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© Catharina Gerritsen
12 septembre 2023

Altin Gün : « on n’a jamais eu l’intention de faire passer notre musique à la radio »

par Léa Formentel

À l’occasion du festival Rock en Seine, qui fêtait ses vingt ans cette année, on a rencontré Jasper, membre de Altin Gün. On s’est retrouvé un samedi après-midi, en plein cagnard à quelques heures de leur passage sur la grande scène. On a pu parler de leur expérience des festivals, des inspirations musicales du groupe, des objets qu’on leur jette parfois sur scène…

 

Vous allez donc jouer dans quelques heures avec le groupe, comment tu te sens ?

Jasper (Altin Gün) : Bien ! Le temps a l’air d’être au beau fixe.

 

Le temps est-il important pour vous ?

Jasper : Bien sûr, oui. S’il n’y a que de la pluie et des orages, ce ne sera pas la même ambiance. Mais oui, et puis c’est super, on joue sur une grande scène et on la partage avec des légendes comme Cypress Hill et Chemical Brothers. Quand on commence à faire de la musique, on ne s’attend jamais à partager la même scène que ce genre de noms. C’est très excitant.

 

Cypress Hill et The Chemical Brothers vous ont-ils inspirés à un moment donné ?

Jasper : Pas nécessairement, mais leur musique a toujours été présente depuis qu’on est adolescents.

 

Ce n’est pas la première fois que vous jouez à Paris. Vous êtes venus en mai dernier pour un concert au Cabaret Sauvage. J’aimerais savoir ce que tu ressens à l’idée de revenir ici, à Paris ?

Jasper : C’est génial, parce que la France en général, et Paris en particulier, ont toujours été accueillants.

 

Tu veux parler du public, par exemple ?

Jasper : Tout ! Les salles, le public, les stations de radio… Tu sais, notre musique est un style très particulier. On n’avait jamais eu l’intention de la faire passer à la radio, ce n’était pas un objectif quand on a commencé. On voulait juste rendre hommage à cette musique folklorique turque. Et puis, je pense que la France a été l’un des premiers pays qui l’a vraiment reprise et qui a commencé à la faire passer en radio. L’un de nos premiers gros concerts était aussi en France, à Rennes, aux Transmusicales. C’est toujours une bonne chose pour nous de revenir en France !

 

Votre dernier album est sorti en mars. Tu dirais qu’il y a une différence entre l’expérience du festival et celle dans les salles comme justement au Cabaret Sauvage ?

Jasper : Oui, le festival c’est toujours particulier… Tu sais, il y a beaucoup de gens dans la foule qui ne viennent pas forcément que pour toi. Quand tu joues dans une salle, tu sais que tout le monde est là pour toi. Ils ont acheté un billet pour te voir. C’est donc toujours un peu plus plaisant, d’une certaine manière, on est parfois un peu plus nerveux avant un grand concert comme celui-ci parce qu’on ne sait pas comment va être le public. Parce qu’on ne sait pas comment le public va réagir. Mais c’est bien qu’on fasse les deux. J’aime vraiment faire des festivals mais aussi des concerts dans des salles.

 

J’ai lu quelque part que vous aimiez jouer dans les mêmes salles quand vous faites des tournées, c’est vrai ?

Jasper : Ça dépend, surtout depuis qu’on a commencé. Dans la plupart des pays, les salles sont plus grandes qu’elles ne l’étaient il y a quelques années. Mais par exemple, on a déjà joué au Trianon, et la première fois on l’a fait une fois… puis quand on est revenus, on a fait deux concerts d’affilée. Et c’est quelque chose qu’on aime vraiment faire, car on peut choisir de jouer dans une salle deux fois plus grande, mais on peut aussi faire deux concerts dans une salle plus petite.

 

Et c’est ce que vous préférez ?

Jasper : On préfère ça oui ! Parce que c’est agréable d’être dans une ville pendant un certain temps et de ne pas simplement y aller en voiture, de jouer ton concert et de partir pour la ville suivante. C’est aussi plus facile de communiquer avec le public, de sentir l’ambiance de la salle quand l’endroit est plus petit.

 

Vous préférez les petites interactions avec le public, mais comment pouvez-vous le faire pendant un festival ? C’est plus difficile ?

