Chronique : Laurel Halo — Chance Of Rain

On l’avait quit­tée en plein délire ambient-expérimental-mystique, avec une judi­cieuse gout­telette de sen­su­al­ité posée sur la langue, amenée par une voix qui posait un équili­bre intéres­sant. Lau­rel Halo avait de quoi devenir une sorte de Lau­rie Ander­son à capuche pour oiseaux de nuit des faubourgs de Lon­dres, déjà attirés dans la cage par deux pre­miers EP’s qui arpen­taient des ter­res “IDM-pop”. Chance Of Rain, on vous prévient tout de suite, démonte la plu­part de l’échafaudage que la demoi­selle avait savam­ment con­stru­it jusqu’ici.

Âpre, glauque, dif­fi­cile, ce deux­ième album devrait s’écouter en descen­dant la tour Mont­par­nasse par les escaliers dans le noir com­plet, avec inter­dic­tion de s’aider de la rampe. Lau­rel a pris la déci­sion la plus grave de sa car­rière : exit le micro, la pro­duc­trice d’Ann Arbor, dans la ban­lieue de Detroit, com­mu­nique avec les mor­tels à coups de grésille­ments glacés (“Oneiroi”), qui rap­pel­lent par instants le Autechre de Con­field, par kicks étouf­fés à la Fuck But­tons (“Chance Of Rain”), ou encore grâce à des mélodies jazz d’outre-tombe (“Melt” son­nant comme l’enfant-Fukushima de Fly­ing Lotus et d’Actress). Un disque dont le poten­tiel de génie affleure, mais que nous auri­ons peut-être dû chroni­quer en mars 2027, le temps de l’apprivoiser pleine­ment. On note la date et on se fait un petit apéro-bilan ?

Chance Of Rain (Hyperdub/Differ-ant)