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14 octobre 2016

Claude VonStroke : vers l’underground fun

par Clémence Meunier

Le meilleur DJ américain de 2016… Ça en jette ! Mais si Claude VonStroke n’a pas volé son titre, il y a de quoi s’interroger : en 2015, c’était Steve Aoki qui raflait la première place. Alors, Steve Aoki / Claude VonStroke, même combat ? Non, car Barclay Crenshaw de son vrai nom n’a jamais tourné le dos à sa famille de cœur, l’indé. L’auteur du tube « Who’s Afraid Of Detroit » a lancé en 2005 Dirtybird, son propre label, où l’underground d’aujourd’hui se découvre de sorties en sorties – avec à la clé de belles carrières pour certains de ses poulains. Et s’il est attendu à Paris ce soir, ce n’est pas pour jouer devant un parterre de kids assoiffés d’EDM, mais à Nuits Fauves, sous les pylônes du Wanderlust et à fleur de Seine, dans une ambiance plus underground que Tomorrowland-esque. Et toc.

Tu as été élu « le meilleur DJ américain de 2016 » par Pioneer DJ et DJ Times. Ça fait quoi ?

Claude VonStroke : J’étais très surpris, c’était vraiment bizarre, parce que tous les gagnants précédents sont des DJs et producteurs très commerciaux. L’année dernière, c’était Steve Aoki par exemple. Mais c’est plutôt cool : ça veut dire que mes fans sont allés voter. J’ai remarqué que le monde de la musique électronique aux Etats-Unis était en train de changer depuis deux ou trois ans. L’underground devient de plus en plus populaire. Je pense que c’est parce que le grand public connaît déjà l’EDM depuis quelques temps, et que maintenant les gens cherchent autre chose. Mon label est en plein milieu de tout ça : nous ne sommes pas les plus underground, mais nous sommes une bonne passerelle pour permettre aux gens qui le veulent de découvrir autre chose que l’EDM. C’est intéressant d’occuper cette place, tout en restant farouchement indépendant, et avec le sourire. On s’amuse bien !

Comment faites-vous pour ne pas tomber « dans le côté obscur » et signer des hits commerciaux pour gagner plus de sous ?

C’est parce qu’on ne s’attache qu’à la musique, et uniquement à la musique qu’on a envie de promouvoir.

Plusieurs noms passés par le label (Catz ‘N Dogz, Eats Everything, Julio Bashmore…) sont ensuite devenus très connus. C’est le concept de Dirtybird que de faire percer des producteurs inconnus ?

Ce n’est pas le but en soi, mais on aime bien faire des découvertes. Je dois signer dans les sept artistes complètement inconnus par an. Dans le lot, certains percent, d’autres non. Cette année, j’ai fait une super découverte, il s’appelle Bruno Furlan, il vient du Brésil et fait des sons très funky.

On a pu lire sur le net que Dirtybird reversait de l’argent sur chacune de ses sorties à une école de musique de Detroit. C’est toujours le cas ?

Oui, on continue à donner à cette école. Mon père travaillait pour eux, leur programme est très bien, ils apprennent la production, l’édition, la mode… Des choses qu’ils ne pourraient pas apprendre au lycée. Je trouve que c’est important pour la ville de Detroit, où j’ai grandi.

Mais tu as déménagé à San Francisco…

En fait, je vis à Los Angeles maintenant. C’est toujours écrit San Francisco dans mes bios et communiqués de presse, mais c’est parce qu’on a jamais pensé à le changer (rires). Je retourne à Detroit de temps en temps car mes parents vivent là-bas, mais une des principales raisons de mon départ… C’est qu’il fait très très froid à Detroit ! Je préfère la plage (rires).

Tu te moques un peu de nous, sur tes photos tu fais la grimace, et même musicalement il y a un côté très fun dans tes clips (quitte à caricaturer les clips-avec-des-filles-sexy de certains de tes homologues pour « Make A Cake ») et tes morceaux… Jamais sérieux ?

Eh bien je pense que la musique doit être fun ! Les gens doivent s’amuser à une fête, être heureux. Parfois les gens oublient ça, mais pour moi c’est le plus important. Je peux aller écouter de la techno dark dans un entrepôt à Berlin, mais ce n’est pas vraiment ce que je veux faire tous les soirs. Je comprends pourquoi ça existe, mais ce n’est pas mon message.

Tu te verrais faire une Elrow ?

Oui, c’est super drôle ce qu’ils font, je ne sais pas pourquoi ils ne me bookent pas, je serais parfait pour ces soirées (rires).

En janvier est sorti un premier EP de Get Real, ta collaboration avec Green Velvet. Ce sera un one-shot ou vous comptez sortir d’autres maxis ?

On commence tout juste à en parler avec Green Velvet, et on va bientôt annoncer une nouvelle tournée. Je sors aussi bientôt un nouveau disque sous mon vrai nom (Barclay Crenshaw, ndr.), ce sera un album hip-hop. Et ensuite je referai des morceaux Claude VonStroke.

Quand est sorti en 2013 Urban Animal, ton troisième album, tu as dit qu’il s’agissait du dernier album que tu allais faire avec le pseudo Claude VonStroke…

J’ai peut-être menti (rires). Je ne suis pas sûr de ce que je vais faire, mais je prépare plein de nouveaux morceaux. Quoiqu’il en soit je pense que le format album t’aide quand tu démarres, car les gens ne te considèrent pas de la même façon que « ce mec qui sort des morceaux sur internet ». Mais pas une fois que tu es établi : un album a de toute façon une durée de vie de deux mois à peu près, après tout le monde l’oublie. Alors je me dis que c’est tout de même mieux de sortir des morceaux tout au long de l’année, en one-shot ou sous forme de maxi. Mais bon, on sait jamais, on verra !

Et cet album de hip-hop que tu as fait sous ton vrai nom, quand est-ce qu’il sort ?

A la mi-janvier. Ce n’est pas non plus un album de hip-hop classique, il y a plein de choses dedans, de l’expérimental, du hip-hop traditionnel, de la drum’n’bass par ci par là… J’ai voulu faire des chansons assez versatiles, avec de belles mélodies, presque chill out. Le premier single ne devrait pas tarder à sortir.

Claude VonStroke commence ce soir à Paris une tournée en Europe, qui passera également à l’Ayers Boat lyonnais demain.

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