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25 janvier 2017

Russ Gabriel : « Dans les années 80, se payer un synthé était impossible pour un mec comme moi »

par Adam Douieb

Russ Gabriel, un des DJ-producteurs les plus influents des vingt-cinq dernières années en Angleterre a accordé une interview à Tsugi à sa descente de scène lors du Weather Winter en décembre dernier. On a parlé synthés, techno française et production cinématographique avec cette légende aux cent maxis.

Tsugi : Tout d’abord, bravo pour ton live ! Il a été plus long que prévu, non ?

RG : Merci beaucoup. Oui, en effet je crois que Dettmann a dû repartir en urgence à son hôtel parce qu’il y avait laissé du matériel pour son set (rires). On m’a dit qu’il fallait que je joue quelques minutes en plus, moi ça me va très bien !

L’atmosphère Weather t’a plu ?

Honnêtement oui, il y avait une très bonne atmosphère et de là où j’étais la musique raisonne très bien dans ces hangars un peu bruts.

Tu fais partie d’une génération qui a vu naître la techno. Tu as commencé à faire de la musique en 1991, mais qu’est-ce qui t’a guidé vers la musique électronique ?

C’était vraiment l’innovation de l’époque. De l’autre côté il se passait des trucs dans le rock, mais ça faisait quelques années que les synthés étaient arrivés et devenaient de moins en moins inabordables. Je m’achetais une machine dès que j’avais assez économisé. C’était génial de pouvoir enfin se servir de tous ces trucs.

Raconte-nous ta découverte du synthé.

Dans les années 80, se payer un synthé était impossible pour un mec comme moi. J’étais fasciné, mes potes aussi d’ailleurs, par ce nouvel instrument. Il faut se rappeler que c’était à l’époque une avancée technologique et musicale qui représentait un immense bond en avant. Un clavier qui peut imiter et moduler n’importe quel son ! C’était la première fois depuis des décennies qu’on voyait naître un nouvel instrument. Les perspectives étaient infinies. La lente démocratisation du synthé en Angleterre a permis à beaucoup de jeunes musiciens de pouvoir créer de la musique électronique et d’expérimenter beaucoup de sons. C’était passionnant parce qu’on pouvait inventer notre musique tous les jours, un peu comme quand les guitaristes ont commencé à explorer la guitare électrique à une autre époque.

Ton label, Ferox Records, a repris son activité il y a bientôt trois ans après une longue période de calme. Qu’est-ce qui s’est passé avant et après 2014 ?

C’est vrai. Le label est né en 1993 et dans les années 2000 je l’ai moins mis en avant. Je tournais beaucoup à cette période et je sortais des EP sur d’autres labels que je trouvais intéressants, notamment chez We Play House. Mais il y a deux ans, j’ai eu envie de me poser un peu, on mettra peut-être ça sur le compte de l’âge (rires). Ça faisait vingt-et-un ans que je tournais. L’idée était aussi de développer des projets qui me tiennent vraiment à coeur et avec une totale liberté. C’est ce que Ferox m’offre comme possibilité.

Maintenant que tu te consacres, entre autres, à la production avec Ferox, on aimerait bien savoir ce que tu pourrais nous conseiller sur la scène européenne. Des coups de coeur récents ?

Pas vraiment récent mais je me suis vraiment penché sur Arteria Records dernièrement et je dois dire que leurs artistes sont vraiment passionnants. Il y a aussi Hope Grant, alias Envoy qui produit pas mal chez Soma. C’est un peu plus violent que ce que je fais mais ça me plaît beaucoup, faut vraiment écouter ces types-là.

Que penses-tu de la scène française ?

Je connais bien la scène française depuis toutes ces années. Elle est particulière en Europe par le nombre d’influences différentes chez les artistes. Il y a peu de pays où la production de musique électronique est aussi éclectique qu’ici et c’est probablement dû à un brassage des cultures très créatif, ce qui s’est fait d’une manière différente en Angleterre par exemple ou en Italie. Les artistes ici étaient déjà très bons à l’époque, ça reste une réalité aujourd’hui.

On sait aussi que tu es cinéaste, tu as produit et réalisé des projets autour la musique. Quel est le dernier projet dans les tuyaux ?

Je prépare, doucement mais sûrement, un documentaire assez complet sur l’histoire de la scène techno anglaise. Je ne sais vraiment pas quand il sortira, parce que j’ai vraiment envie de faire intervenir beaucoup d’artistes et les faire partager leur point de vue. Ce film me tient vraiment à cœur, je vais prendre mon temps pour le finir et proposer un truc vraiment cool.

Par Adam Douieb

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