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©Ibra N Diaye Laposte
27 septembre 2021

✅ Artiste Tsugi à suivre : Shonen Bat, dancefloor spatial

par Sylvain Di Cristo

Il faut absolument écouter le premier album du jeune artiste Shonen Bat, Infinite Disorder, voyage spatial vers tous les meilleurs dancefloors de la galaxie.

« Breaké, futuriste, émotionnel ». C’est en trois mots sa manière de se résumer et de nous conquérir. Le Rémois, boss de l’un des plus intéressants labels de musique électronique actuels La Forge, vient de passer la seconde avec la sortie vendredi dernier de son premier album réussi, Infinite Disorder, en forme de voyage spatial vers tous les meilleurs dancefloors de la galaxie. De quoi dorénavant l’appeler Monsieur.

Les excellentes compilations de son label ainsi que ses signatures nous avaient mis la puce à l’oreille, puis son podcast de le placer tout en haut de la shortlist ; aujourd’hui, avec cet album, Shonen Bat s’ouvre les portes du club des artistes Tsugi qu’on ne va pas lâcher.

« Nouveau confinement, rires, larmes, excès en tout genre, désirs de révolution…”Infinite Disorder”, c’est une allégorie de tout ce beau bordel. »

Artwork

Un album aussi tôt dans une carrière, qui plus est dans le milieu de la dance music, c’est plutôt rare. D’où t’est venue cette envie ?

Comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai grandi avec le format album, de Daft Punk à To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar, irriguant un certain culte de ce format. J’avais une voiture avec un autoradio CD, pas de prise jack, ça m’a incité à en écouter pas mal, je pense aussi au disque éponyme de Clark, artiste qui a grandement inspiré mes projets. Donc oui, cette envie, je l’avais en moi depuis un moment déjà. Après plusieurs maxis, un deux titres que j’ai sorti sur mon SoundCloud et un autre, plus long, sorti chez les Anglais de Corrupt Data en 2019, j’ai souhaité naturellement m’attaquer au grand format. Et à ma grande joie, c’est via mon propre label, La Forge, que j’ai pu avoir cette opportunité.

Où en étais-tu dans la vie au moment de sa production ?

C’était à la fin de l’été 2020, au début de mon emménagement à Saint-Denis. Le choc du Covid, avec son lot d’angoisses et de crises d’inspiration, succédait alors à la perspective d’une vie nouvelle, prometteuse de liberté et incubatrice d’une
réflexion plus sereine sur mes projets. En d’autres termes, je retrouvais une grande confiance en moi, après une période où le doute était omniprésent. De plus, j’avais le petit pack confort qui va avec : nouvel appart, nouvelle chambre, nouvel espace pour produire mes sons. Et puis, la coloc avec les potes. L’année qui a vu naître cet album a été particulièrement intense ; nouveau confinement, rires, larmes, excès en tout genre, désirs de révolution…”Infinite Disorder”, c’est une allégorie de tout ce beau bordel.

 

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Décris-nous un peu le processus créatif utilisé sur ce disque et en quoi est-il différent du reste de tes œuvres ?

Il faut savoir déjà que je travaille exclusivement sur logiciels. Je fais tous mes sons sur Ableton, avec des plugins qui n’ont quasiment pas changé ces dernières années. J’utilise peu de VSTs différents, mais j’en exploite au maximum les ressources. Pas encore de machines pour l’instant, mais on y viendra, tôt où tard ! Je compose toutes les mélodies à l’aide du clavier et de la souris, j’ai un clavier midi mais il a du me servir que sur deux ou trois morceaux. J’essaie au maximum de transformer les samples que j’exploite, parfois je redécoupe complètement le rythme d’une boucle de break pour qu’elle soit peu ou plus du tout reconnaissable. Le groove très particulier que tu entends sur « Western Nylon Fields », par exemple, tu ne le trouveras nulle part ailleurs. Sur « Artefacts », que je définirais comme le track le plus pop de l’album, j’ai chopé le sample un peu au pif dans un gros dossier bien bordélique d’a cappella pop/R&B chopé sur The Pirate Bay. J’ai travaillé directement sur la voix en accéléré, sans connaitre le morceau de base. J’ai découvert le sample dans son habitat naturel un peu après, et ça m’a bien fait marrer ! C’est le morceau « Obsession » d’Army Of Lovers, un groupe de pop queer suédois kitsch à souhait des 90’s.

J’ai exploité une vaste palette de genres sur cet album, jungle, electro, breakbeat, ambient… Je trouve que le processus de création d’un album est bien plus fun et offre bien plus de libertés que celui d’un EP, par exemple. Tu travailles sur un morceau, si tu as une panne d’inspiration où un sentiment de lassitude, tu en bosses un autre, quitte à revenir sur le précédent plus tard. Certains tracks ont pris des semaines, d’autres quelques jours. Au fur et à mesure que tu assembles les pièces du puzzle, la satisfaction s’accroit. Bien sûr, il est impossible d’être satisfait à 100% de ce qu’on fait, mais le soutien et les précieux conseils de mes proches m’ont bien aidé sur les finitions.

 

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Ils en disent quoi tes parents de cet album ?

Mes parents m’ont toujours soutenu dans ce que je fais, et je ne les remercierai jamais assez. Mon père est musicien et passionné d’informatique. Je lui dois beaucoup, c’est lui qui m’a mis pour la première fois un logiciel de MAO entre les mains, je devais avoir 11 ou 12 ans. Je n’ai pas encore trouvé le moment mais j’ai hâte de lui faire écouter l’album, à ma mère également. Et puis il y a ma grand-mère. Elle a longtemps demandé à entendre ma musique, j’ai déjà pu lui faire écouter quelques extraits. Elle a 91 ans et je ne suis pas peu fier d’avoir pu lui faire découvrir le breakbeat à cet âge !

©Vince VDH

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