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© Moonshine - SMS for a location vol. 6 | Justice - Afterimage | Souleance - Kebab Discothèque
2 mai 2025

Justice, Souleance, Moonshine… les sorties de la semaine

par Siam Catrain

Si certains font le pont ce vendredi, les sorties, elles, font exceptions. Juste pour vous, Tsugi vous présente albums et EPs qui accompagneront ce long week-end : Justice, Souleance, Moonshine collective, Ehua, Mathilda, Lael Neale, Rainy Miller…

Justice – Afterimage Remixes (EP)

Bercé par la voix sensuelle de RIMON, « Afterimage« , l’un des titres les plus sensibles du dernier album de Justice, a droit a son EP de remixes sur Ed Banger. Quatre réinterprétations, dans des styles très variés, mais toutes cohérentes et souvent séduisantes.

Justice ouvre le bal avec une nouvelle version plus puissante et a la limite du hardcore de ce qui était au départ un des titres les plus sexy de l’album, tandis que Laurence Guy s’adresse résolument au dancefloor et que  Jersey injecte des pulsations breakées et moelleuses. Le plus surprenant est sans doute la version ultra poisseuse signé par les quinquas britanniques de Paranoid London, dont le remix résolument acid plonge les fans de Justice dans un club moite, sale et oppressant. Une belle réussite.

Souleance – Kebab Discothèque

Souleance, c’est la collision joyeuse entre le DJ parisien, Soulist et le beatmaker caennais, Fulgeance. Ensemble, ils sculptent un son métissé, nourri de leurs explorations musicales autour du monde. Déjà auteurs de reworks brésiliens ou réunionnais, ils recyclent, adaptent, échantillonnent pour mieux faire danser.

Avec Kebab Discotheque, nouveau disque instrumental, ils nous embarquent dans une virée orientale entre Istanbul, Marseille et une backroom moite des années 80. Le funk y flirte avec la disco psyché, les synthés chauffent à blanc, les basses bondissent langoureusement. On se délecte sur « Halumi« , première bouchée brûlante par la grâce de la voix d’Özgür, puis avec « Kaymak« , sucrerie dansante à consommer sans modération. Souleance ne réinvente pas la roue, mais le duo la font tournoyer avec efficacité, le sourire en coin et le beat bien calé.

 

Moonshine collective – SMS for location vol.6

En 2015, le collectif montréalais Moonshine a lancé son rituel underground, chaque samedi suivant la pleine lune. Avec des flyers minimalistes et le mystérieux du « SMS For Location », l’adresse n’était révélée qu’à la dernière minute. En hommage à l’énergie brûlante de ces soirées, il sort un sixième volume de SMS for Location.

Kaléidoscopique et luxuriant, il capte l’ardeur brute de ses soirées, DJ-set et live : batida syncopée, singeli effrénée, rumba glitchée, amapiano en apesanteur. On y retrouve l’urgence du club : DJ Lag convoque un gqom tellurique, UNIIQU3 triture un Jersey en cadence, Branko élargit l’horizon lusophone. SMS For Location Vol. 6 ne compile pas : il cartographie un monde, en BPM et en fréquences.

 

Ehua – Panta Rei

Ehua, DJ et productrice italienne basée à Londres, s’est fait remarquer ces dernières années notamment grâce à l’ingéniosité de ses derniers EP Clouds(2023) et Diplozoon (2018) ou encore à cause son passage sur la compilation mixée de Leon Vynehall pour fabric. Ce premier album, Panta Rei assoit son style et s’ancre déjà comme un incontournable de sa discographie, marquée par des sorties sur des labels comme Nervous Horizon et Ninja Tune.

Dans Panta Rei, Ehua transcende les frontières de la bass music et de l’ambient pour offrir un album où on la retrouve en égérie d’une sauvage liberté. Elle y explore, pour la première fois, sa propre voix, l’intégrant à des compositions où se mêlent instruments analogiques et acoustiques. L’album est un long continuum hors du temps qui fait passer ses 14 morceaux en une fraction de seconde.

 

Mathilda – Chapitre I – Certains infinis sont plus grands que d’autres (EP)

Auteure-compositrice-interprète, Mathilda a collaboré avec des figures aussi diverses que Julien Doré, SCH, Dinos et assuré les premières parties de Feu! Chatterton ou Agnès Obel.

Aujourd’hui, elle s’affirme en solo avec Chapitre I – Certains infinis sont plus grands que d’autres, premier volet d’un projet ambitieux et immersif baptisé L’Hôtel Hilbert. Avec sa voix douce et singulière, ses compositions vaporeuses entre chanson, pop et électronique, Mathilda tisse un univers lyrique, mélancolique et résolument cinématographique. À la croisée de Pomme et Lana Del Rey, elle esquisse une nouvelle forme de récit musical : une série à épisodes où chaque morceau est un chapitre, et chaque EP, une nouvelle chambre dans son hôtel imaginaire.

 

Lael Neale – Altogether Stranger

Dans Altogether Stranger, son quatrième album, Lael Neale murmure à l’oreille des fantômes lo-fi qui hantent encore les replis du folk américain. Exilée à Los Angeles, mais le cœur rivé vers les terres silencieuses de sa Virginie natale, cette virtuose indie rock enregistre des chansons qui tiennent dans une main, à base omnichord vacillant, guitares frêles et voix diaphane. Avec son complice Guy Blakeslee, elle compose des ballades sans pesanteur, à mi-chemin entre une Mazzy Star qui aurait découvert le sourire et une Lana Del Rey désossée.

La mélancolie rôde, mais ne s’impose jamais. Et c’est lune joie discrète, presque naïve, qui finit par l’emporter. Chaque titre semble griffonné sur le vif, dans une paisible urgence, comme si l’intime avait besoin de respirer à voix basse. Un disque modeste, mais bouleversant, à écouter comme on relit une lettre écrite à la main par un·e ami·e proche.

 

Rainy Miller – Joseph, What Have You Done?

Le producteur britannique Rainy Miller dévoile aujourd’hui Joseph, What Have You Done?, un album introspectif et audacieux, fruit de cinq années de travail. Originaire de Preston et figure de la scène expérimentale de Manchester, Rainy Miller mélange ambient, drill déconstruite et pop industrielle pour explorer des thèmes personnels tels que la paternité et la résilience.

Dans cette œuvre introspective, il interroge la figure paternelle, les silences hérités et les blessures transmises. L’album brille par sa cohérence sonore et son audace formelle, confirmant Rainy Miller comme l’un des artistes les plus émouvant de l’avant-garde électronique anglaise actuelle.

 

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