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25 septembre 2015

Rencontre avec The Shoes à l’occasion de la sortie de l’album Chemicals

par rédaction Tsugi

Doit-on encore présenter le duo français The Shoes ? Depuis 2007, Guillaume Brière et Benjamin Lebeau nourrissent les ondes avec une pop électronique captivante. Quatre ans après la sortie de Bones, premier album du binôme, The Shoes fait un retour remarqué avec le séduisant Chemicals. La sortie approchant à grands pas, on les a rencardé dans un troquet du Canal Saint Martin pour un moment sans langue de bois.

Après le succès retentissant de votre premier album, vous avez travaillé sur d’autres projets, soit ensemble comme pour The Golden Age de Woodkid ou chacun de votre côté. Est-ce que c’était un moyen de faire retomber la pression ?

 
Benjamin: Non, pas tellement, c’était plus un moyen de la digérer. Et puis, ça nous nourrit de travailler pour d’autres personnes car on explore des styles qu’on n’aborde pas avec notre propre musique. On peut switcher entre les deux, quand on en a marre de faire de la prod’ pour d’autres, on fait un disque.
Guillaume: Ca nous permet de travailler et surtout de progresser. Je crois qu’on aime ça tout simplement, c’est agréable et il y a quand même beaucoup moins de pression que quand c’est ton disque à toi. Evidemment, il y a de la pression parce que tu as envie de bien faire mais c’est plus confortable car tu peux créer sans trop t’engager

L’album a une dualité intéressante entre des morceaux plutôt clubs et d’autres assez calmes…

 
Guillaume: Il y a une raison très précise à cela. A l’époque du festival des Inrocks l’année dernière, on a présenté une première version de l’album où tout était très club, peut-être trop monolithique. Et puis on s’est rendus compte en écoutant notre propre album qu’à la fin on était crevé.  L’essence de notre musique est aussi pop comme on a pu le faire découvrir sur le premier album où il y avait des productions très aérées, claires, etc. On s’est donc dit qu’on ne pouvait pas sortir l’album tel quel car il ne nous correspondait pas.
Benjamin: Oui c’est vrai que le live était épuisant, on en ressortait vraiment lessivés. Ca ne nous ressemblait pas alors on a peu remanié le tout dans un virage plus pop.
Guillaume: D’ailleurs on a viré des morceaux qui ne sortiront jamais, dont un featuring avec Woodkid. Mais on a gardé celui avec Thomas Azier en bonus track de la version vinyle. En fait, on était parti avec l’idée de faire un exercice de style, un peu comme Kanye West avec Yeezus et on a sauté à pied joints dedans sauf qu’on s’est repris au bon moment.

Qu’allez-vous faire de ces morceaux supprimés ?

Guillaume: Le morceau le plus violent n’est pas sur l’album mais il va sortir sous la forme d’une surprise.

En clip ?

 
Guillaume: Plein de choses… ce sera vraiment violent, ça fait très mal aux oreilles mais c’est fait exprès.
Benjamin: Le morceau est très court, il ne fait même pas 2 minutes mais c’est parce qu’on est gentils, on ne voulait pas trop agresser les gens (rires) Ca fera un peu l’effet d’une boule de bowling qui renverse tout sur son passage.

Vous mélangez les styles, comme la new wave avec « Lost In London » ou la house sur le morceau « Give It Away ». Est-ce qu’il y a eu un noyau connecteur pour la composition de l’album ?

 
Guillaume: C’est un peu notre problème, on va dans différents styles différents mais on essaye de les faire se rencontrer grâce au mix en créant une sauce, une patine qui colore le tout.
Benjamin: On est des maîtres sauciers (rires)
Guillaume: C’est toujours une grande angoisse pour nous, à chaque fois on se demande si on fera encore quelque chose qui part dans tous les sens.
Benjamin: Mais avec l’expérience on arrive à trouver une unité et d’ailleurs c’est pour ça qu’on a passé autant de temps à faire le tracklisting.

D’où vient le nom de l’album ?

 
Benjamin: Ca vient tout simplement du fait que pour nous la musique est une sorte de laboratoire, on est un peu comme des scientifiques avec leurs tubes à essais qui expérimentent différentes choses.
Guillaume: Et puis il y a aussi un clin d’oeil aux Chemical Brothers, c’est la musique fin 90 début 2000 qui nous a inspirée. Ces disques électroniques de l’époque, qui sont désormais complètement mainstream, on adore !

On sait que l’esthétique visuelle a une très grande importance pour vous, cela se voit notamment sur les clips et les artworks choisis. Est-ce que vous avez préparé un show visuel particulier pour ce nouvel album ?

