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©ibuki Tsubo
9 juillet 2021

🕺💃 Ma première fois en club : les artistes racontent (ep. 2)

par Sylvain Di Cristo

Aujourd’hui, les clubs de France rouvrent après une longue, longue pause. Parce qu’on va enfin pouvoir se créer de nouveaux souvenirs dans ces petites ou grandes boites sombres, c’est aussi l’occasion de se raconter ceux qu’on a déjà. Parmi ces souvenirs, il y en a un plus mémorable que les autres, c’est celui de sa première fois. Qu’elle soit au mythique Pulp pour Rag de Barbi(e)turix ou au Centaure autour du bassin d’Arcachon pour la chroniqueuse de Quotidien Ambre Chalumeau, la première fois est toujours une sacrée histoire, qu’artistes ou personnalités ont bien voulu nous raconter.

 

Alice et moi, artiste d’électro-pop française : « Je suis arrivée résolue, persuadée que cette fois-ci, j’allais enfin pécho »

C’était aux Planches à Paris. À l’époque, ils faisaient des soirées qui finissaient à minuit pour les moins de 18 ans sans alcool, avec les tubes du moment. J’étais venue avec mes copines et je n’avais jamais embrassé de mec de ma vie. Je devais avoir 15 ou 16 ans et j’en avais vraiment marre de n’avoir jamais pécho alors que mes copines l’avaient déjà toutes fait. Donc je suis arrivée résolue, persuadée que cette fois-ci, j’allais enfin pécho. On est entré dans la boite, je n’arrivais pas trop à trouver un mec, j’avais peur à l’idée d’embrasser quelqu’un, donc je suis restée danser quasiment toute la soirée avec mes copines. Quand j’y repense, c’était énorme cette soirée : il y avait une grosse ambiance alors qu’il n’était même pas minuit.

La soirée bat son plein et d’un coup j’ai une révélation, parce qu’il y avait une annonce qui disait que ça allait bientôt fermer. Alors en plein milieu du club je me dis : « Il faut que tu fasses quelque chose, c’est pas possible, tu vas te retourner et le premier mec que tu vois, tu l’embrasses, peu importe qui c’est ». Et c’est ce que j’ai fait : je me suis retournée, on était dans la pénombre donc je ne l’ai pas bien vu mais j’ai embrassé ce mec derrière moi… c’était horrible (rires). Il m’a fait le coup typique de la machine à laver avec la langue à fond, mais bon, peut-être que j’y étais pour quelque chose. C’était vraiment pas ouf, mais en plus il y a eu un stroboscope qui l’a éclairé juste après, et j’ai capté qu’il n’était pas magnifique du tout. C’était un peu un beauf, faussement bling bling (parce qu’on était jeunes) avec la fausse montre et la chaîne en or. On s’est embrassé et je suis repartie tout de suite avec mes copines. J’ai fui comme jamais. C’est comme ça que j’ai embrassé un mec pour la première fois, pour ma première fois en boîte… Pas génial mais j’étais quand même contente d’avoir réussi. Je ne l’ai jamais revu et heureusement, c’est ça les ambiances de boites : avec l’anonymat, tu fais ce que tu veux et personne ne revient t’embêter.

 

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Ambre Chalumeau, chroniqueuse à Quotidien : « J’étais à peu près autant dans mon élément qu’un daron à un concert de One Direction »

Accrochez-vous : ma première boîte s’appelait Le Centaure. Si si. Un lieu de débauche souterrain, caché entre le distributeur LCI et le salon de coiffure d’une petite station balnéaire. Le bled avait trois boîtes, mais le Centaure était la seule où on pouvait potentiellement rentrer en étant mineurs ; et mes potes, qui avaient passé l’été à networker avec la détermination d’un candidat aux élections régionales, s’étaient liés avec des habitués qui les avaient présentés au videur. N’empêche que dans la queue je stressais comme une espagnol LV2 sur le point de passer son oral d’allemand. J’avais 15 ans. On s’est pointés devant le videur patibulaire, dans une formation stratégique directement inspirée de l’Art de la guerre de Sun Tzu chapitre 4 : une habituée à l’avant, les bonnasses à sa suite, les mecs derrière, et moi, brave bouboule intello en plein âge ingrat, cachée au milieu derrière mes cheveux. À ce jour, je ne sais toujours pas me tenir correctement devant un videur, mais là miracle : le mec m’ignore, et on rentre.

