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10 septembre 2015

On était aux dix ans d’Electrosanne, et ça valait le coup

par rédaction Tsugi

Ce n’est un secret pour personne, nos voisins suisses sont férus de culture. On leur doit de nombreux festivals comme le Paléo, le Montreux Jazz Festival, mais aussi Electrosanne qui fêtait cette année son dixième anniversaire. D’ailleurs, nous n’avons pas pu résister à l’envie d’y assister. Si vous avez quelques minutes devant vous, nous vous invitons donc à découvrir nos pérégrinations musicales en terre helvétique…

Jour 1 

Première bonne surprise, le festival est implanté en plein cœur de la ville. Il se trouve dans le quartier urbain du Flon, à quelques pas de la vieille ville et de son ambiance magique. Arrivés pile à l’heure du début de la conférence de Busy P au Friends Café de Lhotel, situé juste en face de la place de l’Europe, quartier général du festival. Présenté par Patrick Thévenin, cet entretien intimiste réalisé à l’initiative de la Red Bull Music Academy se révèle très intéressant car le producteur à la tête d’Ed Banger est loin d’être radin en anecdotes, souvent très drôles. De plus, il balaie différents sujets comme la french touch, son label, Club 75 mais aussi son poulain Boston Bun et Para One la dernière recrue du label. Il parle également de l’effervescence de la scène française, revient sur les différents labels qui la font vivre et sur son rôle de curateur lors de l’édition 2009 du festival Nuits Sonores.

Une fois la conférence terminée, nous quittons notre confortable siège pour une mise en jambe à l’Open Air qui débute tout juste. La transition est plutôt réussie puisqu’à notre arrivée devant la grande scène nous sommes accueillis par Pete Rock. Oui, malgré son nom, Electrosanne s’ouvre cette année au hip hop et a vu les choses en grand en conviant quelques génies. Sa performance, quoique un peu timide au début, se réchauffe rapidement quand il passe l’hymne funk « Candy » de Cameo ou lorsqu’il se met à scratcher sur « Sex Machine » de James Brown. À quelques mètres de là, nous découvrons la Red Bull Music Academy Stage qui recevra plus tard dans la soirée un B2B de 4h entre Daniel Avery et Roman Flügel. Mais avant cela, c’est Mimetic, un suisse flirtant avec l’indus, qui ouvre le bal, suivi par l’allemand PalmTrax pour un live house de grande qualité. D’ailleurs, nous avons appris qu’il était à Tokyo pour l’édition 2014 de la RBMA et il est certain que l’on gardera un œil sur ce jeune producteur prometteur. 

À peine le temps de choisir un food truck pour nous restaurer que nous sommes appelés par des beats bien accrocheurs. Curieux, nous décidons de sauter le repas. Quelle bonne idée nous avons eu ! Le monstre J Rocc ambiance à ce moment là la grande scène avec ses pépites hip-hop. Si bien que nous avons du nous retenir de shazamer à tout va (J Rocc si tu nous lis nous serions curieux de connaitre le nom de la dernière track…) La suite est assurée par Roman Flugel et Daniel Avery, deux génies de la techno, alliés pour l’occasion dans un set explosif de 4h. Aussi différents que complémentaires, ces deux-là savent amener avec une grande ingéniosité des tracks terribles qui s’enchaînent à une vitesse folle. On en oublierait presque que de l’autre côté se joue un autre b2b très attendu. Busy P et Boston Bun retournent complètement la grande scène, l’euphorie de la foule à son comble semble gonflée à bloc les deux DJs, toujours très complices. Nous leur dédions nos derniers pas de danses avant de regagner nos lits pour se préparer à la suite des festivités.

Jour 2

Comme la veille, la journée débute par une conférence cette fois-ci animée par Lauren Martin qui présente Daniel Avery. Le producteur revient sur sa carrière, ses mentors Erol Alkan et Andrew Weatherall et sa manière de composer ses sons si bruts que l’on retrouve notamment tout au long du très bon album Drone Logic. Ensuite, sur les lieux de l’Open Air, nous sommes accueillis par Laolu dont le set judicieux et plutôt tech house nous met en appétit pour cette deuxième journée musicale à Lausanne. Plus tard et du côté de la Red Bull stage, nous découvrons un Mumdance chargé à bloc qui balance un mix entre drum’n‘bass, hardcore et même jungle à la hauteur de nos espérances. D’ailleurs, il reprendra son « 1 sec » en collaboration avec Novelist dans une version particulièrement sauvage pleine de basses agressives. Un des grands moments de la soirée. Il est suivi par le plus posé et expérimental Koreless dont le live hypnotique nous offre un voyage aux frontières du spirituel.

