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5 octobre 2018

Angèle publie le clip fou de « Tout oublier » avec Roméo Elvis, dans la foulée de son album « Brol »

par Corentin Fraisse

Avec Angèle, on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise. Publier son premier album, ce n’était pas suffisant pour la prodige belge qui, en à peine un an, s’est invitée sur toutes les lèvres et a conquis pas mal de coeurs. Elle dévoile déjà le clip de « Tout oublier » -réalisé par Brice VDH & Léo Walk- où elle partage l’affiche avec son rappeur de frère, Roméo Elvis. Combinaisons de ski, spleen, plage, danse du boule et pop sucrée. Angèle et Roméo sont en parfait décalage avec le monde extérieur : eux sont confortablement blottis dans leur déprime, quand les autres profitent du soleil et de l’insouciance estivale. Sur une douce mélodie chaloupée, les paroles racontent la déprime qui suit une rupture. Angèle nous parle du besoin d’avancer, mais aussi des conseils dénués de sens et souvent vains prodigués par nos proches : « oublie que t’as perdu tout ce que t’avais, c’est simple, sois juste heureux. Si tu le voulais, tu le serais« . Comme un rire goguenard lancé au diktat du bonheur, qu’il vienne de la famille, des amis ou d’inconnus sur Internet. Ce choix de clip est parfaitement logique pour accompagner la sortie de l’album, puisqu’on y retrouve ses thèmes principaux : beaucoup d’humour pour cacher la mélancolie, une histoire de love, l’influence du regard des autres et aussi des réseaux sociaux, le thème récurrent de ce disque, Brol (« bordel » en argot belge), sortant ce vendredi 5 octobre.

C’est assez évident sur « Victime des réseaux », suite imaginée du titre « Victime de la mode » de MC Solaar, qu’Angèle reprend souvent en concert. Mais plus subtilement, elle évoque très souvent les effets pervers d’Instagram, ainsi que ses côtés bénéfiques, notamment pour ouvrir les consciences. Par exemple dans « Balance ton quoi », référence évidente à #BalanceTonPorc et #metoo. De quoi parler du sexisme ordinaire, auquel elle est parfois confrontée : dans une interview présente dans le dernier numéro de TsugiAngèle raconte comment les gens s’étonnent qu’elle puisse elle-même écrire ses textes… Mieux vaut ne pas répondre : « je serai polie pour la télé« , concède-t-elle. Parce qu’à l’exception du dingle « La Loi de Murphy » -qu’elle a coécrit avec Veence Hanao-, la jeune belge a signé toutes les textes du disque. Ils sont souvent légers avec quelques faiblesses qu’elle a volontairement laissées pour un côté naturel -ou peut-être par « Flemme »-, parfois moroses mais toujours efficaces. Serait-ce grâce à des paroles simples ou à ses mélodies? Quoi qu’il en soit, chaque chanson s’incruste dans votre cerveau instantanément, pour ne plus jamais le quitter… Ca en devient presque rageant. Claviers étouffés, basses électroniques, influences club… Les productions sont pétillantes et on se laisse vite bercer. Et puis, çà et là, Angèle se laisse aller à des fulgurances bien plus calmes, comme sur le merveilleux « Nombreux » : un piano-voix poignant follement romantique, soutenu par des choeurs chaleureux.

Sans passer par la case EP (même si on avait déjà découvert quatre morceaux – « La Loi de Murphy », « Je veux tes yeux« , « La Thune » et « Jalousie » – au fil des mois), Angèle a fait de ce premier album une vraie réussite, très encourageante pour la suite. Sa pop générationnelle devrait continuer à rencontrer un succès fulgurant et on ne va pas bouder notre plaisir. Car sous les apparences de pop ronde et sucrée, elle cache une maturité rare pour une artiste de 22 ans. Avec Brol, Angèle arrache définitivement son étiquette de « fille et petite soeur de » -fille du chanteur Marka et de la comédienne Laurence Bibot, soeur de Roméo Elvis- et peut poursuivre une route qu’elle commence à peine à tracer, le coeur un peu plus léger.

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