✅ Artiste Tsugi à suivre : Malibu, le son des vagues sur la plage le matin dans le brouillard

Avant qu’elle con­quière la scène de la Gaîté Lyrique le 9 octo­bre avec Loren­zo Sen­ni, on a tenu à vous par­ler de la plus sage des artistes de la scène élec­tron­ique de demain, et surtout l’une de ses plus douées, la Française Mal­ibu.

À l’o­rig­ine issue du col­lec­tif féminin TGAF (Oklou, Carin Kel­ly, Miley Seri­ous, DJ Ouai) dont elle s’est rapi­de­ment éman­cipée, la jeune paloise Bar­bara alias Mal­ibu a préféré trac­er son pro­pre chemin vers l’in­fi­ni univers de la musique ambi­ent. À ce pro­pos, elle dira – à rai­son – que les éti­quettes impor­tent peu et même que le terme “ambi­ent” est bien réduc­teur tant les influ­ences qui tra­versent sa musique sont nom­breuses (“autant de la pop, de la dance music, du chill-out que des trucs plus éthérés”). En fin de compte, peut-être que le terme le plus adéquat serait celui de “musique essen­tielle”, tant elle s’ap­plique à désha­biller chaque son com­plexe pour ne garder que sa forme la plus pure.

Ain­si, elle nav­igua à tra­vers l’Améri­cain Joy­ful Noise, label d’Of Mon­tre­al ou Joan Of Arc, sur lequel elle sor­tait son divin pre­mier EP One Life en 2019 ; ou encore l’Alle­mand et tou­jours à la pointe PAN avec sa par­tic­i­pa­tion à la com­pi­la­tion mono no aware (le superbe track “Held”). Sans oubli­er ses impec­ca­bles mix­es sur son Sound­Cloud qui racon­tent cha­cun sa pro­pre his­toire, son pro­pre film, entre field record­ings, influ­ences et morceaux personnels.

Et comme il est grand temps de la voir sur scène, Mal­ibu sera en live à la Gaîté Lyrique le 9 octo­bre, en pre­mière par­tie du “tranceux pointil­liste”, comme il le dit lui-même, Loren­zo Senni.

Mal­ibu, c’est bien sûr la plage le matin dans le brouil­lard, les couch­ers de soleil, le son des vagues, l’infini, le rhum coco.”

malibu

Ques­tion peut-être un peu bateau, mais pourquoi ce nom Mal­ibu ? Qu’est-ce qu’il t’évoque personnellement ?

Je sais plus trop hon­nête­ment, il fal­lait que je trou­ve un pseu­do pour Sound­Cloud. Je crois qu’avant je m’appelais Maliblu92, puis juste Mal­i­blu… et enfin Mal­ibu. Et c’est resté ; je me dis sou­vent que c’est un peu bête comme nom mais en même temps je ne saurais pas en trou­ver un dont je ne me lasserais pas. Mal­ibu, c’est bien sûr la plage le matin dans le brouil­lard, les couch­ers de soleil, le son des vagues, l’infini, le rhum coco.

Peux-tu me don­ner ta déf­i­ni­tion per­son­nelle de l’ambient ?

C’est un moment dans une bulle, c’est toi et le monde ; comme être allongé sur le sable et la mer est calme.

Je crois que tu es plutôt jeune, pas encore la trentaine. Pour­tant la musique que tu as sor­tie jusqu’à présent sous le pro­jet Mal­ibu est un mélange de plein d’influences, mais comme passées à tra­vers une grosse réverb, de sorte qu’on obti­enne un résul­tat très calme, pur, éthéré, essen­tiel, mais qui demande de la patience pour être pleine­ment digéré, com­pris par l’au­di­teur. Une patience dont un jeune pub­lic manque par­fois, où il lui faut tout, tout de suite. Qu’est-ce qui t’a amené à pro­duire cette musique si calme, toi ?

C’est mon pro­pre lan­gage, un mélange organique de plein de trucs qui m’inspirent, autant de la pop, de la dance music, du chill-out que des trucs plus éthérés. Mais c’est mar­rant parce que, per­son­nelle­ment, je ne trou­ve pas ça calme. Peut-être parce que lorsque j’écris, c’est comme met­tre la détresse que je ressens en chan­son, donc quand je m’écoute, je sais exacte­ment à quoi (ou à qui) ça se réfère et ça en devient presque lourd. Après, j’ai pas vrai­ment « choisi » de faire tel ou tel style, c’est ce qui « sort » quand je pro­duis la musique. Au début, je tes­tais des trucs dif­férents mais, par exem­ple, j’étais (et suis) nulle en drums, alors je me suis mise à sim­ple­ment loop­er des petits bouts de tracks, les étir­er, les ralen­tir, y ajouter ma voix, noy­er le tout dans l’espace, etc… Et j’ai con­tin­ué, donc j’imagine que c’est ça la musique que je fais.

Tu restes encore assez cachée sur la scène élec­tron­ique française, déjà parce que ton nom de scène est impos­si­ble à googler, mais peut-être parce que tu le souhaites ain­si ? Est-ce ta per­son­nal­ité ou le fait que les musi­ciens ambi­ent n’ont pas for­cé­ment la lumière qu’ils méri­tent, ou rien de tout ça ?

Le nom Mal­ibu, c’est sûr, c’est pas le busi­ness move le plus intel­li­gent que j’ai fait parce qu’il est presque impos­si­ble à trou­ver. Mais ça ne m’intéresse plus trop de partager toute ma vie sur les réseaux soci­aux donc c’est un peu ma per­son­nal­ité, je suppose…
La France en général ne sem­ble pas hyper généreuse sur le plan musi­cal – je par­le surtout de tout ce qui est dif­fu­sion, type radio FM par exem­ple ; on y enten­dra rarement voire jamais de musi­ciens plus alter­nat­ifs, under­ground et c’est dom­mage parce que je pense que plein de gens kif­feraient être sur­pris, moi comprise !

L’am­bi­ent, c’est un moment dans une bulle, c’est toi et le monde ; comme être allongé sur le sable et la mer est calme.”

Entre tes débuts et aujourd’hui, com­ment vois-tu l’évolution de ton son ?

Je pense avoir plus ou moins trou­vé « mon son » après des années, notam­ment en revenant vers des élé­ments qui étaient là dès le départ, comme la réverb, les pro­gres­sions de chords et pads super spa­cieux. Ma manière de tra­vailler a aus­si changé, avec mon pre­mier EP j’avais des choses à « dire », c’était impor­tant, comme un jour­nal intime, un truc hon­nête. Je suis beau­coup plus patiente avec moi-même aujourd’hui, c’est pas une course ; c’est bien de se fix­er des dead­lines et des pro­jets mais c’est totale­ment okay de pren­dre son temps.