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Crédit : Paul Rousteau
12 février 2018

« Temperance » par Dominique Dalcan : « Je fais de l’orfèvrerie, pas de l’industriel »

par Valentin Cebron

Dominique Dalcan a gagné une Victoire de la musique ce vendredi 9 février 2018, dans la catégorie « album de musiques électroniques ou dance ». L’occasion de relire notre article extrait de Tsugi 99, magazine publié en février 2017 et disponible à la commande ici.

Trois ans après son album Hirundo, Dominique Dalcan revient avec Temperance, un disque de chanson subtil et gracieux sur lit d’instrumentaux électroniques cinématographiques.

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Quatrième vertu cardinale chez Platon, la tempérance suggère un caractère philosophique relevant de la maîtrise de soi. D’une réflexion sur le “moi” peut naître un questionnement sur l’autre, mais également sur le monde qui nous entoure. C’est ce que Dominique Dalcan a voulu donner à entendre avec ce nouveau projet. “Avec ce disque, je jette sur la table une série de thèmes qui ensuite deviennent un sujet de discussion ou un débat. Je pars d’un axiome simple. Le respect de soi-même implique celui de l’autre et de l’environnement.” Avant de se lancer avec Temperance, Dominique a connu une longue carrière. Depuis 1991, le Français arbore la cape de chanteur pop sous son nom, mais aussi celui de producteur de musique électronique sous pseudo Snooze. Dans les deux cas, ses disques confèrent à chaque fois une idée de voyage à l’image d’Ostinato, un album-concept autour du Brésil ou d’Americana, une œuvre au goût d’outre-Atlantique. Ce neuvième album sonne cette fois-ci comme un voyage intérieur et organique. “Comme le souligne le titre ‘Your Body Is A Territory’, je voulais envisager le corps en tant que territoire, avec ses frontières. C’est un instrument intéressant à étudier, car il symbolise l’évocation des sentiments.” Les mouvements corporels l’ont d’ailleurs intéressé puisqu’il a coréalisé la vidéo de son magnifique morceau “Small Black Piece Of Field”, où deux danseuses contemporaines (l’une vêtue de noir, l’autre de blanc) représentent “notre monde à l’ère de l’anthropocène entre chaos et angélisme”. Créant une musique qui provoque inévitablement l’envie pour l’auditeur de convoquer des images, Dalcan nous offre neuf titres homogènes, trempés aussi dans une certaine forme musicale impressionniste, comme en témoignent l’introduction “Cold Is The Ground” et le poétique “Take Shalter”, où il vient poser sa voix sur des instrumentaux électroniques lents et contemplatifs. Il n’hésite pas à citer comme source d’inspiration des compositeurs tels que Debussy et Ravel (le piano est un élément central du disque) ou des artistes contemporains affiliés au land art comme James Turell. Le projet semble résonner comme une musique “intello”, mais se veut tout aussi accessible. “Je chante en anglais afin de toucher un maximum de personnes.” Car Dalcan crée de la musique avec passion, dans un but de transmettre et sans l’ombre d’un calcul. “Je fais de l’orfèvrerie, pas de l’industriel.”

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