Chronique : Sandwell District — Fabric 69

Dis­parue en tant que label depuis 2011, l’entité mou­vante Sandwell Dis­trict n’a pour­tant pas arrêté d’incarner cet état d’esprit qui s’empare actuelle­ment de la tech­no: avant-gardiste, punk, mil­i­tant et par­fois her­mé­tique. Le col­lec­tif prof­ite de l’exercice Fab­ric pour célébr­er l’axe esthé­tique autour duquel s’articule cette nou­velle scène tech­no que l’on voit grandir sur toile de fond indus­trielle. Orchestré par Func­tion et Reg­is, lemix des­sine une fresque entre passé, présent et futur grâce à une sélec­tion et une tech­nique d’une grande sub­til­ité. Ici, les tracks s’épousent ou se super­posent comme s’ils avaient été conçus à l’origine comme amovi­bles — un pointilleux remix d’Ike Yard par Reg­is sem­ble se méta­mor­phoser au con­tact de l’électro-post-punk mor­bide de Raime et de Vat­i­can Shad­ow. On tra­verse des plages de stupé­fac­tion pure, de rig­orisme tor­ride (un Fac­to­ry Floor sta­tique relevé par un inédit de James Ruskin) ou de douch­es froides en zones sin­istrées. Au pas­sage, Sandwell Dis­trict revendique ses orig­ines (Plas­tik­man, Mika Vainio, Frank Tovey & Boyd Rice), et fait des clins d’oeil à des par­rains insoupçon­nés (Carl Craig, Lau­rent Gar­nier). Vibrant de ten­sion et d’intelligence, ce Fab­ric 69 s’impose comme une fidèle pho­togra­phie d’un moment cru­cial de la tech­no. (Thomas Corlin)

Fab­ric 69 (Fabric/Pias)