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©Daniel Topete
14 décembre 2021

💿 Album du mois : le rock de Geese rappelle ce qui se fait de mieux depuis les Strokes

par Tsugi

C’est l’album du mois du Tsugi 146 (dĂ©cembre 2021) : Projector de Geese, sorti sur Partisan Records/Pias. 

Chronique issue du Tsugi 146 : Ascendant Vierge, génération désenchantée, disponible maintenant en kiosque et à la commande en ligne.

C’était il y a vingt ans dĂ©jĂ . Avec leur premier album, les Strokes ouvraient une nouvelle Ăšre pour le rock, en replaçant New York en cƓur crĂ©atif du genre. RĂ©actualisant Blondie ou Television, ils ouvraient la voie Ă  plĂ©thore de groupes britanniques (Bloc Party, Franz Ferdinand, Arctic Monkeys), ainsi qu’à d’autres compĂšres de Brooklyn comme Vampire Weekend ou, plus rĂ©cemment, Parquet Courts. C’était il y a vingt ans, et aucun des membres de Geese n’était nĂ©. Pourtant, ils reprennent ce flambeau avec panache. Pour cela, ils profitent bien entendu du revival post-punk qui secoue les Ăźles britanniques depuis quelques annĂ©es : leur album sort sur Partisan, label d’Idles ou Fontaines D.C., avec un mixage de Dan Carey, dĂ©jĂ  vu auprĂšs de Squid, black midi ou mĂȘme, justement, Bloc Party et Franz Ferdinand. N’allez pas croire pourtant que ces cinq jeunes de Brooklyn ne sont que de talentueux hĂ©ritiers.

Projector

Artwork

Car le groupe s’est avant tout fait seul : leur album Ă©tait dĂ©jĂ  enregistrĂ© avant de rencontrer Carey ou Partisan. Et ce qu’ils proposent se dĂ©marque des disques tourmentĂ©s et rageurs venus d’Europe. Leurs duos de guitares rappellent ce qu’il se fait de mieux dans la Big Apple depuis la bande de Tom Verlaine. Mais surtout, leurs goĂ»ts vont bien au-delĂ  du simple art pop façon CBGB. S’ils maĂźtrisent leurs classiques, de Pink Floyd Ă  Led Zeppelin, mais aussi Yes ou Radiohead, ils citent Ă©galement King Gizzard & The Lizard Wizard ou encore Animal Collective dans leurs influences. Il faut dire qu’à leur Ăąge, peu importe l’époque : ils ont tout dĂ©couvert d’un bloc, et puisent dans l’histoire du rock avec un enthousiasme juvĂ©nile et postmoderne. Ainsi, derriĂšre ce punk-funk peut s’entendre une myriade d’autres genres, qui s’entremĂȘlent. Avec ces riffs anguleux de guitares claires, de nombreux morceaux peuvent rappeler le math rock, notamment « Disco » et sa rythmique Ă  sept temps. Le groupe multiplie les sorties de route, explorant tour Ă  tour le psychĂ©, puis un rock presque progressif. Autant de genres souvent antagonistes, pourtant rĂ©unis par cette Ă©nergie adolescente imparable. Projector possĂšde ainsi plusieurs facettes, sans que l’une prenne vĂ©ritablement le pas sur l’autre. Mais le plus fort est que le groupe rĂ©ussit ce mĂ©lange sans tomber dans la posture ni l’excĂšs. Tout reste trĂšs cohĂ©rent, intuitif ; plus accessible que les touffus black midi, moins kalĂ©idoscopique qu’un Black Country, New Road. En un mot : efficace. L’album est notamment sous-tendu par un sentiment d’urgence, toujours fondamental dans ce registre. Celui-ci ne vient pas uniquement d’une angoisse adolescente, mais aussi de contraintes pratiques : les cinq compĂšres Ă©taient encore au lycĂ©e pendant l’écriture du disque. Il fallait donc mettre Ă  profit le peu de temps qu’ils avaient pour rĂ©pĂ©ter, et aller Ă  l’essentiel. On pourrait presque avoir peur pour les Geese, maintenant qu’ils ont du temps devant eux, et un label qui les soutient. Mais Projector prouve qu’ils ont assez de maturitĂ© pour faire les bons choix.

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