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8 juin 2022

3 ans plus tard, le festival Yeah! revivait au rythme de la chaleur et du bon son

par David Kawika

Trois ans après sa dernière édition tenue, le festival de Nicola Galina, Laurent Garnier et Arthur Durigon réinvestissait la paisible cité de Lourmarin. Avec une programmation à la hauteur des températures affichées par le thermostat durant ce week-end de fête, de rires et surtout d’amour et de musique. On était à cette neuvième édition du Festival Yeah!, on vous raconte tout en attendant l’historique dixième à venir. 

La joie de retrouver, enfin, le Festival Yeah! dans le Lubéron et son château du 15e siècle perché sur les hauteurs du village de Lourmarin, n’avait d’égal que la frustration engendrée par ces deux années anxiogènes, liées à cette satanée pandémie. Tout est oublié ou presque : le soleil brille, les masques sont rangés, les visages illuminent, les bisous pleuvent comme des offrandes et la musique devient la reine du week-end quand la poésie a fait vibrer les coeurs et parfois même pleurer. « On est super content d’être de retour, on avait peur d’avoir perdu des gens (de l’organisation) en cours de route mais finalement non, on est reparti sur les mêmes bases, se réjouit le co-organisateur Nicolas Galina, la voix cassée et déjà sur les rotules après seulement une journée de festival. C’est une machine qu’il a fallu remettre en marche, et j’avoue que ça a été compliqué, certains de nos automatismes étaient rouillés. »

Gaspar Claus

Gaspar Claus au violoncelle accompagné de Basile3

Vendredi, pour le premier jour de cette 9e édition, on a été accueilli au pied du château par des odeurs aguichantes de poulpe grillé, d’omelette à la truffe et bien évidemment de lavande. Sur la merveilleuse Scène Vieille Ferme en contrebas de la cour du château, Gaspar Claus a eu l’honneur de lancer les hostilités sous les yeux d’un Laurent Garnier captivé. Bien aidé par son acolyte Basile3 derrière ses machines et sa tablette à effets, Gaspar Claus a proposé avec son violoncelle – et après avoir englouti deux Pastis – une extraordinaire traversée aquatique électronique, invitation au voyage qui se révéla aussi aérienne que lunaire. « C’était dingue et hyper agréable de jouer la première note de ce Yeah 2022 après trois ans d’absence, nous a confié le radieux Gaspar. Je viens chaque année et ça m’a manqué. Quand je joue, je ferme les yeux, je ne sais pas où je vais, où je pars. » Nous nous sommes laissés faire sans fard et sommes partis loin, très loin, et ce malgré deux Américains beuglards en fond de court. Ce premier set restera comme l’extase du jour.

 

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La drôle poésie des enfants est venue enchanter le samedi après-midi. Devant l’école du village, les kids étaient les rois d’un jeu savamment appelé « le game of trône (caca is coming), ou comment punir les organisateurs du Yeah ! » Chaque enfant avait pour mission de déposer une crotte en plastique dans un toilette, avant qu’un seau d’eau froide ne tombe sur la tête des trois loustics à la programmation du festi, les incontournables Nicolas Galina, Arthur Durigon et Laurent Garnier. Le traditionnel tournoi de pétanque est un autre moment fort de l’après-midi, agrémenté de pastis et de DJ sets. Au Yeah!, c’est tout le village qui est concerné, le sens du partage est érigé en étendard, il n’y a pas d’échappatoire et c’est ça qui est bien. On sait pourquoi on vient.

Los Bitchos

Los Bitchos sur scène

Au château, les festivités reprennent à l’heure de l’apéro avec Hyperactive Leslie sur l’envoûtante Scène Vieille Ferme. Même magie que la veille. En solo, le batteur et percussionniste Antonin Leymarie propose un set de 45 minutes en mode semi-improvisation. Là aussi on voyage, entre ambiant, jazz, rock et electro. On est pris, emballé, c’est rythmé et percutant. Le meilleur moment de la soirée, alors que devant la grande scène s’amasse un public conquis devant les badass de Los Bitchos, lesquelles font monter la température avec un set instrumental et fiévreux avant que Dombrance, un habitué des lieux, ne clôture à merveille ce samedi soir avec son électro ravageuse.

Dimanche, dernière ligne droite de ce marathon où on ne sait plus où donner de la tête. Après le déjeuner, et au moment où Nadal envoie de la mitraille à Roland-Garros, le tennis-club de Lourmarin est un passage obligé. Trois ans après le chavirement vécu avec Camion Bazar, Furie balance de la galette disco-funk mais la sauce prend moins facilement. La faute notamment au cagnard qui force le public en bobs, chapeaux et casquettes à se réfugier sous la pinède à la recherche de la moindre fraîcheur.

Mais l’événement du jour c’est le concert -immanquable- de Mendelson, à la fruitière numérique, seulement à trois minutes à pied du tennis club. Sur place, une bourse aux vinyles et surtout un mini club : dans « le hangar yeah » – la plus petite boîte de nuit de jour – ça envoie du lourd. Aucune mention du DJ dans le programme mais les enchaînements sont tellement propres et le son « so punchy » dans une veine house-techno, que ça trahit vite qui est le maître de cérémonie… c’est gagné, le boss Laurent Garnier himself !!!! Hystérie totale sur quelques mètres carrés. Bouillant.

A 16h, le front en sueur, on quitte « Lolo » pour l’Auditorium climatisé. Notre corps nous dit merci. Malgré une porte d’entrée qui ne cesse de s’ouvrir et de se refermer pendant le speech d’intro, ce qui a le don d’agacer gentiment l’immense et ironique chanteur-guitariste Pascal Bouaziz, Mendelson a livré un concert stratosphérique en guise d’adieu. Dernier album et dernier live après 25 ans de carrière aussi atypique qu’exemplaire, qui s’achève en cinq titres et 1h15. « Algérie » est un sommet exaltant de 25 minutes. Poésie des mots et des maux, c’est beau et puissant comme ses longs solos de guitares saturées et incandescents. Le choc.

La Jungle

La Jungle sur scène

La soirée et le festival s’achèvent en beauté sur la grande scène du château avec une programmation vraiment à la hauteur. Installé au milieu de la cour, le furieux duo La Jungle embrase tout sur son passage avec son rock un son noisy et une batterie frénétique. C’est frais, barré et ça pogote au sunset. Que demande le peuple ? Lucie Antunes ne démérite pas et elle aussi met tout le monde d’accord avec un son cotonneux, planant et percutant, tout en crescendo. Une claque, avant le set enflammé d’Optimo, les frangins de de Glasgow aux pépites house qui ont joué les prolongations. Profitant des derniers instants, le public se déhanche sous un petit quartier de lune et mille étoiles brillantes. Vivement l’an prochain et la très attendue 10e édition !

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