Chronique : Myron and E — Broadway

Un pre­mier album tout feu tout soul pour le duo cal­i­fornien. L’association de Myron et d’E, plus con­nu sous le nom de E Da Boss, n’est pas tout à fait une réu­nion de bleu-bites, le pre­mier ayant par le passé tra­vail­lé avec Black­a­li­cious, Mike Relm ou Lyrics Born et le sec­ond ayant mixé en tant que DJ et pro­duc­teur avec Mark The 45 King et Gift Of Gab. Accom­pa­g­nés des Soul Inves­ti­ga­tors, nos deux com­pères délivrent des vocaux suaves et déli­cats sans non plus se rap­procher de la vir­tu­osité. Sur Broad­way, il est beau­coup ques­tion d’amour et de femmes, de prob­lèmes quo­ti­di­ens et de poli­tique de comp­toir. Can­ton­née à des codes surétab­lis, pra­tique­ment réac­tion­naires si l’on se lais­sait aller à la véhé­mence, leur soul ne mise évidem­ment pas sur la sur­prise et l’avant-gardisme, mais dans une optique de repro­duc­tion des canons des années 60, on recon­naît sans ciller l’effort fourni. Une pro­duc­tion qui, loin des com­pres­sions actuelles, laisse de l’air à toutes les par­ties instru­men­tales et vocales, des arrange­ments joli­ment fagotés et un très bon esprit. Hom­mage ou nos­tal­gie, ce qu’ont omis nos deux gail­lards, c’est que con­traire­ment à un tableau de maître, en musique on peut tou­jours se pay­er l’original sans avoir à pass­er par la copie, aus­si fidèle soit-elle. (Clé­ment Fabre)

Broad­way (Stones Throw/Differ-Ant)