Chronique : Yeasayer — Flagrant World

Après le choral All Hour Cym­bals (2008), Yeasay­er frap­pait un grand coup il y a deux ans avec Odd Blood, brisant la hype ­psyché-folk qui mon­tait autour du groupe pour se jeter dans une réin­ter­pré­ta­tion de la synth-pop 80’s et livr­er un incroy­able essai de pop expéri­men­tale. À l’heure du troisième album, ces Améri­cains orig­i­naires de Bal­ti­more font plus que con­firmer : Fra­grant World est leur disque le plus con­sis­tant, le plus libre, le plus riche. Refu­sant de choisir entre expéri­men­ta­tions hardies (l’incroyable chevauchée “Folk Hero Schtick”) et titres hyper­dansants, Yeasay­er alterne dis­cours poli­tique (“Reagan’s Skele­ton” ­imag­ine le retour du prési­dent ultra­con­ser­va­teur dans un film d’horreur façon Thriller) et bluettes amoureuses (“Longevi­ty”, “Blue Paper”) sur un disque pétri de bizarreries sonores et d’arrangements orig­in­aux — la pro­duc­tion est mai­son, comme tou­jours. Porté par des textes tou­jours drôles et décalés (lec­ture des paroles oblig­a­toire !) et des syn­thés mul­ti­col­ores, mul­ti­pli­ant les contre-pieds, Fra­grant World ne cesse d’ébahir à chaque écoute. On frise le sans-faute : l’avenir de la pop se joue ici. (Matthieu Recarte)

Fra­grant World (Mute/Naïve)