission à l’égard de l’influence culturelle de la Serbie dans le monde entier ?

Un journaliste a dit un jour que le festival EXIT est l’une des plus grandes marques de la Serbie, à côté de Novak Djokovic, et qu’il a fait plus pour la communication du pays que tout autre événement. Ce sont des paroles fortes et nous nous sentons responsables de représenter notre pays, la forteresse de Petrovaradin et la ville de Novi Sad de la meilleure façon possible.

Quel est le public du festival ?

Il y a de tout : des petits enfants, des personnes âgées, mais surtout des étudiants de 25 ans en moyenne, avec un bon niveau d’éducation. Ils viennent  non seulement de Serbie et des Balkans, mais aussi de plus de 90 pays du monde. L’année dernière, nous avons enregistré un record de 11% de visiteurs en provenance de pays non européens. L’EXIT est vraiment un festival international.

Le nom du festival était une manière de dire « dehors » au pouvoir de Milošević. A qui diriez-vous « dehors » en 2019 ?

À toutes sortes de répressions. Aux inégalités. À la rhétorique de droite, surtout dans les Balkans.

La ville de Novi Sad où se tient le festival sera la Capitale Européenne de la Culture en 2021. Est-ce que cela fera une différence pour le festival ?

Les trois prochaines années seront importantes pour le festival EXIT : cette année Novi Sad sera la Capitale Européenne de la Jeunesse, en 2021 la ville portera le titre de Capitale Européenne de la Culture, et en 2020 l’EXIT célébrera son 20ème anniversaire. Cette année, la première journée du festival sera consacrée au titre de Capitale Européenne de la Jeunesse et la cérémonie d’ouverture sera axée sur ce thème.

Comment voyez-vous l’évolution du festival dans les années à venir ?

Au cours des deux dernières années, nous avons connu une expansion considérable et avons créé des festivals au Monténégro, en Croatie, en Roumanie et en Bosnie-Herzégovine. Nous avons également soutenu un festival en Géorgie et je crois que c’est dans cette direction que nous allons. L’EXIT reste cependant notre projet le plus important et nous prévoyons de maintenir notre position de premier festival de la région et de rester l’un des meilleurs festivals d’Europe.

Plus d’informations sur l’événement Facebook du festival et sur son site internet.

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