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23 septembre 2014

Marie Madeleine, « mi-sainte, mi-pute », veut se mettre à la variété française

par rédaction Tsugi

Marie Madeleine est né en 2010, dans une soirée entre pote arrosée et enfumée. Avec un slogan à la provoc’ taillée pour le buzz, « mi-pute, mi-sainte », le groupe messin et sa disco wave froide et sensuelle taille sa route à vive allure.

A quelques heures du lancement de leur nouveau maxi Useless / Highway, sur Beef Wellington Records, on les a rencontré.

Tsugi : Vous avez formé Marie Madeleine il y a un peu plus de trois ans. Comment ça s’est passé ?

Jarco Weiss : Avec Greg et Maxime, on est des vieux potes. J’habitais au Canada, je suis revenu pour des vacances et forcément on boit des coups, on fume des joints on se fait écouter des trucs. Je fredonne une mélodie, j’écris un texte, on enregistre et on fait notre premier morceau qui s’appelle « Highway », qu’on sort maintenant. 

Six mois plus tard je mixe avec Mathieu d’Ekler’o’shock au festival de Cannes, sur le bateau Arte. Il me dit « c’est quoi ça », je lui dit que c’est notre nouveau morceau, « Swimming Pool », « c’est cool, on vous signe ». En mai on a donc deux morceaux, un EP annoncé en septembre et il faut qu’on prépare un live pour la release party. 

Comment le groupe évolue depuis ? 

Avec Swimming Pool, on a eu pas mal de visibilité et d’écoutes. On fait des lives et, sachant que j’étais DJ à la base et que donc je n’avais jamais chanté sur scène avant, je prends des cours de chant. On se met à taffer à mort. 

Très vite on a joué au Eurockéennes et on est parti en tournée en Chine. Mais on s’est rendu compte que comme on a fait le chemin inverse et qu’on a pas beaucoup d’expérience de concerts, le live est malheureusement un peu bancal et on déçoit. 

Du coup on a changé un peu les choses et Guillaume et Anna nous ont rejoint pour les lives. C’est une formule un peu bizarre : tu as le côté live et le côté studio. Mais ça marche. Maintenant ça tourne bien et on a un live à la hauteur des morceaux. 

Marie Madeleine, mi sainte, mi-pute. Pourquoi ? 

On aime bien ce côté dualité. Un de mes films préférés est Full Metal Jacket. Il y a ce mec avec un casque où d’un côté il est écrit « Peace and love » et de l’autre « Born to kill » (Jarco a un tatouage « Amour » sur une main, « No Love » sur l’autre, ndlr). Marie Madeleine a ce côté là du yin et yang de la femme. Chacun a en soi du bien du mal, du sombre du clair… 

Comment ça se traduit dans votre musique ? 

A la base, elle se traduisait dans le style qu’on a inventé, le disco wave, même si le terme a déjà été utilisé avant nous : à la fois des influences du disco dans les rythmiques et ce côté new wave/cold wave dans la voix et dans les mélodies. L’idée c’était de faire pleurer et faire danser les gens en même temps. 

Votre musique et votre image semble à la fois provoc’, trash et assez nihiliste. Ça te semble être une bonne description ?

Le nihiliste me plait beaucoup parce qu’on est avant tout une bande de petits cons, on a tous plus ou moins choisis de faire de la musique pour faire ce qu’on veut. Ça se ressent aussi dans notre manière de bosser : on est producteurs de nos œuvres, même si on bosse avec des labels. Il y a souvent des conflits sur des axes de promo ou de marketing. J’ai parfois du mal à accepter de vendre un petit peu mon âme. 

Par exemple je lisais un article sur ce mouvement anti-Spotify où tu as aussi bien Thom York que Will.I.Am ou les Black Keys. Ça me fait chier d’être sur Spotify, mais aujourd’hui tu es obligé d’être dans ce système pour vendre ton truc.

Sur Facebook vous postez des sons de Daniel Darc à Nancy Wang en passant par Caribou, Tim Paris ou Hot Natured. C’est votre mur d’inspiration ?

On va chercher l’inspiration partout. Guillaume vient plus de l’électro. Moi mes grosses racines viennent du rap, ce qui surprend un peu les gens. Joy Division, je connais deux morceaux, je suis plutôt The Notorious B.I.G ou le Wu-Tang. Par le hip-hop il y a la culture du sample, d’aller chercher les morceaux originaux. Ça attise la curiosité et ça permet de découvrir plein de trucs. 

On aime aussi des trucs super underground mais je suis aussi un gros fan de Justin Timberlake. Et j’assume complètement. Je pense que Justin Timberlake a sublimé Michael Jackson, ce mec a tout compris au groove. Quand tu écoutes ses morceaux tu as envie de rire, de danser, de faire l’amour, de manger des bananes.

Vous avez sorti chez Ekler’o’shock une « trinité musicale ». C’est quoi le principe ? 

Comme on était parti sur Marie Madeleine, mi-sainte mi-pute, il y avait ce côté mystique, religieux, catholique. Et on ne voulait pas s’arrêter à un style donc on a essayé d’avoir trois faces de notre personnalité. Avec un premier EP beaucoup plus disco (Swimming Pool), un deuxième plus cold wave (Ural Baikal Amour) et le dernier plus pop (No Apologies). 

Ce nouveau maxi, c’est le début d’un nouveau projet ? 

C’est plutôt un point virgule. On tourne une page avec cet EP et on passe à un nouveau chapitre qui va être un album en français. On a déjà deux morceaux en préparation. J’ai assez envie d’aller taquiner la variété française. Avec des influences comme Maxime Le Forestier, William Sheller, Souchon ou Voulzy, dans les textes.

Aujourd’hui il y a un renouveau de la langue française dans la musique, avec des groupes de rock français à la Fauve ou Grand Blanc, ou de la new wave avec Yan Wagner. En variété il y a Sebastien Tellier et Stromae. Ils sont ce qu’ils sont, mais c’est vrai qu’il y a un manque de chanson françaises populaires. 

Votre pochette, on en parle ? 

C’est un copain, Jimbo, qui l’a faite. On voulait garder ce côté sensuel, provoc’ etc mais se détacher de la nudité qui reste un peu cliché. Il m’a montré ça et pour moi il a compris l’essence de Marie Madeleine. Quand ma maman l’a vu elle a dit « ah, toujours des putes, toujours des culs ». C’est juste des fruits.  

Vous jouez ce soir au Point Ephémère. Une bonne raison pour venir vous voir ? 

On va transpirer. On va se mettre tout nu. 

Ok, donc transpirants et tout nus… 

On a plein de bonnes raisons. Déjà, la première bonne raison ce sera Night Riders. C’est le groupe qui m’a marqué l’année dernière et on est vraiment content de partager des aventures avec eux. Ils font notre première partie, ils ont fait une cover d’un de nos morceaux qui est sur l’EP.

Ça fait deux mois qu’on bosse sur ce nouveau live, on a acheté des nouveaux synthés qui envoient du gros sons et on a de la gratte qui envoi du pâté. Ça va être beau, ça va être bien, ça va suer. 

Marie Madeleine joue au Point Ephémère ce soir pour le lancement de Useless / Highway.

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