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Photo by Marthe A. Vannebo
5 avril 2018

Drone, hardcore, metal, techno expérimentale… Matière Noire, le nouveau rendez-vous parisien des musiques sombres et bruyantes

par Clémence Meunier

Il est des musiques qu’on ne trouve pas facilement. Les artworks sont obscures, les noms des morceaux aussi, et ne parlons même pas des salles qui les programment : pour écouter de la musique expérimentale dans de bonnes conditions, il faut se lever tôt. Surtout quand l’appétit se porte vers les musiques bruyantes, du metal à la techno hardcore, du drone à l’electronica perchée. Un suicide commercial pour des propositions passionnantes, ça ne motive pas tous les lieux de fête. Mais le Trabendo, salle de concert et club niché dans le parc de la Villette à Paris, ne fait jamais rien comme tout le monde et lance le 1er mai Matière Noire, un nouveau rendez-vous pour toutes les musiques qui piquent le visage. La première sera portée par une rencontre improbable. Avec d’un côté Daniel Lanois, producteur-star d’albums pour Brian Eno, U2, Peter Gabriel ou Nick Cave. Et de l’autre Venetian Snares, pape du breakcore, viking-canadien (on a décidé que ça existait) voguant entre musique classique, electronica à la Aphex Twin et rythmiques breakées impossibles. Pas toujours évident à écouter, mais sublime :

En attendant un album collaboratif prévu pour le 4 mai, Venetian Snares et Daniel Lanois présenteront leur live à quatre mains pour la toute première fois en France au Trabendo le 1er mai. « Je trouvais intéressant d’entamer ce cycle de concerts ‘bruyants’ avec ça », explique Matthieu Meyer, le programmateur du Trabendo. « Mais Matière Noire pourra être beaucoup plus varié, car on peut trouver des similitudes entre des projets pourtant très différents sur le papier. Ça ne me choquerait pas par exemple de programmer Mondkopf, qui fait de la techno assez sombre, le même soir qu’Amenra, un groupe de doom metal assez violent. On peut tout à fait faire des ponts entre ces esthétiques. On pense Matière Noire comme une plate-forme qu’on offre à des artistes qu’on n’a pas l’habitude de voir. » Plutôt osé comme démarche. « Il faut bien qu’on s’amuse ! », sourit le programmateur. « La mode n’est clairement pas à ça en ce moment. Mais on fait déjà des choses dans ce goût-là au Trabendo, avec des soirées que l’on produit pour New Noise, ou avec Villette Sonique, par exemple. C’est un pari qui s’insère dans la volonté du Trabendo de prendre des risques. On accueille beaucoup de concerts à l’année, mais quand nous produisons nous-mêmes des soirées, on souhaite être défricheur et se faire plaisir ».

Egalement au line-up de cette soirée du 1er mai ? Joanne Pollock ou Tryphème, « le jeune projet d’une artiste lyonnaise qui a sorti un très bon album récemment », poursuit Matthieu Meyer. « Elle fait de l’electronica rappelant le son des débuts du label Warp. Ça coulait de sources de la programmer avec Venetian Snares. Mais encore une fois on ne s’empêchera pas non plus d’aller à la confrontation entre les genres pour ces soirées Matière Noire. On veut absolument sortir des chapelles. Moi-même et pas mal de mes amis sommes à la fois fans de pop et de techno expérimentale. On peut adorer The Weeknd et certains groupes de black metal, sans se sentir super à l’aise dans une soirée 100% métal. Donc en plus d’être une plate-forme pour des groupes rarement programmés, on espère offrir un espace à ce public curieux. » Mais attention : ces soirées Matière Noire n’ont pas vocation à être régulières. « On veut créer une entité totalement libre, une couleur esthétique à défendre, et peu importe si la prochaine est dans deux ou six mois. Je travaille déjà dessus cela dit, potentiellement pour en faire une nuit de 14 heures composée de deux œuvres de 7 heures ». Avides de sons qui tâchent, qui grattent le tympan, parfois sombres mais toujours bruyants… Vous savez où toquer.

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