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29 juin 2015

Rencontre avec LA Priest à l’occasion de la sortie de son premier album

par rédaction Tsugi

Aujourd’hui sort Inji, premier album de Sam Dust alias LA Priest, ancien leader du groupe Late Of The Pier. Un disque construit pierre après pierre sur plusieurs années dans des lieux parfois improbables… Sam Dust raconte. ????

Ce premier album arrive maintenant, mais cela fait 8 ans que vous avez commencé à travaillez dessus, avant même la fin de Late Of The Pier…???

C’est un album qui n’a demandé que quelques mois de travail cumulés, mais il est vrai que la plus vieille chanson doit avoir 6 ans. J’ai lancé le projet LA Priest en 2007 donc j’ai eu le temps de travailler sur tout et n’importe quoi entretemps. Parmi mes premiers travaux en solo il y avait des vieilles productions que je ne voulais pas mettre de côté et qui me semblaient nécessaires sur l’album. Cet album a une histoire très bizarre et désordonnée du coup.

?Une histoire désordonnée qui passe par différents voyages, comme ce séjour dans une ville perdue du Groenland. Un lieu qui vous avait attiré parce qu’il s’y produit des phénomènes électromagnétiques que vous vouliez tester sur votre musique.?

?C’est intéressant de voir qu’en réalité ces bizarreries n’ont pas trouvé leur place dans des séquences complètes et importantes de l’album. C’était trop aléatoire et incontrôlable. Il n’empêche que j’ai réussi à utiliser les différentes formes d’ondes que j’ai captées en les samplant et les transposant pour créer des mélodies, des lignes de basses, des beats et d’autres détails. J’avais enregistré un large et riche spectre d’interférences et de trucs électromagnétiques.???

On dirait que vous êtes bien calé sur le sujet… ???

On peut croire que je suis un expert dans ce domaine, mais en réalité je ne savais pas du tout ce qui se passait ! Je ne contrôlais et ne comprenais rien du tout. Mais c’est bien, j’aime bien faire le strict opposé de ce qu’auraient fait des gens avec une plus grande connaissance scientifique. Ils auraient peut-être été plus respectueux de ces sonorités que j’ai captées. Je les ai totalement fondues dans le reste de mes enregistrements. Cependant il y a quelques sons de basse dans “Party Zute/Learning To Love” qui sont fidèles à ce que j’ai enregistré sur le moment, ces basses fréquences et autres choses scientifiques inexplicables.???

 

Est-ce que vous vous rappelez comment vous avez découvert cet endroit ????

C’est un lieu appelé Ivituut, une vieille ville minière de la pointe sud du Groenland. J’étais invité pas très loin d’ici à Nanortalik par un ami qui aimait y passer du temps. C’est assez particulier puisque tous les déplacements autour du Groenland se font par bateau ou hélicoptère. On a pas mal voyagé de cette façon de ville en ville avant d’arriver à Kangilinnguit. C’est la seule ville du Groenland lié à une autre par une route. Car évidemment ce territoire n’est composé que de glace, d’îles et de fjords donc rouler est tout simplement impossible, sauf là. On était excité à l’idée d’utiliser la seule route du pays. La ville à laquelle elle conduisait était Ivituut, et on nous avait raconté une étrange histoire sur cette ville abandonnée, avec les effets étranges créés par des minéraux dans la terre et d’autres trucs qui me dépassent. J’avais un dictaphone avec moi, et quand je suis arrivé sur place j’ai immédiatement compris ce qu’on avait en vain essayé de m’expliquer, c’est-à-dire toutes les choses bizarres qui se passent à cet endroit. J’ai donc enregistré ces sons sur le moment. Peut-être que des experts devraient étudier ces phénomènes, vraiment ! Je ne sais pas qui, mais disons des scientifiques un peu fous ou des enquêteurs spécialisés dans le paranormal.???

Le Groenland n’est qu’une simple étape de la conception du disque. Où êtes-vous également allé pendant ces 8 ans ????

J’ai voyagé en Écosse, en Islande, en Nouvelle-Zélande puis je suis rentré finir l’album au Pays de Galles. Je pense que mon album est une sorte de soupe avec tous ces lieux comme ingrédients. Mais il ne s’agit pas que de cela, il y a aussi mes propres éléments parce que je ne suis pas allé là-bas pour étudier ces endroits et recréer leur atmosphère respective. Je me suis juste donné les bons éléments pour visualiser la musique que je voulais faire, c’est comme cela que je compose : j’ai des images qui circulent dans ma tête, des couleurs, des choses que j’ai envie de créer, de sortir de ma tête en quelque sorte.???

Il y a aussi l’Afrique du Nord où a été enregistré le clip de “Oino”.

