Chronique : To Rococo Rot — “Instrument”

Pour son huitième album stu­dio, le groupe alle­mand s’offre une res­pi­ra­tion en s’octroyant les ser­vices d’Arto Lind­say, tou­jours à la pointe. Si Instru­ment sonne bien comme un disque de To Roco­co Rot, quelque part entre l’ambient et le post-rock, Lind­say amène une douceur presque pop. Le ton est moins aqua­tique et plus rêche que sur le bril­lant Ama­teur View, les per­cus­sions sont min­i­mal­istes et les lignes de basse groovent par­fois dis­crète­ment. Le groupe renoue avec les paysages sen­si­bles, com­plex­es mais facile­ment abor­d­ables, et l’on retrou­ve les con­struc­tions alam­biquées qui font son ADN.

Elles se con­cen­trent sur quelques nappes, crisse­ments et séquences ryth­miques, la grande nou­veauté ten­ant dans l’introduction de la voix. Pour la pre­mière fois To Roco­co Rot ose le chant, celui d’Arto Lind­say en l’occurrence, et tente des expéri­ences inédites sur des mélodies erra­tiques. Le phrasé presque secret indique les lignes de fuite des morceaux, les trans­forme en bal­lades doucereuses et mélan­col­iques. Après presque vingt ans de car­rière, To Roco­co Rot développe encore de nou­velles for­mules. (Quentin Monville)