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Rosalia à We Love Green 2019 Crédit photo : Claire Gaby
4 juin 2019

We Love Green 2019 : le sacre des reines

par Corentin Fraisse

L’été parisien était dans les starting-blocks au Bois de Vincennes. Dans une boulimie de fleurs, une logorrhée de paillettes et de chemises dignes de Tom Selleck sous une chaleur écrasante, les festivaliers étaient de retour pour se masser devant la grande scène de la Prairie, le chapiteau de la Clairière, sous la serre aux boules disco de Lalaland ou devant la douce Canopée.

Levons d’emblée les doutes : le succès fulgurant d’Aya Nakamura est indéniable et légitime, au regard de son live canon devant une foule acquise à sa cause. D’abord gênée, impressionnée, elle enchaine les tubes et se montre à la hauteur de l’événement, voix puissante et droite. Coup de chapeau aux vogueurs et à leur impressionnante choré sur ‘Pookie’. Le menton est relevé, ‘couronne sur la te-tê’.

Aya a ouvert le bal des reines qui rythment ce week-end enchanteur : on voyage entre Detroit, Londres et Berlin avec le set incendiaire de Peggy Gou… On goûte au charisme solaire, aux déhanchés intacts et au sourire contagieux de madame Calypso Rose… On admire la brutalité salvatrice de Lena Willikens, la classe toute en retenue de Kali Uchis et Erykah Badu, ou l’énergie impétueuse de la frenchie Lolo Zouaï qui déroule son album High Highs to Low Lows fraichement sorti, déjà repris par l’assistance. La plus clinquante des surprises vient de Rosalía, grande prêtresse du flamenco 2.0, qui installe une tension à couper le souffle et enflamme la Clairière, entre envolées vocales poignantes et danses endiablées. Touchée par toute cette attention, habitée, elle se reprend et marque fièrement ses postures, entourée d’un crew tout de blanc vêtu, qui danse jusqu’au bout des ongles. Gang. Sale. Beyoncé venue d’Espagne.

Derrière ce défilé de queens, de grands gagnants du week-end à ne pas surtout pas oublier : la classe sobre de Metronomy, Idles qui fait à nouveau s’enlacer l’amour et la violence, les kicks ultra lourds et les mélodies qui transpercent de SebastiAn –merci pour cette reprise de ‘Killing In The Name’-, The Mauskovic Band Dance et ses rythmes chaloupés. Pour suppléer cette armée de queens, on aura au moins deux rois : un Kevin Parker aux doigts d’or et aux synthés célestes pour conclure le week-end, mais aussi Vald, qui fait se soulever la poussière de la Prairie en provoquant des pogos dantesques. Enfin ! L’exclu de son feat. avec Vladimir Cauchemar lancée, il termine avec un ‘on sort un album dans quelques mois. Voilà. Et mercé la zone’ avant de jeter ses dernières forces dans un ‘Désaccordé’ des grands soirs. Ah ouais ouais ouais.

Avant de rejoindre nos pénates, on repense aux événements du week-end, aux ateliers danse, aux litres de bières consommés, au bonheur des brumisateurs sous une chaleur caniculaire, à la bienveillance générale du public, aux minutes passées au Coco Beach Hotel et chez Radio Ndebele, à l’église violette transformée en photomaton, à l’incroyable performance ‘The Bird Show, since 2048’… On revoit monter sur scène le défenseur des droits de l’homme Kumi Naidoo, secrétaire général d’Amnesty International et ex-directeur de Greenpeace, et ses mots forts sur le pouvoir de la jeunesse, qui a majoritairement saisi les enjeux environnementaux et l’absolue nécessité d’agir vite. Et en jetant un dernier regard sur le burger au magret de canard qu’on tient entre les doigts, on a un peu honte : le message est passé, mais il manque un peu de temps pour l’assimiler.

Meilleur moment : Tame Impala en clôture, superproduction sensorielle, mise au vert pour le rock psyché et des notes qui résonneront longtemps. Des larmes ont coulé.
Pire moment : Booba, arrivé avec retard de 45 minutes pour enfin donner un live quasi-insipide pour les non-initiés.

 

Tame Impala à We Love Green 2019
Crédit photo : Romain Bassenne

Crédit photo : Romain Bassenne

Crédit : Julien Mignot

 

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