Avec Sault, on s’est habitué à l’inattendu. Le collectif rnb / soul engagé d’Angleterre vient de lâcher un album surprise. Et ce n’est pas tant la forme qui intrigue, mais bien le fond. Car le projet sobrement nommé Air s’aventure dans des contrées baroques, virevoltantes, propres aux musiques épiques qu’on rencontre le plus souvent au cinéma.
Sault ne fait décidément pas grand-chose comme le commun des mortels. Exemple avec leur précédent album Nine, que les britanniques avaient laissé disponible seulement 99 jours, et pas un de plus… Avant de le supprimer. Chez Sault même si l’enveloppe est soul, l’esprit est plutôt punk. Et ils ont encore misé sur la surprise pour ce nouvel album.
Car Air, sorti dans la surprise générale -puisque sans promo-, explore des territoires étonnants et grandioses pour produire un album à l’atmosphère on ne peut plus cinématographique. 7 titres pour 45 minutes tout pile, et nous voilà transportés dans un univers féérique. On se croit très vite dans Fantasia, avec des orchestrations symphoniques partout.
Sault pousse ici le « épique » à fond de balle. De doux violons larmoyants pour mettre dans l’ambiance, des harmonies imposantes… Les voix qui chantent des « pom-pom-pom » pour accompagner la mélodie, la douceur d’une guitare (voire une harpe ?) contrecarrée par de puissants choeurs qui tendent vers le lyrisme. Sault assène des montées en puissance géniales. Et on est obligés de s’agenouiller devant la gestion virtuose de l’intensité et des émotions qui l’accompagnent. Un petit glockenspiel (comme un xylophone, mais avec des lames en métal au lieu du bois) et des flûtes traversières s’invitent. Puis des cuivres incisifs, triomphants et parfois inquiétants font vrombir l’ensemble en une seconde.
Finalement, en une courte incursion dans le troisième tiers de « Time Is Precious », Sault retrouve ses premières amours, avec un passage soul-rnb aux forts relents gospel. Celles qui avaient fait le sel de leurs précédents disques, comme 5 et Untitled (Rise). De ces mélodies et ces ambiances qui vous enveloppent dans du coton, façon Sunday Service de Ye. C’est un nouvel album aussi surprenant que puissant. Le collectif continue de tracer sa route, souvent sinueuse, toujours inattendue, et s’inscrit à nouveau dans une catégorie à part : la sienne, simplement.