Chronique : The Uncluded — Hokey Fright

The Unclud­ed, c’est la judi­cieuse asso­ci­a­tion entre Aesop Rock, rappeur vétéran au flow aigu­isé et à la voix rocailleuse (anci­enne fig­ure de proue du label hip-hop Defin­i­tive Jux fondé par El‑P), et Kimya Daw­son, chanteuse et mem­bre du groupe The Moldy Peach­es (chef de file du mou­ve­ment antifolk). Après avoir col­laboré sur leurs derniers albums solos respec­tifs, les deux livrent en binôme Hokey Fright. Un rap lo-fi haute­ment recom­mand­able et quelques berceuses pleines d’ironie sur les con­di­tions de vie de la classe moyenne améri­caine. Les deux voix, bien que rad­i­cale­ment opposées, s’entremêlent à mer­veille. Cha­cun s’aventure sans crainte dans le domaine de prédilec­tion de l’autre : Aesop Rock chan­tonne gaiement tan­dis que Kimya Daw­son rappe vail­lam­ment. Musi­cale­ment, les deux équip­iers ont choisi de la jouer plutôt min­i­mal­iste, une gui­tare sèche et une boucle ryth­mique bricolée font sou­vent la paire. Mais, der­rière l’apparente légèreté, les deux paroliers ne dévient pas de leurs inten­tions cri­tiques de départ : dépein­dre une société dés­abusée. L’amertume est un moteur de créa­tiv­ité, les très bons “Del­i­cate Cycle” et “Boomerang” sont là pour en témoign­er. Une potion anti­dé­pres­sion pour ­lut­ter en chan­sons con­tre la crise. (David Jacubowiez)

Hokey Fright (Rhymesayers/Pias)