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©Ivan Le Pays
12 février 2021

✅ Artiste Tsugi à suivre : S8JFOU marche dans les pas d’Aphex Twin

par Sylvain Di Cristo

La réalité n’est pas faite pour S8JFOU. L’artiste nantais de 25 ans a toujours évolué à part, dans une démarche résolument DIY. Après avoir créé des squats ou passé 44 jours à vivre sans dépenser un seul centime, il a fini par réaliser ce qui était le titre de son premier album, CONSTR8RE MA MAISON, sorti fin 2016. Après avoir acheté un terrain dans les Pyrénées, il y a bâti, seul, une maison/studio puis a sorti Cynism, son dernier album, en novembre 2020.

La démarche auto-dépendante, le manque d’informations sur son identité, sa rareté mais surtout son son : les ressemblances avec Aphex Twin sont à ce point troublantes que certains racontent qu’il serait son fils caché… Finalement cette histoire est peut-être comme son projet : drôlement sérieux. Pour toutes ces raisons, il tombait évident de lui refiler sa carte membre du plus élitiste des clubs élitistes, celui des Artistes Tsugi à suivre, avant la grande rencontre à venir.

« Être indépendant est vital. Déléguer des tâches m’angoisse, l’autonomie me rassure. »

Il y a très peu d’informations qui circulent sur toi, pourquoi vouloir garder un certain voile sur ton identité ou même sur la communication de ton projet artistique ?

J’ai plutôt la sensation inverse, qu’il y a déjà trop d’informations qui circulent. Garder un certain voile n’est pas du tout mon intention. Je considère simplement que je fais de la musique, et donc ce qui importe, c’est la musique et non pas ma personne. J’essaye de tout faire pour la garder au centre de l’attention.

Parce qu’on est un peu têtus, que peux-tu nous dire sur toi ? Quel âge as-tu, depuis quand produis-tu, que faisais-tu avant ça ?

J’ai environ 25 ans, j’ai commencé à produire il y a un peu plus de dix ans, et avant ça j’étais en décrochage scolaire, puis j’ai travaillé dans le bâtiment à partir de 15 ans.

On raconte que tu serais le fils caché d’Aphex Twin ?

Bisou papa, je passe te voir bientôt !

Peux-tu nous citer d’autres de tes influences ?

Daniel Johnston est probablement la personne qui m’influence le plus aujourd’hui. J’aime aussi beaucoup Holly Herndon, par sa musique et sa démarche, mais également pour avoir été l’une des première à brandir l’ordinateur comme instrument dans une institution comparable au conservatoire.

J’ai lu quelque part que tu construis tes propres machines, c’est vrai ? Lesquelles ?

J’ai construis deux synthés en bois en 2019, un premier prototype polyphonique avec un timbre assez proche d’un Prophet, couplé à un tape delay/reverb avec un gros caractère. Un second, qui est une sorte de mini Buchla Music Easel avec des fonctions en plus et d’autres en moins, et qui fonctionne sur batterie. Et là je viens d’en terminer un autre assez conséquent qui est dédié à mes besoins sur scène.

Tu es même allé jusqu’à créer ta propre maison dans les Pyrénées : parle-t-on de démarche auto-dépendante dans ton cas ? Qu’est-ce qui te motive à rester indépendant ?

Je suis toujours dépendant des commerces dans les Pyrénées pour me nourrir, mais pour le reste, je suis autonome. Être indépendant est vital. Déléguer des tâches m’angoisse, l’autonomie me rassure.

On ne trouve rien sur toi sur Discogs, pourquoi ?

J’essaye à chaque fois que je sors un album, et je me rends compte qu’il faut créer un compte et compléter des informations par écrit pour cataloguer le tout, et probablement que j’ai autre chose à faire de plus stimulant à ce moment-là. Je devrais le faire, vous croyez ?

C’est quoi la suite pour toi en 2021, après ton dernier album Cynism ?

Ça fait quelques temps que je me focalise sur la programmation ; j’aimerais bien entamer une collaboration avec Ableton pour mon prochain album et continuer à créer des outils gratuits sur Max For Live pour les utilisateurs d’Ableton. Puis je vais aussi construire un voilier en bois, mais ça, ça n’a pas de rapport.

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