Vibe électro-végétarienne au DGTL Barcelona
Ce week-end avait lieu la troisième édition du festival DGTL à Barcelone. Placé sous le signe du végétarisme, de la durabilité et de l’auto-suffisance énergétique, l’évènement a attiré des dizaines de milliers d’amateurs de musiques électroniques. Quelques expériences auditives, mais aussi visuelles et gustatives attendaient le public. Tsugi vous raconte.
On entend le rugissement des balances depuis notre hôtel en tout début d’après-midi. A l’ouverture des portes du festival, seuls quelques earlybirds curieux sont présents. On a alors le privilège de parcourir les allées du Parc del Forum encore désert. Les beats rapides de Miki Craven résonnent déjà à la scène Generator, située à l’entrée du lieu et dédiée à la techno. En plein cagnard un trio de copains est déjà happé, il est 15h30. Profitant encore de l’absence très temporaire d’autres festivaliers, on s’en va planter nos crocs dans un savoureux quinoa burger qui ne nous restera pas sur l’estomac. A noter que pour la deuxième année consécutive, le DGTL a fait le choix de ne pas servir de viande au sein du festival. Cette année, un coin « awareness » à la disposition des festivaliers expliquait la démarche des organisateurs et leur volonté de réduire au maximum l’empreinte énergétique de l’évènement.
On se dirige vers une large rampe située sous une gigantesque installation de panneaux solaires qui surplombe la Méditerranée. Il est 17 heures et les Néo-Zélandais de Chaos in the CBD débutent un set de deux heures devant la mer. Le duo formé par deux frères, Ben et Louis, a passé l’année 2017 à tourner un peu partout en Europe et en Amérique du Nord. Connus pour leurs tracks aux sonorités jazz, les deux kiwis avaient fait du bruit à la Machine du Moulin Rouge en juillet. Ce sont eux qui nous font entrer dans le mood idéal à la poursuite de notre expérience.
Reconnaissable à son chapeau et ses sons aussi bruts que satisfaisants, Satori remplit l’immense amphithéâtre qui sert de dancefloor à la scène Amp, la plus grande et la plus impressionnante du festival. En haut, dans les allées qui mènent aux quatre scènes, la circulation devient de plus en plus difficile alors que des centaines de fêtards continuent d’entrer au Parc del Forum. On entend parler espagnol, anglais, allemand, italien, français (surtout français), bref, un mois d’août en Catalogne. On pensait devoir déployer notre plus bel accent espagnol pour se faire des copains, même pas la peine.
La scène Modular est le seul dancefloor couvert à DGTL. Les architectes qui l’ont imaginée l’appellent « La forêt », en référence aux nombreux piliers qui semblent former une cime de verre opaque servant de plafond. Adriatique commence à y faire transpirer tout le monde et on comprend le goût des teufeurs locaux pour la nudité quasi-absolue. Plus tard, Âme puis Tale of Us ont pris les rênes et ont maintenu une atmosphère magique pendant plusieurs heures. En bas, dans l’arène, un B2B intense mêle Michael Mayer et le Danois Kölsch avant un closing acclamé de Solomun pendant que Marcel Dettmann prend le relais de DVS1 et sa techno sans pitié sur la scène Generator. Au même moment, sous l’immense installation en panneaux solaires de Frequency, Jackmaster et Jasper James s’amusent avec les genres et les couleurs. Ça fait beaucoup en deux heures, mais tout est bon alors on se balade.
Après une première soirée très riche, on revient en demander le lendemain. On passe une trentaine de minutes à siroter un breuvage amer au soleil. On entend des « on n’est pas prêts » pour les kicks sanglants d’Amelie Lens. Direction Tornado Wallace et sa house de circonstance pour une première étape. C’est Prins Thomas, qu’on a récemment écouté à Concrete, qui prend le relais. On sent des douceurs rythmiques qui émanent de la scène Amp : Daniel Pearce, aka Eats Everything nous fait passer la seconde et on ne veut plus rater une miette de son efficace tech-house.
Il est 22 heures quand Recondite débute un live d’une heure très attendu, et qui aurait dû l’être encore un peu. Entre temps, un Barcelonais, dont on dit qu’il « règne en Espagne », excellent en DJ comme en producteur et globe-trotter insatiable, a pris les platines : Ivan Ramos, alias Coyu, nous scie sur place. En grand final, il nous glisse une dernière sucrerie, « Acid Phase » d’Emmanuel Top. Les douze coups de minuit sonnent quand deux monuments de la techno montent sur scène : Paco Osuna, légende espagnole, et Seth Troxler, mythe américain. C’est parti pour trois heures d’un B2B comme on en entend rarement.
Trois heures du matin : la fiesta prend fin. Jeff Mills s’est un peu planqué, Maceo Plex a bien bossé. On se sent un peu déçu de finir si tôt, mais nous sommes à Barcelone : la noche puede comenzar.
Meilleur moment : l’arrivée en haut des gradins de la scène Amp pour le closing de Coyu.
Pire moment : Le premier soir, le vent a soufflé notre très désirée part de pizza depuis nos mains, droit sur la pelouse.