Mau P, le DJ Néerlandais, clôture ce mercredi 8 octobre sa toute première résidence au Pacha. Propulsé par son tube dance « Drugs in Amsterdam », le musicien de 28 ans a joué cette année aux 2 week-ends de Coachella et a eu le privilège de sa propre soirée, Baddest Behaviour, dans un des clubs les plus mythiques d’Ibiza. Courant septembre, nous l’avons rencontré sur l’Île Blanche.
Quand on débarque à Ibiza, difficile d’échapper aux deux cerises rouge carmin, le logo du Pacha : boutiques de produits dérivés, hôtel, restaurants, bar à cocktails et écrans publicitaires annonçant la programmation de la saison… Plus grand-chose à voir avec la discothèque de station balnéaire ouverte en 1973 ! Le Pacha, c’est le clubbing en mode industriel avec des franchises un peu partout sur la planète.
Le sens de la fête
Mais à peine sorti de l’avion, le premier événement auquel nous sommes conviés, c’est « Solomun at the Port ». Depuis 12 ans, le DJ bosno-allemand joue gratuitement sur le port d’Ibiza, au pied de la vieille ville. « Il y a 12 ans, quand j’ai mis mon premier disque, il n’y avait personne, devant moi, pas un curieux ! Une heure après, ils étaient 10 000 ! C’est mon rendez-vous préféré de l’été », nous confie-t-il, fidèle du Pacha et des clubs d’Ibiza. Si les bars et les restaurants de cette zone touristique se frottent les mains, on est surpris de l’ambiance bon enfant et du public mélangé venu assister, parfois en famille, au mix de Solomun.
On se retrouve avec une bande de journalistes et influenceurs de toute l’Europe : Allemagne, Portugal, Irlande… un véritable voyage de presse comme nos confrères journalistes plus âgés se vantent d’avoir vécu : hôtel 4 étoiles, délicieux restaurant bistronomique sous les palmiers et les néons du club, cocktail au bar. Mais mettre un seul pied sur le dancefloor du Pacha, c’est se rappeler instantanément que le savoir-faire ibicenca en matière de clubbing et le sens de la fête du public espagnol n’ont pas beaucoup d’équivalent sur la planète.
Un son taillé pour les clubs
Avant d’exploser, Mau P traînait plutôt dans l’underground d’Amsterdam. Élevé dans une famille de musiciens – sa mère est chanteuse et son père était un saxophoniste de jazz réputé – il découvre les clubs undergrounds de la capitale hollandaise à l’adolescence en explorant tous ses aspects. « Amsterdam a toujours été une grande inspiration pour moi. La musique qu’on y faisait dans les années 1990, tous les sons rave plus durs, on les retrouve dans mon morceau « Drugs from Amsterdam » mixés avec des sons tech-house d’aujourd’hui », raconte Mau P. « Maintenant que je tourne beaucoup, c’est amusant de retrouver des sonorités des clubs d’Amsterdam sur des dancefloors aux États-Unis, deux ou trois ans plus tard. »
La musique de Mau P est un mélange ultra efficace de hard house et d’EDM avec des refrains clairement taillés pour les gros clubs et festivals. Mais ce qui nous a tout de suite intrigué chez lui, c’est qu’il a profité de Baddest Behaviour, sa résidence au Pacha, pour montrer toute l’étendue de ses goûts et de ses influences. Tous les mercredis depuis le 6 août, il a partagé les platines avec Blond:ish, WhoMadeWho, Kölsch, Mind Against, Henrik Schwarz, Mall Grab, Seth Troxler, Mano Le Tough, Sally C… un line-up assez éclectique.
« C’est une immense responsabilité d’avoir une résidence ici. On se sent dépositaire de l’histoire de ce lieu. J’ai la chance de faire venir un public assez jeune. Pour moi c’est important de leur faire découvrir l’histoire des musiques de danse à travers des artistes qu’ils ne connaissent pas encore. C’est comme ça que j’ai découvert l’histoire de la techno et de la house quand j’étais plus jeune à Amsterdam. », s’emballe Mau P.
Club iconique, dancefloor magique
Il nous confie avoir été stressé quand le Pacha lui a proposé cette résidence se demandant s’il allait pouvoir remplir le club. L’énergie qui a traversé la piste quand il s’est mis aux platines était fascinante à observer. Il faut dire qu’au Pacha, tout est fait pour amplifier l’effet de la musique : les lights shows, les lasers, l’ambiance générale assez sombre et surtout le son ! Quelque soit l’endroit où vous vous trouver sur le dancefloor, vous vous sentez immergé dans la musique avec l’inexorable pied qui vous secoue les entrailles de façon irrésistible.
À l’heure où parfois, on s’interroge sur le modèle des clubs à Paris, où certains ont remis des coins VIP réservés aux clients qui ont acheté des bouteilles. On voit aussi d’autres types de soirées éclore, autour de collectifs, souvent au-delà du périphérique, qui ferment parfois à 2h du matin et attirent un public plus mélangé. Mais Ibiza ne change pas, et derrière la façade commerciale, son cœur bat toujours autour des 130 BPM, et c’est assez rassurant.
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Mau P a sorti « Tesla » cet été, un nouveau single énergique qui n’est pas un clin d’œil à la firme de Musk. Après sa nuit au Pacha, il retournait aux États-Unis pour jouer à Las Vegas. Une vie de DJ superstar qui paraitrait presque anachronique mais dont il semble vouloir profiter pour défendre une certaine idée du clubbing : généreux, curieux et fédérateur.