Album du mois : The Notwist — Close To The Glass

Un groupe dis­cret, économe de ses com­po­si­tions, prenant le temps de laiss­er mûrir ses chan­sons, c’est devenu rare à l’heure de l’info-minute, du teas­ing per­ma­nent et de la célébrité comme but ultime… The Notwist fait des appari­tions à éclipses, mais cha­cune fait date. Cet élé­giaque et élé­gant Close To The Glass, sep­tième album de ce groupe majeur (et alle­mand), n’infirmera pas l’adage. Lancé sur les traces d’Hüsker Dü à la fin des années 80 par les frères Acher, The Notwist a con­nu son épiphanie élec­tron­ique en inté­grant le fure­teur Mar­tin Gretschmann aux claviers sur Shrink (1998), devenant ain­si le fer de lance d’un rock tra­ver­sé d’expérimentations élec­tron­iques (ou l’inverse), for­mule qui a trou­vé son acmé sur l’aujourd’hui culte Neon Gold­en (2002). Et a été pil­lée par tous depuis.

Six ans après The Dev­il, You + Me, après avoir écrit la bande orig­i­nale d’un film et pour­suivi de pas­sion­nants pro­jets par­al­lèles (Lali Puna, Con­sole, Ms. John Soda, Acid Pauli…) pour nour­rir la mai­son mère, les Bavarois revi­en­nent donc, enfin, hanter nos platines avec douze chan­sons qui toutes mérit­eraient vingt lignes d’éloges (“Run Run Run”, “Sig­nals”, “Lineri”…). Baignée de mélodies entê­tantes, à la fois portée vers l’avant(-garde) et tein­tée d’une douce nos­tal­gie, la musique en lib­erté de The Notwist ne ressem­ble à aucune autre, changeant de pied où l’on s’y attend le moins, pas­sant en quelques mesures de l’électronica au rock, du folk à l’ambient, du shoegaz­ing à l’électronique robo­t­ique. Sans jamais rompre le frag­ile équili­bre de titres tou­jours au ser­vice des mur­mures mélan­col­iques de Markus Acher. Ser­ti de mille détails et sam­ples tor­dus, Close To The Glass réc­on­cilie toutes les chapelles, grand disque pop et grand disque expéri­men­tal à la fois. Imag­inez le Bri­an Eno d’Apollo jouant les tubes des Strokes avec Cari­bou, ou Daniel Lopatin reprenant Sebadoh, et vous aurez une (toute) petite idée de la munif­i­cence de cet album. La pre­mière claque de 2014. (Matthieu Recarte)

Close To The Glass (City Slang/Pias)