Chronique : SCNTST — Self Therapy

Le prob­lème avec les très jeunes, c’est qu’on a un peu envie de leur plac­arder une éti­quette sur le front, et de par­ler d’eux avec des élé­ments de lan­gage de type “petit prodi­ge”. Bryan Müller a dû en avoir pour son compte en la matière, ça va être com­pliqué de lui dire qu’il est nul. Self Ther­a­py, fait assez rare, pos­sède à la fois les qual­ités d’un album “de jeune” (sim­plic­ité, spon­tanéité et fraîcheur) et de briscard avec des kilo­mètres au comp­teur (com­po­si­tion impec­ca­ble, pro­duc­tion au poil…).

Bref, il vaut mieux que vous soyez prêts à goûter un peu de mélan­col­ie, parce qu’il va fal­loir. Le mag­nifique “Velour” est un piège : non, Boys­noize Records n’a pas signé un clone de Bonobo-Letherette, mais quelqu’un capa­ble de dessin­er un univers musi­cal pré­cis par de petits détails qui tuent. Le genre de tal­ent qui se ressent à plein sur le glacé “Mintra” ou encore le guimauve-groovy “Loqui Chill­inger” qui tire le pro­duc­teur berli­nois loin de la tech­no grâce notam­ment au flow ger­manophone de Jean Bor­del­lo. Reste à savoir si ses épaules de tout juste vingte­naire vont tenir la marée par la suite, mais cet album, vu toutes ses qual­ités, nous suf­fit pour le moment.

Self Ther­a­py (Boysnoize/La Baleine)