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photo: tomdoms.com
8 avril 2018

DGTL : From Amsterdam with Love

par Tsugi

DVS1, Laurent Garnier, Maceo Plex ou Stephan Bodzin… Le DGTL a aligné de beaux noms le week-end dernier, enchantant tout aussi bien les fans de house que de techno, au milieu du port industriel d’Amsterdam. Récit d’un festival réussi. 

DGTL DAY 1 :

En ce samedi et dernier jour du mois de mars, on arrive tard dans l’après-midi à l’aéroport de Schiphol, une pluie amstellodamoise battante est déjà là pour nous souhaiter la bienvenue en Hollande. Le temps nous est compté, sans plus tarder on se dirige vers le shuttle du DGTL, direction les docks de NDSM, un quartier reconnu pour son côté industriel, entre grues, péniches et containers. Dans la navette, surprise, on tombe nez à nez avec Zak Khutoretsky, alias l’Américain DVS1. Prêt à démarrer son bolide, notre chauffeur nous demande si l’on souhaite écouter de la techno durant notre trajet, « non, jamais ! », s’exclama Zak, « de la house alors peut être ? » , « non plus ! » renchérit le DJ Américain, « tout ce que tu veux mais pas de la musique électronique, c’est mon boulot, c’est ma vie, j’en écoute en permanence, alors pendant les trajets j’ai besoin d’une pause, mets tout ce que tu veux, jazz, rap, hip-hop, pop, mais pas de dance music (rires) ». Il a l’air fatigué. Il faut dire qu’il enchaîne 7 gigs en 5 jours : « c’est vraiment intense cette semaine, jeudi je jouais au Portugal, hier c’était Lyon (ndlr : au festival Reperkusound) , aujourd’hui je fais mon set au DGTL et je pars direct en Allemagne après, pour jouer à Cologne, demain je serai à Londres avec Ben Klock pour son événement Klockworks au Printworks, puis on joue dans un after au Village Underground , et enfin lundi retour à Berlin et je termine en beauté avec le Berghain, le bouquet final ! J’aime bien faire ça 1 à 2 fois par an, enchaîner les dates à un rythme effréné. C’est physique, mais au moins après je peux avoir des périodes de repos relatif où je tourne un peu moins, même si la semaine prochaine je fais une mini-tournée en Asie (rires). » Sacré DJ life ! DVS1 fera quelques temps plus tard une entrée fracassante sur la scène Generator. Le DJ Américain ne fait pas dans la dentelle, à coup de techno froide, brutale mais surtout mentale, matraquant les jambes et les tympans des festivaliers du DGTL, sans répit.

S’en est presque trop pour nos oreilles, préférant un peu plus de douceur auditive : on se dirige alors vers la scène AMP pour assister à la fin du live de Recondite. Avec ses mélodies hypnotiques, Lorenz Brunner nous plonge dans son univers, plein de spleen et de poésie, ou ses productions naviguent entre clapotis électroniques environnementaux et sons minimalistes aiguisés. On adore, mais à peine le temps de savourer que le live de l’Allemand est déjà fini !

Vient ensuite Modeselektor, composé de Gernot Bronsert et Sebastian Szary. Le duo Allemand ne tarde pas à mettre le feu à la scène, embrasant le dancefloor du DGTL. Un set incandescent, plein d’énergie, durant lequel on verra l’incorrigible Seb Szary monter sur la table, haranguant son public, aspergeant la foule avec ses bouteilles d’eau, comme si les festivaliers n’étaient déjà pas assez trempés par le ciel et les nuages amstellodamois, le tout sur le « Maximaal » de Secret Cinema & Egbert, sorti sur Drumcode il y a deux ans.

Il est déjà 21 heures passées, on va alors faire un tour sur la scène Modular afin d’assister au set de Tale Of Us. Mais le duo Italien nous déçoit un peu, on espérait beaucoup plus de la part des patrons du label Afterlife, qui nous servent une techno mélodique assez molle. Le contraste avec la folie du set précèdent de Modeselektor est frappant.

