Sónar : appel massif au boycott, les artistes se retirent et se mobilisent
Plus de 80 artistes et collectifs du monde de la musique électronique ont appelé au boycott du Sónar festival ce 16 mai, reprochant à son actionnaire principal, KKR, des investissements dans des entreprises accusées de complicité dans des violations des droits humains en Palestine.
Le festival Sónar, rendez-vous incontournable des musiques électroniques à Barcelone, traverse une tempête politique et artistique.À l’approche de son édition 2025, Sónar fait l’objet d’un vaste boycott porté par de nombreux artistes passés ou programmés cette année, parmi lesquels Flore, Objekt, Le Motel, Brodisnkiou encore Kode9. Tous ont signé une lettre ouverte appelant le festival à se désengager des « investissements complices » de son actionnaire majoritaire, la société de capital-investissement KKR.
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KKR détient la majorité de Superstruct Entertainment, maison mère de Sónar festival. La lettre des artistes dénonce les participations financières de KKR dans des entreprises liées à la fabrication d’armes et à des sociétés israéliennes opérant dans les territoires palestiniens occupés. « Nous nous opposons à l’implication d’entreprises complices dans nos festivals et nos salles », peut-on lire dans le texte, relayé par le mouvement BDS (pour ‘Boycott, Désinvestissement, Sanctions’) qui coordonne cette mobilisation.
Parmi les demandes adressées à Sónar : rompre tout lien avec les investissements incriminés, adopter une politique éthique pour sa programmation et ses partenariats, respecter les principes du BDS, et instaurer un dialogue transparent avec les artistes.
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Face à cette contestation croissante, Sónar a publié un communiqué sur Instagram dans lequel il se présente comme « une plateforme qui promeut la diversité, l’inclusion et le respect de la liberté d’expression ». Le festival y affirme son attachement aux droits humains universels et sa condamnation de toute forme de violence, sans jamais mentionner explicitement KKR, Israël ou la Palestine. Le BDS a qualifié cette réponse d’insuffisante et appelle à renforcer la pression.
Cette mobilisation contre Sónar Festival s’inscrit dans une dynamique plus large : à Londres, plusieurs artistes ont également quitté l’affiche de Field Day, autre événement détenu par Superstruct, pour les mêmes raisons. À l’intersection entre engagement politique et industrie culturelle, la contestation menée contre le festival catalan pose une question central : jusqu’où l’indépendance artistique peut-elle exister, dans un système où les financements sont issus d’acteurs économiques liés à des conflits géopolitiques ?
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