En écoute : ‘The Carl Craig Story’, retour sur un mythe

par | 23 06 2025 | news

Carl Craig – Desire : The Carl Craig Story

Une superbe compilation vient de sortir, elle renferme les sons qui ont ponctué la vie de Carl Craig : ça s’intitule Desire : The Carl Craig Story. Un album qui fait aussi office de BO pour le documentaire de Jean-Cosme Delaloye, sorti en salle cette année sur la carrière de ce pionnier de la techno à Detroit. On plonge en musique dans la vie de cet incontournable de la musique électronique du Michigan.

Fan de techno ? Dur de faire l’impasse sur un de ceux qui ont modelé ce genre. Les légendes, ça se célèbre. Le réalisateur, Jean-Cosme Delaloye revient sur la vie et carrière de Carl Craig. Interviews exclusives, images d’archives et tracks inédits… tout un programme pour ce petit bijou sorti dans les salles britanniques, irlandaises et américaines le 8 mai.

Carl Craig est de ces figures dont l’empreinte traverse les époques et les frontières. Pilier de la seconde vague de la techno de Detroit, fondateur du label Planet E Communications (lien), producteur caméléon derrière une multitude d’alias69, Psyche/BFC, Innerzone Orchestra, a façonné une œuvre dense et visionnaire. Le documentaire n’est pas une biographie ronronnante, mais plutôt une plongée dans l’esprit d’un maestro, capable de passer du kick sourd d’un club aux harmoniques sophistiquées du Carnegie Hall. Audacieux mariage entre techno et jazz.

Le film nous balade de Détroit à Londres, de Chicago à New York et suit les pas d’un artiste dont la musique est une bande-son de la lutte et de la joie d’une ville en crise, qui a décidé de se démarquer en musique. C’est Craig lui-même qui livre son histoire, épaulé par une légion de mastodontes qui ont jalonné son parcours : Gilles Peterson, Roni Size, Laurent Garnier, DJ Minx

Oubliez les clichés. Ici, l’art et la musique s’entrelacent aussi lors de collaborations comme celle avec Bottega Veneta ou son installation « Party/After-Party » au Detroit Institute of Arts. À l’image de Carl Craig, finalement : visionnaire.

Elle se raconte aussi en musique, et un album éponyme s’ajoute au documentaire. On y retrouve des titres emblématiques, remixes cultes, mais aussi des pièces rares, voire inédites au format digital. L’ensemble dessine une cartographie sonore qui rend justice à la richesse de son parcours.

Parmi les morceaux exhumés figure « No More Words », track de 1991 qui n’avait jusqu’ici jamais été disponible en numérique. Rendu dans une version remasterisée, le titre incarne ce que Craig sait faire de mieux : faire cohabiter groove minimal et textures synthétiques. Même logique pour « The Truth », publié à l’origine sous le nom Designer Music, désormais accessible en streaming : une première depuis sa sortie confidentielle, il y a plus de vingt-cinq ans.

La compilation inclut aussi « Meditation Four », ambient contemplatif de 11min18 tiré de la compilation Masterpiece publiée chez Ministry of Sound en 2013, ainsi que des remixes, comme son rework de « Like A Child » de Junior Boys (nommé aux Grammy Awards) ou sa réinterprétation délicate de « Azure » de Slam, initialement sortie en tirage limité en 2012. Le tout est ponctué de collaborations avec Moritz von Oswald ou Francesco Tristano et déploie l’ensemble de ses différents alias.

Plus qu’une compilation, Desire : The Carl Craig Story agit comme une archive précieuse. Comme un nouveau témoignage d’un héritage en mouvement.