Enfin, qui d’autre que le génial Stephan Bodzin pour nous permettre d’achever de la meilleure des manières notre première soirée dans ce DGTL édition 2018. Jonglant entre les morceaux de son dernier album Powers Of Ten, alternant avec des classiques comme « Kerberos », et d’autres unreleased issus de son prochain opus, l’artiste Allemand et ses machines faites maison nous transportent dans un monde onirique, au gré de ses mélodies techno mélancoliques. Un live d’une telle profondeur, où l’on ressent toute la passion et la conviction du producteur pour sa musique. La meilleure performance du premier round de ce DGTL, pour nous, assurément.

Il est désormais 23 heures passées, Bodzin tire sa révérence au public, chapeau bas, et s’efface de l’estrade de la scène AMP sous un tonnerre d’applaudissements, sonnant le glas de cette première journée du DGTL.

DGTL DAY 2 :

En ce dimanche 1er Avril, pas le temps de blaguer, sous les coups de 14 heures on est déjà sur place. On ne voulait pas manquer le Romare full live band sur la scène Modular. Et pour cause, la musique de Romare s’avère être un alliage complexe de sonorités influencées par la culture afro-américaine, le blues, la techno et le jazz. Son Full Live Band est un ovni musical enivrant qui plonge dans une traversée onirique, bercées par les percussions rythmées et des nappes mirobolantes, un mélange electro-house trippant, groovy et happy !

Leur superbe prestation achevée, on file faire une pause dehors pour se restaurer. Bon, étant donné que le DGTL est un festival qui propose une nourriture 100% vegan et qu’on est de vrais « meat lovers », on ne va pas vous mentir, on n’a pas trouvé notre bonheur sur ce point-là. Du coup on a expérimenté une monodiète d’un régime de bananes, au moins on a largement rempli le quota des 5 fruits par jour et on se dit que c’est déjà ça. Mais trêve de plaisanteries, on retourne sur le dancefloor de la Modular, Tom Trago termine son set sur le morceau très dansant « Stand On The World » de The Joubert Stingers remixé par Larry Levan, avant de laisser sa place à Laurent Garnier. Par où commencer ? On pourrait parler longtemps de l’histoire racontée par Garnier au cours de son set, quand bien même fut-il court (un peu plus de deux heures, c’est-à-dire le minimum syndical pour lui), qui nous a tenu en haleine tout le long de sa prestation. Dès son intro, avec l’unreleased « The Leonodis Strings » de Hiroshi Watanabe, très instrumentale, le DJ Français nous plonge dans une sorte de court-métrage épique. Son set prend ensuite des sonorités plus techno, bien plus mentales, qui atteindront son paroxysme sur « Thread » de James Welsh revu par Radio Slave, un bijou de remix signé par le patron de Rekids. Alternant passages techno et house, il redescendra ensuite vers des sonorités plus douces, teintées de mélodies, à l’image d' »Odysseus » d’Oniris, un superbe morceau sortant bientôt sur Astropolis Records. Et même, parfois groovy, comme sur ce magistral édit d' »I Feel Love » de Donna Summer et Giorgio Moroder, un morceau mythique, magique, qui nous a suspendu dans l’espace et a arrêté le cours du temps à Amsterdam l’espace de quelques instants. « I Feel Love », voilà un titre qui pourrait être l’hymne du DGTL, tant l’on ressent de ferveur, de passion, d’amour pour la musique, aussi bien dans la foule qu’auprès du crew du festival.

Finissant sur « The Road » de Kölsch, Laurent Garnier parachève un superbe set et passe le relai à Maceo Plex sur un vieux morceau de 1993, « Gravitational Arch Of 10 » de Vapourspace. Si le DJ d’origine Cubaine poursuit d’abord en douceur, il révélera petit à petit le côté plus dark de son alias Maetrik. Mais le patron du label Ellum reste toujours néanmoins dans son thème mélodique de prédilection, en témoignent pas mal de morceaux unreleased distillés tout le long de son set, à l’image de son édit du « Blade Runner (Replicant Mix) » de Remake ou encore son remix de « The Condos » d’Iron Curtain qui feront chavirer nos oreilles de bonheur. Enfin, comme un symbole, Maceo Plex terminera en apothéose sur « Echo Drop » de Taiko et son vocal « keep the love ». Keep the love, voilà un beau message que l’on pourrait adresser au DGTL pour les années et les éditions à venir, que ce soit à Amsterdam, Barcelone, Santiago ou Sao Paulo.

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