???On est allé au Maroc pour filmer la vidéo, dans une vallée. Il y avait beaucoup de petits villages abandonnés. Les quelques habitants ne comprenaient pas pourquoi on filmait ici, ce n’était pas forcément le coin le plus touristique. Je me souviens qu’on s’est glissé dans une maison et qu’un enfant nous a interpellés : “Pourquoi êtes-vous en train de filmer dans la maison de mon grand-père ?” Il était adorable, mais on était hyper gênés !

???Est-il vrai que ce clip sans queue ni tête a été inspiré par une vieille histoire racontée à vous et votre frère par votre grand-père ????

C’est amusant parce que c’est une histoire qui nous avait plus ennuyés qu’autre chose à ce moment-là. En fait mon frère qui a réalisé la vidéo et moi-même n’avions de que des bribes de souvenirs sur ce sujet. Quand on est arrivé au Maroc, on ne savait pas du tout ce qu’on allait faire et cela nous est venu comme ça. Finalement on s’est mis d’accord sur la première partie, mais après la séquence dans la grotte avec le gars qui s’échappe on ne savait pas du tout ce qui devait se passer, on avait totalement zappé la fin. Mais c’est bien, car on ne voulait pas trop planifier l’histoire du clip. On l’a remanié en fonction de ce qui nous entourait sur le moment, mais peut être qu’on s’est un peu embrouillé pour aboutir à un truc qui ressemble un peu à Star Wars par moment.

???Star Wars ! C’est vrai que de nombreux blogs et observateurs sont unanimes sur cette ressemblance. Pour certain, vous êtes sur Tatooine avec une guitare en guise de sabre laser, opposé à de drôles d’extraterrestres. ???

On ne s’est rendu compte de cela qu’après coup. Je n’avais pas regardé Star Wars depuis des années, c’est sûrement plus la faute de mon frère qui est plus dans ce délire-là que moi. Mais c’est assez futé quand on y repense de caser ce genre de référence sans même le savoir, jusqu’au moment où le clip est terminé. Ce serait génial par exemple de faire une vidéo pour… Madonna on va dire, et d’y trouver après coup des références de Mr. Bean !??

Autre aspect de l’album, il est réalisé avec des instruments que vous avez souvent créé par vous même, pièce par pièce. Un synthétiseur notamment. ???

Je ne l’ai pas très bien construit en réalité. Je l’ai fait entièrement, de la première pièce parce que c’était une activité qui me plaisait depuis de longues années. J’avais commencé par réaliser des instruments hybrides, par exemple un synthé de poche à l’intérieur même d’une guitare. L’idée était d’avoir des tonalités que personne d’autre n’avait jamais réussi à obtenir. Cela signifiait de placer l’équivalent d’une pédale sur le corps même de la guitare, de telle sorte qu’au lieu de régler ça avec mon pied je pouvais le faire avec mains. Cependant après ces semaines de bricolage, parce que c’est très long, c’était difficile de sortir de cet état d’esprit et de redevenir créatif pour faire de la musique. Quand je finissais ce genre d’instrument, je me sentais presque en état de mort cérébrale, incapable de sortir quoi que ce soit de l’instrument. Il me fallait du temps avant de m’y remettre. Mais c’était encourageant de se dire qu’on avait un instrument unique, avec plein de possibilités de création, et bien loin de cette vieille idée qu’on se fait du synthé industriel par exemple et qui est servi à toutes les sauces. J’ai donc un peu tordu le processus de création habituel ainsi que le fonctionnement de mon matériel, afin d’arriver à produire des choses assez bizarres.???

 

C’est un album principalement autoproduit, mais vous vous êtes malgré tout entouré de quelques producteurs.

???On m’avait suggéré de bosser avec des producteurs, mais j’avais d’abord imaginé me débrouiller tout seul. J’ai essayé, juste pour voir, et cela a bien fonctionné. Avec Leon Vynehall d’abord, qui m’a aidé sur deux chansons. On avait la même idée sur une musique électronique qui pourrait sonner comme défectueuse ou dérangée, cette espèce de texture bizarre avec des sons altérés. Pour deux autres chansons, j’ai travaillé avec LXURY, qui avait une approche totalement différente, mais avec lequel cela a été aussi réussi. Comme quoi en se forçant un peu la main on peut arriver à de belles surprises !

???Du coup sur scène, comment êtes-vous censé faire vivre un tel album ?

Évidemment sur scène c’est le même délire. Je ne me contente pas de jouer, mais de récréer des choses avec mes instruments faits maison. C’est un vrai challenge que je m’impose, dans le sens où j’ai auparavant toujours joué en groupe. Mais cette situation me semblait trop confortable. Je voulais voir comment je pouvais me débrouiller seul. Et les premiers concerts de LA Priest se sont plutôt bien passés jusqu’à présent.?????

 

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