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26 mars 2020

Pornhub se lance dans les documentaires. Sérieux ?

par Patrice BARDOT

Pour la première fois de son histoire, le site Pornhub va diffuser une vidéo non pornographique. Il s’agit de Shakedown, un documentaire revenant sur le club de strip-tease du même nom, pensé avant tout pour les lesbiennes afro-américaines de Los Angeles.

Pornhub la plateforme de vidéos pornographiques aux multiples catégories (pas besoin de les lister vous les connaissez déjà non ?) voudrait-elle concurrencer les chaînes National Geographic ou Planète, voire Arte ? Pas la peine de rengainer vos kleenex pour autant. Si le site canadien annonce bien la diffusion en avant-première (et disponible en streaming gratuit depuis le 4 mars) du premier documentaire non porno de son histoire, il ne s’agit pas non plus d’un film sur l’architecture des Aztèques ou la culture de la courgette au Sahara Occidental. Shakedown, le doc en question qui date de 2018, se passe dans un mythique club de strip-tease de Los Angeles créé par et pour des lesbiennes afro-américaines.

Shakedown, ça secoue

Ce film s’attache à décrire l’histoire et les rapports unissant trois performeuses du club : Mahogany, l’ancienne, la mère de la scène, Egypt une des strip teaseuses, et Jazmyne la reine de Shakedown, que la réalisatrice Leilah Weinraub a suivies pendant plus de quinze ans. Proche par instants d’une performance d’art vidéo contemporain dans sa réalisation, sans le côté abscons, Shakedown a d’ailleurs été présenté dans les cadres prestigieux du MOMA à New York, de l’Institute of Contemporary Arts de Londres ou de la Berlinale 2018. À la fois assez onirique et brutal (on parle du quotidien pas toujours rose de travailleuses du sexe), ce moyen métrage mixe interviews, séances live dans le club et moments backstages où l’on se marre quand même beaucoup. Weinraub, qui a shooté la bagatelle de 400 heures de rushes, a vraiment centré son propos sur les relations personnelles qui animent ces trois femmes touchantes. Il faut signaler aussi une bande-son secouante, qui, quand elle n’a pas été spécialement composée par Tim Dewitt de Gang Gang Dance, zigzague entre hip-hop cafardeux, ghetto-tech poisseuse et r’n’b solaire.

À priori largement de quoi combler les souhaits de son auteure qui a déclaré : “J’aimerais qu’il soit étiqueté comme un film black ! J’aimerais pouvoir l’ajouter au catalogue de l’histoire du cinéma black.” On la rassure. La pertinence de Shakedown l’inscrit même bien au-delà. Merci qui ? Merci Pornhub.

Disponible en streaming gratuit

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