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© Michèle Margot
10 octobre 2023

Tramhaus, la sensation (post) punk néerlandaise

par Léa Formentel

Vous êtes peut-être passés à côté de ces cinq jeunes Néerlandais qui sillonnent les routes des Pays-Bas mais aussi de Belgique et de France. Tramhaus n’est autre que l’union d’un groupe d’amis formé lors des innombrables confinements de l’année 2020. Depuis, trois années ont passé et beaucoup de choses ont changé dans la vie des membres du groupe originaire de Rotterdam. Ils sont plein d’énergie et d’excellents morceaux en poche, portrait de cette petite équipe.

Bientôt un an depuis la sortie du bien-nommé Rotterdam, d’après la ville dont ils sont originaires. Du haut de leurs trois ans de carrière, les membres de Tramhaus ont pourtant déjà réussi à se faire un nom dans le paysage rock. Julia Vroegh (basse), Lukas Jansen (chant), Nadya van Osnabrugge (guitare), Micha Zaat (guitare) Jim Luijten (batterie) décident alors de former un groupe en 2020… puisqu’il n’y a bien que ça à faire. Un groupe d’amis avec une énergie débordante —il faut les voir en live pour le croire— et le style qui va avec. Ils écrivent aussi bien des morceaux critiquant sans détour des systèmes politiques défaillants que des ballades introspectives sur les pensées suicidaires : « Nous écoutons donc beaucoup de groupes modernes et de rock des années 90. Et je pense que cette combinaison s’intègre à ce que nous faisons » explique Jim.

« Je dirais que « Karen Is a Punk », par exemple, n’est pas ce qu’on appelle typiquement un morceau post-punk. Mais « I Don’t Sweat » l’est, d’une certaine manière » poursuit-il. Et quand on évoque leur style musical, il est évident d’évoquer le post-punk, quoique devenu une étiquette un peu facile à coller à n’importe quel groupe de rock aujourd’hui. « Il n’y a pas si longtemps, on est parvenu à une sorte de consensus sur le fait que nous faisions… comment c’était Jim, du post-punk indé ? » affirme Micha à propos de leur style. Pour conclure : « Tous ceux qui se qualifient de groupe post-punk ne sont souvent qu’un groupe de rock. » Touché.

Avant même d’avoir sorti un titre, Tramhaus se produisait déjà sur scène. Ce qui a eu un évident impact sur leur approche à la musique : « Au début, on était vraiment habitués à jouer les chansons en live, ce qui a rendu difficile la transition vers l’enregistrement. Il y a une certaine énergie que l’on peut ressentir en live pendant certaines chansons, et puis quand on se met à l’enregistrer et c’est tellement différent. Mais ça marche aussi dans le sens inverse, en fait. »

En termes d’influences, ils mentionnent aussi bien Turnstile que Fontaines D.C (surtout leur dernier, Skinty Fia), les Pixies ou bien Sonic Youth…pour la faire courte, du bon 90’s noise rock : « Je pense que beaucoup d’artistes nous inspirent, mais c’est assez varié parce que nous venons tous d’endroits différents sur le plan musical, d’endroits différents musicalement parlant et maintenant on a commencé à mélanger tout ça, donc il y a des groupes dont on s’inspire beaucoup et que certains membres n’avaient jamais membres n’ont jamais écouté avant parce qu’ils pensaient qu’ils n’aimaient pas le groupe. » Et leur musique s’exporte bien en France et au Royaume-Uni me disent-ils, pas étonnant finalement lorsqu’on écoute leurs morceaux, on est proche de ce qui se fait du côté rock britannique et d’ailleurs on les compare au groupe originaire du sud de Londres, Deadletter : « Comme on joue beaucoup dans les mêmes festivals que Deadletter, on nous compare mais je ne trouve pas qu’on soit le même genre de groupe que Deadletter, même si on attire souvent le même public. »

Ils se formèrent et firent beaucoup de concerts

On n’a pas pu s’empêcher de remarquer que depuis leurs débuts, il y a un peu cette impression qu’ils sont constamment en tournée : « Oui, je pense qu’on a l’impression d’être sur la route tout le temps, mais il y a en fait des semaines où nous sommes ici aux Pays-Bas. Les répétitions et tout le reste doivent être planifiés très longtemps à l’avance, parce que d’abord, on joue beaucoup, ensuite, on est tous très occupés, donc nous faisons aussi des choses à côté. » D’ailleurs, à côté ils travaillent tous : Micha, un des guitaristes, écrit un livre sur la scène musicale de Rotterdam depuis les années 1960 jusqu’à aujourd’hui (impressionnant, n’est-ce pas ?) , Jim est chef de prod sur le festival Left of the Dial à Rotterdam (qui a lieu les 19, 20 et 21 octobre)… Ils ont chacun quitté leurs groupes respectifs, pour faire de Tramhaus leur objectif principal. Et si vous aviez une envie pressante de les voir, rassurez-vous : ils voient maintenant la France comme une deuxième maison. « La France, c’est le pays où j’ai le plus été depuis deux ans. C’est donc assez amusant de revenir et de se voir grandir sur le marché français, d’aller dans de plus grands festivals… C’est aussi très cool de voir que ces festivals français ne sont pas vraiment connus aux Pays-Bas. Et pourtant, on est allé aux Vieilles Charrues par exemple ! »

Le sens de la communauté

À côté de la musique, il y a d’autres valeurs qui traversent Tramhaus. À cela, ils me confient que « oui,  on vient d’une communauté et on a tous créé ce groupe grâce à celle-ci. C’est comme ça qu’on se connaît tous. Sans la communauté, Tramhaus n’existerait pas. » À l’évocation de l’esprit du collectif, Iguana Death Cult, groupe néerlandais est mentionné. Ils s’entraident sur les tournées et les villes par lesquelles ils passent, une belle conception de la solidarité qui ne manque pas d’attendrir. Alors oui, tout a changé depuis 2020, c ‘est évident: ils ne voyagent plus une fois par an mais plusieurs fois par mois. Les rencontres sont multiples et les opportunités aussi. Certains rêves se transforment alors en réalité : jouer dans des gros festivals aux côtés de leurs groupes préférés, toujours néanmoins conscients de la chance qu’ils ont. Et comme pour beaucoup d’entre eux, aucun des membres n’auraient pu imaginer un instant un tel engouement et l’ampleur que ça prendrait en l’espace de deux ans et demi. À cela, ils ajoutent « J’espère que ça inspirera d’autres personnes à le faire. Parce que si on peut le faire, alors tout le monde peut le faire. »

 

Pour ce qui est de l’album, ne vous inquiétez pas, il est enregistré ! Il n’y a pas encore de date de sortie, en revanche, il faudra s’armer d’encore un peu de patience. Tramhaus sera également au MaMA Festival le 11 octobre. En attendant, vous pouvez toujours écouter leur EP Rotterdam :

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