Pour accéder au Centaure il fallait descendre de longs escaliers – ce qui laisse en théorie assez de temps pour changer d’avis et rentrer chez soi. Et pourtant… En bas, le patron avait installé des banquettes rouges dont, pour sauver ma vie ou gagner Question pour un champion, je ne saurais pas vous dire la matière, et avait collé aux murs de l’aluminium qui renvoyait la lumière des projecteurs roses. Tout était ultra kitsch, mais dans la nuit ça prenait une certaine magie fragile, un peu comme les décors de fête foraine. Je détestais la musique qui passait (c’était l’été 2012, et comme la mémoire a tendance à évacuer les souvenirs douloureux, vous avez oublié que c’était l’été de « Call Me Maybe »), mais le DJ, un quadragénaire juché dans un booth triste, avait à mes yeux inexpérimentés des allures presque professionnelles, une aura américaine low cost, à tourner ses boutons les sourcils froncés comme s’il faisait une opération à cÅ“ur ouvert.

Mais sitôt entrée, je me suis sentie mal à l’aise. J’ai découvert la cruelle pyramide de valeurs de la boîte de nuit : tout se jouait sur le physique, la personnalité n’avait rien à faire là-dedans, puisque le volume sonore permettait seulement d’avoir entre chaque morceau des conversations de guichet d’administration : Prénom ? Âge ? Lieu de naissance ? Normalement les boîtes c’est fait pour oublier qui on est ; moi ça me rappelait au contraire exactement ce que j’étais – et surtout ce que je n’étais pas. Moralité, j’ai payé une fortune un, deux, trois vodka pommes (mettez-moi un vodka pommier, qu’on en finisse), et j’ai réussi à tenir quelques heures, à peu près autant dans mon élément qu’un daron à un concert de One direction. Bref, pas une réussite. N’empêche qu’il y a quelques années, le Centaure a fermé. Ça avait fait la une du journal local, et vous savez quoi : même moi, ça m’a fait bizarre.

 

LISA, DJ résidente du 1O1 à Clermont-Ferrand : « J’ai l’impression d’être passée dans un monde parallèle »

J’ai 15 ans, je fais le mur régulièrement et je modifie ma carte d’identité sur Photoshop pour pouvoir acheter des clopes et de l’alcool au cas où on me demande. Ce soir-là, on part avec une amie, direction le centre-ville de Clermont-Ferrand, et on arrive dans un before, avec des gens plus âgés. Tout est magique, même ce before qui maintenant me paraîtrait banal. Mais pour une fois, je me sens vraiment dans mon élément, la musique me plaît, l’ambiance aussi, et je ne suis pas en train de zoner en écoutant du son sur une petite enceinte de poche dans la rue, mais bien sur des monitoring, dans un appart avec des inconnus où la techno défile. Le temps passe très vite, on est dans un état pitoyable mais on se sent vraiment bien. Et là, quelqu’un lâche : « Allez, on bouge au 1O1 ! » J’en ai entendu parler plein de fois mais je n’ai jamais tenté d’y aller, je suis trop jeune. Mais tout le monde se chauffe instantanément et on décide de suivre le mouvement. Qu’est-ce qu’on a à perdre ? Le club est à cinq minutes. Devant, au loin, on aperçoit déjà quelques clubbers déchaînés en pause clope. On s’approche. À chaque fois que la porte d’entrée s’ouvre, on entend une déferlante de kicks qui raisonnent comme une aura autour de cette devanture noire en forme de temple. On arrive devant les videurs, tous les autres sont des habitués mais ma pote et moi, on n’est pas trop sereines. Je tiens quand même mon Blackberry avec ma fausse carte d’identité en photo dessus, fermement dans ma main, prête à dégainer car je sais qu’il ne faut pas avoir l’air de douter devant eux. Mais heureusement, ils n’y voient que du feu. Je range mon téléphone et je descends dans cette cave mystique, sans savoir ce qui m’attend.

