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Cassy @MDRNTY Cruise. Crédit : David Holderbach
20 juin 2018

MDRNTY Cruise : quand la croisière s’amuse

par Clémence Meunier

Prenez 1700 fêtards. Mettez-les pendant trois jours sur un bateau. Avec open-bar, plus de nourriture qu’il n’en faut, une piscine, un casino, des transats et du soleil. Partez de Gênes, allez en Sardaigne, en Corse, puis retour à Gênes. Et saupoudrez tout ça d’une programmation forte de 50 artistes, entre Ricardo Villalobos, Stephan Bodzin en live, Pan-Pot, Cassy ou Black Coffee, histoire de faire danser tout ce petit monde 24 heures sur 24. Le résultat ? Un Disneyland de la teuf, une parenthèse indécente sur la Méditerranée, une expérience improbable où l’on se retrouve à rêver d’être un émir vivant toute l’année dans un confort all inclusive. Tout ça, c’est MDRNTY Cruise, une croisière de dingo voguant chaque année entre house, techno, et tout ce qui flotte entre les deux. A commencer par Eagles & Butterflies, officiant sur la Pool Stage – le dancefloor est en fait une des piscines du bateau, un immense paquebot du nom de MSC Opéra, vidée de son eau. Premier cocktail offert, premier coup de soleil, premier beau moment house. Des Russes en goguette sirotent du champagne, des Français ayant gagné un concours papotent sur les transats, de gros biscottos aux tatouages tribaux côtoient des Italiens en vacances, certaines sont en robes longues, d’autres en déguisement d’infirmière. Rarement une foule aura été si bigarrée. Et rarement nos préjugés auront été démontés aussi rapidement : tout le monde, du plus Ibiza-esque au plus hipster, du plus vieux (certains danseurs assumaient bien leur cinquantaine) aux post-ados surexcitées, se côtoie et échange avec le sourire. On s’attendait à du m’as-tu-vu, on a eu de la communion. On s’attendait à de la viande soûle (l’open-bar comprenait à peu près tous les types d’alcool, en doses non négligeables), c’est tout juste si certains ont eu l’estomac un peu remué quand la houle se faisait capricieuse le dernier soir. Stop au snobisme, et place à la fête, celle qu’on fait les bras en l’air, la peau gorgée de sel, toute l’après-midi.

Crédit : David Holderbach

Car c’est en journée que MDRNTY prend tout son sens, avec ses cocktails de fruits et ses jacuzzis, en tong sur le pont. La croisière se vit en plein air, et les équipes suisses (déjà derrière le Caprices Festival) qui organisent l’événement le savent bien : le line-up en journée est excellent, avec Eagles & Butterflies donc, mais aussi Cassy, Djebali ou Audiofly. Et Matthew Dekay, qui a offert un sacré bonbon le dernier jour, en enchaînant « Gypsy Woman » de Crystal Waters avec « French Kiss » de Lil Louis et « I Feel Love » de Donna Summer. Trois classiques que tout le monde fredonne au coucher du soleil, quelque soit sa nationalité, son âge, son look, pendant que le bateau file à tout à allure sur la mer d’huile. Un petit aperçu du paradis.

Mais quand vient la nuit, que faire ? Danser, toujours. Le bateau renferme trois clubs, deux au formats poche et un plus grand pour les têtes d’affiche, comme LA star de ces trois jours : Ricardo Villalobos. Son set a beau avoir été déplacé plusieurs fois, tout le monde n’avait que ce nom à la bouche… Ou ailleurs : comment louper ce fan qui avait le visage de Villalobos tatoué sur chacun de ses mollets ? Le set est évidemment impeccable, mais l’endroit est sur-chauffé, sur-rempli. Plus que ce club principal, c’est le deuxième soir, dans un des plus petits dancefloors, qu’on aura pris notre claque maritime : merci la house des quatre fantastiques Lazare Hoche, Hyenah, Culoe De Song et Black Coffee !

Stephan Bodzin, toujours aussi bon en live. Crédit : David Holderbach

Dans sa communication, MDRNTY insiste sur le fait d’offrir une « expérience » à ses participants. Le terme est éculé, sorte de vague concept marketing utilisé à toutes les sauces. Mais là, on se doit d’avouer que c’est le cas : MDRNTY, c’est expérimenter un public inhabituel pour les fans du Rex ou des warehouses de la banlieue parisienne. C’est expérimenter une musique certes accessible, mais qui n’oublie jamais d’être exigeante, avec des mixes à la technique impeccable. C’est expérimenter le luxe mélangé à la débauche. C’était le kiff.

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