Chronique : Ariel Pink — Pom Pom

Chronique extraite du numéro 78 de notre mag­a­zine, tou­jours en kiosques. 

Vous pen­siez qu’Ariel Pink était zinzin ? Vous n’avez encore rien vu. Pom Pom, énième album de l’Américain dont on a renon­cé à compter les sor­ties, aurait dû se faire à qua­tre mains, en comp­tant celles de Kim Fow­ley. C’est finale­ment en solo qu’il l’a fait, sur le papi­er en tout cas. Car Ariel n’est pas tout seul dans sa tête et c’est pré­cisé­ment cette schiz­o­phrénie qui rend cet album si intéres­sant, drôle et pas franche­ment facile à écouter.

D’une chan­son à l’autre, Pink dézingue tout ce que la musique pop- rock a jamais con­nu : du psy­ché avec “Four Shad­ow” au garage “Neg­a­tive Ed”, furieux morceau qui se parachève sur les cris hys­teros d’une femme qui hurle, en français, “tu te fous de ma gueule, depuis com­bi­en de temps tu t’es pas lavé ?”. Ariel Pink part dans tous les sens et n’hésite pas à pass­er du goth (latin com­pris) aux bruitages de dessin ani­mé puis au reg­gae, le tout au sein du même morceau (“Dinosaur Care­bears”), sans plus de ménage­ment. Peu importe: c’est absurde, obscène, fausse­ment naïf, désori­en­tant et on a même cru percevoir des flûtes de Pan. “Dayzed Inn Day­dreams”, final à faire pâlir d’envie Les Enfoirés, achève de nous faire penser qu’Ariel Pink a bien dû se marrer.