On passe le SAS et là, j’ai l’impression de passer dans un monde parallèle. On arrive en plein peaktime (ce que je ne savais pas à l’époque), c’est la folie. Le club est blindé, les stroboscopes sont en furie. Je crois être restée ébahie un bon moment. En tout cas, la vague de clubbers m’amène rapidement jusqu’au dancefloor. Derrière les platines, le résident Syrob. Je ne me rappelle plus exactement de la musique mais je me souviens de la vibe incroyable de ce moment, qui s’est transformé en heures car je n’ai plus décollé du dancefloor jusqu’à la fin, comme portée par les kicks, me faisant sentir confortablement invisible, flottant au-dessus de tout. Je suis rentrée chez moi, déchirée, fatiguée, et en même temps pleine d’adrénaline. Je passe silencieusement par le garage, me glisse dans mon lit et me dis que j’ai envie de ressentir ça pour toujours, car à ce moment-là, je me suis sentie vraiment bien. Aujourd’hui, je travaille dans ce club depuis maintenant trois ans, notamment en tant que DJ, et la magie ne s’est jamais estompée jusqu’à la pandémie il y a un an, qui a rendu le 1O1 silencieux, endormi, mais pas mort. Et nous avons besoin de le réveiller.

 

Charles Di Falco (Positive Education Festival, Fils de Jacob) : « Ça devenait une obsession »

Le club et moi, c’est un peu plus qu’une première fois. Le 4 novembre 1989, mes parents ont ouvert leur premier club, à environ 30 minutes de Saint-Étienne et 45 minutes de Lyon. La toute première fois que j’ai vu un club, donc, c’était pendant sa construction. Je n’imaginais pas à ce moment-là que j’y passerai la plupart de mes week-ends, mais la tension était là ; chaque vendredi soir, je me sentais abandonné par ma tribu qui partait en boîte sans moi – j’étais trop jeune – et j’ai attendu deux ans ce jour où je pourrais y aller avec eux. Ça devenait une obsession. Mon grand frère et ses potes faisaient ma culture musicale et j’écoutais les anecdotes du week-end. J’avais le son mais impossible de mettre une image dessus. Puis, à force de crises à répétition, mes parents m’ont enfin accordé le 31 décembre 1991. Le club ressemblait à un temple au milieu de la campagne, une allée de colonne rouge avec un triangle posé dessus. Arrivé sur le parking, de nuit, tout avait changé. J’entendais les basses faire trembler ce que je ne voyais plus comme ma deuxième maison, mais comme un monument : je ne reconnaissais plus les lieux, j’hallucinais. Arrivé à l’entrée, c’était comme une nouvelle première fois, l’interrupteur que je n’avais pas trouvé. La porte s’ouvre et j’étais déjà un habitué. Tout le monde m’embrasse et il y avait pas moins de 800 ou 1 000 personnes dans un endroit que j’avais identifié comme ma « chambre-salon ». Moi qui adore quand on a des invités, j’étais refait.