Pour redescendre sur terre, quoi de mieux que François K ? Remixeur et producteur de talent dont la renommée n’est plus à faire, c’est un grand plaisir que de le retrouver ici à Lausanne au cours d’un set bien trop court à notre goût. Nous nous remontons le moral en nous disant que l’on retrouvera cette légende dès le lendemain à la conférence Red Bull. Le reste de la soirée se partage entre Nina Kraviz d’un côté, dont le classique « Ghetto Kraviz » a été superbement remixé par Regal récemment, et les deux copains de Mount Kimbie de l’autre. La grande scène est inaccessible tant les gens se pressent pour voir la belle russe. Nous préfèrons donc passer plus de temps à la Red Bull Stage qui abrite l’étonnant binôme anglais. Ils passent leur remix totalement déstructuré « Basic Space » de The xx et offrent ainsi au public un moment bien chaleureux.

Ce deuxième jour de festival lance le top départ des soirées en partenariat avec quatre clubs bien singuliers. Si le D !Club accueillait Marcel Dettman et Djerry C, nous avons préféré explorer le Bourg où Cristian Dinamarca et Ghazal, les deux boss du label suédois Staycore, font danser la petite centaine de gens présents. Et oui, le club, ou plutôt le cinéma, est relativement étroit mais nous avons pu y apprécier un set aux saveurs exotiques de qualité même si nous avons été un peu déçus de ne pas entendre le fameux « Needy » de Cristian. Nous nous dirigeons ensuite vers le live de la suisse Verveine au Romandie mais nous n’entendrons que les dernières minutes de son show. Pourtant, ces quelques instants nous confirment une fois de plus son talent et on se promet de ne pas la louper si l’occasion se représente.

Jour 3

Dernier jour à Lausanne…quelle tristesse ! Oui, on s’acclimate très bien à cette jolie ville et on ne dirait pas non à quelques jours de plus. Après un tour au bord de lac Léman, nous revenons au Friends Café pour la dernière conférence du festival. Et comme annoncé plus haut, c’est au tour de François Kevorkian de se confesser devant une salle une nouvelle fois bien remplie. Nous avons de la chance car il est d’humeur bien bavarde ce jour-là. En 1h30, ce remixeur passionné, qui a été approché par Kraftwerk rappelons-le, revient sur son début de carrière, sa découverte du dub et de la Jamaïque, mais aussi de l’apogée du Dubstep, Deep Space et des mythiques soirées Body & Soul.

Ensuite, comme les deux jours précédents, nous prenons le chemin de l’Open Air où la grande scène accueille une collaboration exceptionnelle entre deux labels. La Suisse est représentée par Armes Noise et c’est Bromance qui s’occupe de montrer le savoir-faire français. Nous découvrons alors le rappeur Yvdre et l’instrumentaliste talentueux Sebb Bash qui défendront avec une grande ferveur la scène hip hop Suisse. Après cette association étonnante nous nous laissons bercer par le set de Princess P, une DJ brenoise qui est passée par la Red Bull Academy de Barcelone en 2008. Après ce bel intermède durant lequel nous avons pu écouter le génial « Promised Land » de Joe Smooth dans sa version remixée, nous regagnons la grande scène, ou plutôt devrait-on dire le nouveau QG Bromance/Armes Noise.

Après le live de la fine équipe Club Cheval et le set de Gener8ion, nous avons été voir le groovy JUS-ED et sa tech house très bien maniée. Nous avons essayé d’attraper un des vinyles qu’il a jeté dans la foule mais d’autres ont été plus rapides que nous… Du coup, pour se remonter le moral, rien de mieux que de confier nos oreilles à Louisahhh!!! qui fait littéralement vibrer les joyeux festivaliers tous très heureux de ce plateau inédit. Surprise ! Brodinski, qui l’observait fièrement non loin, la rejoint sur scène. Nous assistons alors à un très beau moment de complicité mais il est déjà temps d’aller voir Floating Points qui comme toujours nous régale avec un set bien funky au cours duquel nous retrouverons le divin « Music Madness » de Beckie Bell, une pépite disco dont nous avons eu bien du mal à retrouver le nom. Les clubs nous appellent et nous décidons de tester La Ruche, où sont programmés Lucas Monème et Oliver Hafenbauer, DJ résident et directeur artistique de Robert Johnson, le fameux club de Francfort. La Ruche héberge ce soir là un très beau carnage entre techno et acid, parfait final pour un festival de toute beauté. Epuisés mais heureux, nous repassons une dernière fois devant l’Open Air en nous promettant de revenir dès l’année prochaine. 

Meilleur moment: l’exposition photo qui présente les portraits d’artistes déjà passés au festival. On a fait coucou à John Talabot et Ben Klock mais on s’est retenus pour le selfie. Pire moment: manger une fondue « moitié-moitié » avant de danser, ce qui n’est pas forcément une très bonne idée mais c’était local alors on a fait les fous…

photos: merci à Serge Mercier, Jeremy Rieder, etLaurent Reichenbach

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