©Philippe Lévy pour Tsugi

Arrêter d’être DJ” : quand Laurent Garnier pense à raccrocher

par Tsugi

Qu’on se ras­sure, ce n’est pas encore le cas. Celui que l’on surnomme “ton­ton Gar­nier” ou encore “le pape de la tech­no française” n’a fait que l’évo­quer, mais la per­spec­tive de pren­dre sa retraite du DJing “la nuit à 5 h du matin” sem­ble se pro­fil­er dans son esprit, comme il le con­fie dans le Tsu­gi 143, à la fin de son inter­view aux côtés des Lim­iñanas (Lionel et Marie) au sujet de leur album com­mun De Pelic­u­la. Voici l’ex­trait entier.

Tsugi 143 : Garnier/Limiñanas, dispo en kiosque et à la commande en ligne

Cela n’a peut-être plus beau­coup de sens pour moi.”

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[…] Alors bien sûr avec ces références d’un autre monde, et un disque qui est décrit dans le com­mu­niqué de presse comme « l’œuvre instinc­tive d’un groupe soudé, vivant dans une inter­zone où le temps sem­ble s’être arrêté en 1970 », il est facile d’accuser le cou­ple Garnier/Limiñanas d’être un addict du « c’était mieux avant » et de ne pas être à l’aise dans notre époque pour­tant for­mi­da­ble (on plaisante). Grossière erreur, comme l’explique Lionel, à l’aise dans ses bas­kets : « Je n’ai jamais été aus­si heureux que main­tenant. Grâce à la musique, j’ai réglé des tas de trucs qui me frus­traient depuis très longtemps et je me sens bien. » Ce que Lau­rent ne peut qu’approuver : « Moi aus­si je suis très à l’aise. Depuis un an, c’est le troisième pro­jet dif­férent sur lequel je bosse : j’ai enreg­istré beau­coup de morceaux tech­no pour moi, j’ai imag­iné la BO élec­tron­i­ca d’un long-métrage, et ce disque bien sûr. C’est bien notre époque qui me per­met de faire des choses aus­si var­iées. Dans sa forme, cet album n’est pas si rétro que ça. Il n’est pas lié à une frus­tra­tion passéiste : on s’est juste fait plaisir. » Ce qui ne leur inter­dit pas à ce stade de car­rières déjà bien rem­plies et surtout réussies de s’interroger sur la légitim­ité d’un futur tou­jours nour­ri par la chaleur des salles de con­cert et la moi­teur des clubs. À l’image de Marie : « Chaque année qui passe, je me demande si c’est encore pos­si­ble de con­tin­uer. » Elle peut être ras­surée par Lionel : « Quand nous étions jeunes, notre but n’était pas de vivre sur le mode rock’n’roll tel qu’on l’imagine sou­vent, rem­pli d’excès, mais d’avoir une vie dif­férente et surtout pas emmer­dante. Aujourd’hui, vieil­lir dans la musique me ras­sure grâce des artistes qui, en prenant de l’âge, sor­tent des dis­ques de mieux en mieux comme Pas­cal Come­lade ou Nick Cave. »

Pour­tant Lau­rent jette le trou­ble : « Quand je dis à 55 ans dans un dîn­er avec des gens qui ne me con­nais­sent pas que j’ai hâte que les clubs rou­vrent pour danser un bon coup, franche­ment ça fait des blancs… (rires) Alors que oui j’ai envie de lâch­er les chevaux ! Mais je pense aus­si qu’il y a une sorte d’élégance de se dire que je vais con­tin­uer dans la musique, mais que je vais peut-être arrêter d’être DJ, la nuit à 5 h du matin avec des gens déboîtés. Cela n’a peut-être plus beau­coup de sens pour moi. » Non Lau­rent, pas toi, pas après tout ce que tu as fait pour nous. Tu ne vas quand même pas nous planter main­tenant comme Juli­ette a largué Saul à la fin de votre disque sur le bord d’une aire d’autoroute ? Non, l’histoire n’est sûre­ment pas terminée.

Lire l’in­ter­view inté­grale dans le Tsu­gi 143, en kiosque et à la com­mande en ligne

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