 
Guillaume: Oui on a fait un gros boulot là dessus en commun avec Dents De Cuir qui a réalisé des vidéos pour les concerts mais également la lyric vidéo de « Feed The Ghost ». On a la chance de travailler avec des gens qui font ça très bien et on n’hésite pas du tout à leur donner carte blanche. Il y a beaucoup d’artistes qui souhaitent tout contrôler, que ce soit les clips ou les photos. Nous on a décidé de tout lâcher, mais de travailler uniquement avec des personnes dont on admire véritablement le travail
Benjamin: C’est vachement important pour nous. Sur ce disque là on avait la pochette avant même de commencer l’album et c’était pareil pour le premier album en fait. Le visuel nous inspire beaucoup dans notre démarche de création musicale.

 
Il y a plusieurs collaborations sur cet Ep, notamment avec Petite Noir, la sensation de la rentrée. Comment ça s’est passé ?
 
 
Guillaume: C’est tout simple, je lui ai demandé sur twitter si ça l’intéressait de faire un morceau avec nous et il a dit oui. J’ai fait la même chose pour beaucoup de featurings de l’album. On est contents de bosser avec Petite Noir parce qu’on se rend compte qu’il y a un réel engouement autour de sa musique et je pense que c’est un artiste prometteur. En collaborant avec lui, ça permet de le faire connaitre un peu plus en France. C’est aussi l’idée que cet album puisse être une sorte de tremplin pour des artistes et d’un autre côté ça nous sert aussi à être connu dans les pays anglophones.
Benjamin: Le morceau avec Petite Noir est le premier qu’on a réalisé. Mais à part ça on a aussi voulu bosser un peu comme en famille avec des gens qu’on connaissait qui en sont un peu au même stade que nous. On aurait pu faire des gros featurings mais ça ne nous intéressait pas.
Guillaume: Et on a de nouveau travaillé avec ma femme, elle chante le refrain sur le morceau avec Petite Noir et avant elle avait fait « Time To Dance ». C’est parce qu’elle est pas cher à payer (rires). On a quand même un morceau avec Charlie XCX mais il ne sortira jamais car entre temps elle est devenue une star mondiale et il y a eu des petits soucis par rapport à ce morceau. Mais bon ça illustre bien le fait qu’on s’en fout des gros featurings, nous ce qu’on veut c’est faire de la bonne musique.

Est- ce que l’expérience en tant que curateur pour la plage des Eurockéennes vous a donné envie de continuer ce genre d’expériences ?

 
Guillaume: Pas du tout ! C’était géniallissime, on a découvert le métier de programmateur et les mecs ont vraiment les couilles bien accrochés. On a adoré faire ça évidemment mais c’est un travail très compliqué, très lourd sur le plan de l’organisation. Maintenant je me rends vraiment compte de la tonne de boulot derrière et je leur tire mon chapeau. Entre les artistes qui disent oui, ceux qui disent non, et les autres qui sont très chers ou encore les problèmes de planning, c’est très compliqué. Par contre, on nous en parle encore maintenant, alors ça a du laisser un bon souvenir aux gens.
Benjamin: On a fait une prog’ découverte, très éclectique, à l’image de notre musique. Et puis ça nous a aussi permis de présenter notre nouveau live pour la première fois. Ca a été trois jours intenses.

En parlant de découvertes musicales, est-ce que ça vous a donné envie de lancer votre label ?

 
Guillaume: On a déjà un peu commencé avec un micro-label sur lequel on a d’ailleurs produit le premier single d’Alb. On n’a plus de nouvelles de cette personne mais ce n’est pas grave.
Benjamin: Ben moi je l’ai croisé hier (rires) On y pense parfois, c’est sûr. C’est un autre métier, on a pas trop le temps mais c’est dans nos projets futurs.
Au sein de la scène française actuelle, quel artiste auriez-vous aimé produire ?
Benjamin: Chassol mais il a pas besoin de nous, ou Forever Pavot qu’on a d’ailleurs programmé sur la plage aux Eurocks mais c’est suffisamment abouti, on apporterait pas grand chose de plus.
Guillaume: Il y a le groupe Postaal qui est très doué, alors on a envie de leur filer un coup de main. C’est un groupe qui démarre mais dès qu’ils font un nouveau truc moi c’est un gros hit selon moi. On a commencé à faire un peu de prod avec eux et je pense que c’est le gros groupe français de l’année prochaine.

Sur ces belles paroles, on a quitté The Shoes en se promettant d’aller voir le live L‘Olympia le 18 novembre prochain. Avant de partir, on a quand même eu le temps de voir que Guillaume avait pris le joli mug du café pour chez lui, le coquin !

Chemicals, sortie prévue le 2 octobre 2015. 

 

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