Je traverse ce hall de métal et de paillette sur fond noir, un mélange de parfum inoubliable ; tout le monde est dans le même état, préparé pour vivre un moment incroyable. On ne s’entendait pas crier, c’était fou. Depuis le bord du club, avant de s’enfoncer dans la salle, on ne voyait rien de plus que de la fumée, des lumières noires sur les murs, des flashs et des rayons de lumière. J’ai le souvenir qu’il y avait plein de gens en salopette, des gants blancs, certains faisaient des pas de danse comme dans les clips. Il y en avait avec des sucettes de bébé aussi… C’était une boom de grands enfants. J’ai dansé toute la nuit et j’y ai davantage découvert l’ambiance que la musique. C’était l’année de « Makin’ Happy » par Crystal Waters ou d' »Everybody in the Place » par The Prodigy, et pas mal de titres qu’on pouvait facilement écouter à la radio. J’étais un gamin hyper timide, j’ai demandé qu’un seul titre au DJ ce soir-là. C’était le début d’une longue et inconditionnelle histoire d’amour entre la musique, moi, et la communion. Avec mes cousins, on est rentrés une fois le jour levé, avec le sentiment qu’on avait vécu quelque chose d’inexplicable, jusqu’à s’endormir tous ensemble avec un fond de musique avant de se faire une bonne journée console.

 

Rag (Barbi(e)turix) : « Arriver dans le club et voir toutes ces filles, c’était comme une libération »

Je devais avoir 18 ou 19 ans quand on est allé au Pulp. C’était une boite lesbienne [fermée en 2007, ndr] qui était sur les Grands Boulevards. À cette époque, j’étais au lycée et je découvrais mon homosexualité, ce qui n’est pas forcément évident quand tu n’as aucun repère de ce que sont ces sensations et ces sentiments. Maintenant j’ai 43 ans, et à l’époque il n’y avait pas de réseaux sociaux, donc c’était plus difficile. Une amie à moi, dont la grande sœur était lesbienne, nous a dit : « Viens on va dans une boite super qui s’appelle le Pulp », donc on est allé là-bas, c’était le soir de Noël, le 25 décembre. Avec mes copines du lycée, on vivait en banlieue parisienne et il fallait s’organiser, venir en voiture, prévoir le temps d’y aller et d’y revenir. Une fois sur place, on est donc resté toute la nuit. Quand on est arrivé, il n’y avait pas grand monde, mais c’était pour moi comme un nouveau monde que je découvrais.

Avec le recul, je revois des choses dont je n’avais pas conscience à l’époque : par exemple une queue aux toilettes avec des gens qui rentraient par deux ou trois dans les cabines, mais moi je ne comprenais pas pourquoi ils avaient besoin d’y aller à plusieurs. Quand j’y repense, à ma naïveté aussi, j’en rigole un peu. Pareil pour l’alcool ou le comportement des gens, en assistant à des scènes qui me paraissaient incroyables comme deux filles qui se roulent des pelles puis une troisième qui les rejoint, aujourd’hui ça m’émoustille beaucoup moins (rires). Quand c’est la première fois, tu n’as pas les codes, donc tu ne comprends pas tout. Mais je me revois encore pousser les portes d’attentes, arriver dans le club et de voir toutes ces filles, c’était comme une libération et le début d’une grande aventure. Après cette soirée, on est vraiment devenu un groupe soudé avec mes copines. On était toutes lesbiennes (ou en recherche de quelque chose) et c’est cette première fois en club qui a créé beaucoup de liens. Forcément, après j’y étais accro et j’y allais tous les week-ends. Le clubbing n’est donc pas venu d’une inspiration musicale pour moi : je n’y allais pas tant pour le son que pour le refuge que ça représentait. Ce que j’aimais, c’était le lieu de rencontre et l’aspect sulfureux. À l’époque, la musique qui passait en club je m’en foutais un peu, surtout que les samedis soir au Pulp, ils passaient les tubes de la radio et même des slows, c’est dire ! Au fil des années, le Pulp a commencé à présenter des programmations plus étoffées en fonction des jours, du mercredi rock jusqu’au samedi mainstream, donc forcément ma curiosité musicale s’est développée là-bas pour finalement créer ma vocation. Aujourd’hui j’organise des soirées, je mixe et je vis quasiment dans les clubs.