Jasper : On le fait toujours, bien sûr ! Quand on joue pour un public et qu’on voit un public qui nous regarde, il y a toujours une interaction. Mais c’est un peu plus facile quand il y a au maximum 2 000 personnes ! Ça dépend toujours, parfois on joue dans un festival et on remarque que l’avant est très enthousiaste… et que l’arrière, moins. Mais parfois ça a aussi à voir avec le son. Quand tu joues à l’extérieur et que le son n’est pas parfait, ou qu’il y a une autre scène où les gens à l’arrière entendent deux choses en même temps… C’est plus difficile d’attirer la foule.

 

 

Pendant la tournée, avez-vous/prenez-vous le temps de composer ?

Jasper : Oui, parfois on fait des démos. On les commence par exemple sur ordinateur, et on continue à travailler dessus quand on est dans le van, en route pour le prochain concert. Parfois, on essaye même des nouveaux titres pendant le soundcheck. Et si ça arrive plusieurs fois, on se dit : « Ok, maintenant c’est assez bon, on peut l’inclure dans le set. »

 

Avez-vous déjà pensé à faire quelque chose de totalement différent, comme un autre genre de musique ?

Jasper : Je pense que ce que nous jouons, c’est déjà un mélange de plusieurs genres, mais c’est toujours turc. Et beaucoup de chansons sont de vieilles chansons folkloriques turques. Pendant la pandémie, on avait fait deux albums. Le second n’est sorti que sur Bandcamp. On ne l’a jamais sorti physiquement. Et tout l’argent qu’il a rapporté était destiné à une association caritative, pour la protection de la nature. Cet album a été réalisé presque entièrement de manière électronique et presque entièrement à la maison. Dans ce monde de la musique folklorique turque, anatolienne, on peut vraiment expérimenter en la combinant avec beaucoup d’autres genres. Mais oui, je pense que pour le prochain album, on commence doucement à travailler sur de nouvelles idées. Il pourrait être moins folklorique. Nous pourrions essayer d’écrire plus d’originaux, d’utiliser moins de chansons folk…. On ne sait pas encore. On n’est pas très conceptuels, on voit simplement où l’inspiration nous mène.

 

Mais y a-t-il quelque chose qui vous inspire en ce moment ? Quelque chose que vous écoutez ?

Jasper : Toujours, oui. On est six dans le groupe, on écoute un peu la même musique, mais chacun a des goûts différents. Mais on prend généralement de petits aspects des choses qui nous inspirent et on les combine avec ce que nous faisons déjà, ou ce que quelqu’un d’autre apporte. C’est toujours un mélange de toutes sortes d’influences. En général, il n’y a jamais un musicien, un genre ou un album qui nous inspire tous au même instant. Ça peut être, je ne sais pas, du rock and roll des années 50 ou du rockabilly, mais ça peut aussi être du hip-hop des années 90… On n’est pas vraiment un groupe qui se concentre sur un genre musical en particulier.

 

Et pour terminer, quelles sont les choses les plus folles que vous ayez vécues en tant qu’artiste avec le public pendant les festivals ?

Jasper : Tu sais, on n’est pas vraiment un groupe punk ou quelque chose comme ça qui sauterait dans le public et plongerait sur scène.  Notre musique est plutôt douce d’une certaine manière. Il y a de l’énergie, mais ce n’est pas une énergie agressive, je suppose. Mais je pense que lorsque nous avons commencé à faire des concerts plus importants, c’était incroyable de voir que les gens commençaient à chanter avec nous et à participer à nos chansons. Il y a des chansons où, par exemple, Merve fait des claquements de doigts et demande au public de faire de même, et la première fois que tu vois des centaines de personnes faire ça, c’est vraiment spécial. Parfois même, les gens lancent des objets sur scène.

 

C’est vrai ? Comme quoi ?

Jasper : Des fleurs surtout.

 

Vraiment ? C’est mignon.

Jasper : Je veux dire, les fleurs, c’est bien. Ça pourrait être pire. Ça pourrait être une culotte.

 

Exactement. Je pensais à ça en fait.

Jasper : C’est probablement arrivé aussi. Je pense qu’il y a eu quelques occasions. Nous ne sommes pas ce genre de personnes (rires) Il y a toujours quelques bizarreries dans le public, mais c’est aussi ce qui rend les choses agréables. C’est bien de voir que les gens se laissent aller, se décoiffent et apprécient simplement la musique, mais il n’y a pas d’histoire folle en particulier que je pense pouvoir vous raconter maintenant, désolé. J’aimerais avoir une histoire juteuse (rires)

 

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Si vous comptez les voir en Europe en 2023, il va falloir vous dépêcher : Altin Gün jouera à Hambourg le 20 septembre, puis passera par la Suède, la Norvège et le Danemark… avant de s’envoler pour quelques dates aux Etats-Unis.

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