Célélé, DJ éclectique et solaire, est décédée à 31 ans
Samedi dernier, Célélé nous a quittés. Cette DJ, bretonne de cœur, laisse par son départ un grand vide et un émoi terrible. Elle avait 31 ans.

Célélé (2024) | © Mélanie Janin
Il y avait dans chacun de ses sets cette manière rare de sourire avec le corps tout entier. Un truc qui n’a rien à voir avec la technique ou les BPM, mais qui se sentait sur le dancefloor, au creux d’un break ou dans une montée reggaeton : Célélé se résume par sa légendaire générosité.
Célestine, alias Célélé, s’est éteinte samedi matin, après avoir lutté contre « une longue maladie ». Jusqu’au bout, elle aura préféré les platines aux larmes, les BPM à la plainte, la lumière à tout le reste. Et c’est ainsi qu’on gardera son souvenir : celui d’un soleil, chaleureux, généreux, fidèle à ses convictions artistiques.
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Née à Lyon, formée à la Maitrise de l’Opéra du CM1 à la 3ème, elle traverse d’abord le classique avant d’embrasser les musiques électroniques, cri d’une profonde sincérité et passion.
En 2018 c’est au côté du Limbo Soundsystem qu’on la retrouve en compagnie de ses deux compères : Cardozo & Frutos Domar. Depuis leur première soirée au Super5, elle livre des sets sans frontières, croisant reggaeton, afrobeat, baile funk avec une déconplexion contagieuse — nous tentant presque à tenter l’impossible sous une barre de Limbo. Très vite on comprend : Célélé n’est pas là pour jouer, mais pour donner au maximum.
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C’est en Bretagne qu’elle se réinvente. Installée à Rennes, elle devient figure aimée et active du milieu : résidente chez 35 Volts – Quincé, programmée régulièrement par Astropolis, engagée sur le terrain comme derrière les platines. Elle ne mixe pas « entre deux boulots », elle « vit musique, respire collectif, pense transmission ». Il y a chez elle cette chaleur du crew, du local, du concret. Elle s’investit dans des festivals, co-organise, soutient, fait danser, sans jamais perdre son sourire.
Musicalement c’est une orfèvre du chaos dansant : joyeux bordel parfaitement tenu. Sa « Global Club Music », elle la biberonne aux breakbeats, à la bass music, au jersey club, à la hard drums, au reggaeton, au funk carioca, en soupoudrant le tout de gouttes d’acid ou d’un sample jungle.
On l’a vue faire transpirer les clubs et les festivals : Nuits Sonores, Astropolis, Transmusicales, Château Perché, Mythos, Évasion, Warehouse, Le Sucre, Ubu, La Machine, La Rotonde… En b2b, elle brillait sans jamais éclipser l’autre : que ce soit avec GЯEG, Neida, Dylan Dylan, SWOOH ou Blanca Brusci. Elle incarnait cette nouvelle génération d’artistes qui jouent avec les frontières musicales avec liberté et élégance.
Aujourd’hui c’est toute une part de la scène électronique française qui pleure cette DJ solaire et essentielle. On se rappelle avec émotion, ses sets à Tsugi radio et on continuera d’écouter ses mixes, de danser à sa mémoire, de faire vivre les lieux qu’elle aimait. On se souviendra de ses tracks, de ses rires, de ses yeux brillants quand le public répondait à ses sons.
Célélé nous laisse une leçon : être là, pour de vrai. Offrir, donner, jouer, jusqu’au bout. (Ci-dessous, le post d’Astropolis publié ce mardi)
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