 

Flore, prêtresse française de la bass music  : « Cette situation a la goût d’un fruit défendu »

J’avais 16 ans pour ma première soirée en boite. C’était avant que je rencontre réellement la musique électronique. Une copine à moi, plus âgée, m’avait convaincu qu’on devait y aller, et après moult négociations avec ma maman, celle-ci m’avait accordé quelques heures. « Et c’est ton frère qui viendra te chercher à 1h pétante ! » C’était un petit club en plein centre-ville qui avait plutôt une image branchée, loin des énormes discothèques plutôt ringardes de périphérie. J’étais très impressionnée. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, je savais juste que quand on passait à coté en journée, l’entrebâillement de la porte révélait une salle sombre et mystérieuse, au parfum de clopes froides et de bière, et qu’un grand mec baraqué peu sympathique en était le gérant. Avec ma copine, on paie l’entrée (un truc dérisoire) et on file direct au bar, commander deux Malibu ananas. J’avais déjà l’impression d’avoir gravi une montagne, j’étais mineure mais j’avais passé le test, apparemment j’avais tout d’une grande. Vu qu’on n’a pas beaucoup de temps ma copine et moi, on arrive tôt sur place, le club est vide. La musique est forte et ça résonne pas mal – rien de plus inconfortable qu’un club de début de soirée – mais ce soir, c’était ma grande première, c’était totalement inédit : « Alors c’est ÇA ?! »

Le temps passe, le mec au bar nous garde à l’œil (il n’est pas dupe sur notre âge celui-là). Nous, on enchaîne les Malibu et on prend doucement nos marques sur la piste de danse. Aucune idée de la musique qu’ils passaient, ni s’il y avait un DJ sur place, mais dans mon souvenir ce n’était pas de la variété. Ma copine était très fan de dance belge et d’acid house, donc j’aurais tendance à penser que c’était quelque chose dans ce registre… En tout cas, ça me plaisait, moi qui ait toujours adoré danser, impossible de résister à ce beat même si j’avais l’impression que tous les regards étaient braqués sur moi. Autre découverte du club : les regards. Il est minuit moins le quart et ça rentre doucement. Les gens se regardent. Les garçons au bar matent les filles, nous on rigole, on a un peu peur, toute cette situation a la goût d’un fruit défendu. C’est parti, on se fait brancher. Deux gars, plutôt du genre à avoir menti sur leur âge également viennent nous parler lors d’une brève pause au bar. Première drague par un inconnu, en dehors du collège. Moi, la fille complexée et pas très en confiance sur son physique, je découvre la proximité d’un corps que je ne connais pas, sa moiteur, les discussions dans le creux de l’oreille, le souffle dans le cou à cause du système son trop fort. Un véritable tourbillon de saveurs confondues, excitation, gène, nervosité, exaltation… Je commence à apprécier le son fort. Dans n’importe quel autre contexte, c’est interdit d’écouter du son aussi fort. Je découvre la vibration, celle du sol et celle qui rentre dans mon estomac… Il crée comme des traits d’union entre tous ces corps dans l’espace du club. Ça me donne du courage, j’ai l’impression d’être une autre.

On me tape sur l’épaule, c’est le videur : « Hey, y’a ton frère dehors ». Quoi ? Non ! Comme Cendrillon après le carillon de minuit, il faut partir… Le pauvre garçon avec qui je discutais depuis un moment réalise que je ne suis pas celle qu’il pensait et ma copine trouve la situation très relou elle aussi, on traîne tant qu’on peut, mais il faut partir. Transpirante et excitée, je rejoins mon frère, qui fait la gueule. Je fais la bise à ma copine qui habite à côté. Sans trop réaliser, j’avais amorcé le changement. Je ne le savais pas, mais plus tard, j’en ferai mon terrain de jeu, et aux cotés d’animaux bizarres je découvrirai ses codes et sa magie. Selon moi, on retourne toute notre vie sur ces premiers moments de transgression ; pour moi, ce sera la Nuit.

 

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