Chronique : James Holden — The Inheritors

Avec la dance music, juge James Hold­en, on se retrou­ve tou­jours avec la même musique redon­dante et stérile, et des dis­ques qui n’ont pas de rai­son d’être puisque chaque par­tie qui les con­stitue existe déjà ailleurs.” Pré­somptueux certes, mais pas totale­ment faux. Cher­chant à con­tredire cet état de fait, le pro­duc­teur opte pour l’alternative la plus saine qui soit. Évi­tant le coup du tout-ambient ou du James Hold­en Band, l’Anglais plaque ses logi­ciels, vire totale­ment analogique, et sert un album frais et puis­sant de paysages syn­thé­tiques tortueux, tous enreg­istrés en une prise. En con­stru­isant ses pro­pres machines, il génère imper­fec­tion, déraille­ment et détri­tus, rajoute de la tex­ture à son univers déjà épais et rompt avec les fon­da­tions de sa tech­no prog (les trois quarts de The Inher­i­tors sont dénués de sup­port ryth­mique). Si le dis­posi­tif rap­pelle les Sué­dois de Roll The Dice, c’est avant tout la mys­tique et la nos­tal­gie de Boards Of Cana­da ou The Advi­so­ry Cir­cle qui vien­nent à l’esprit : “Delabole” ou “Cir­cle Of Fifths” évo­quent les loin­tains mirages des pre­miers, et “Inter-City 125” ou “Black­pool Late Eight­ies” le rétro­fu­tur­isme émou­vant du sec­ond, le tout avec une ambiance de rite païen revendiquée. Réson­nant de crasse et de grésille­ments (ain­si que du sax­o­phone d’Étienne Jaumet sur un titre), ce deux­ième album est le pre­mier véri­ta­ble­ment abouti de James Hold­en, et une belle tranche d’électronique post-techno à ten­dance chamanique. (Thomas Corlin)

The Inher­i­tors (Bor­der Community)